L’amour et la bonne entente ne préviennent pas les écueils du couple hétérosexuel. D’autant plus lorsque l’on décide d’avoir un bébé. L’arrivée d’un enfant fragilise à long terme l’équilibre financier de la mère, quand le père va plutôt voir ses revenus et son patrimoine augmenter. En attendant que la société évolue (un jour, qui sait ?), la naissance d’un enfant doit donner lieu à certaines mises au point qui ne sont ni agréables ni amusantes, mais qui permettront de protéger la future mère.
Après la naissance d’un enfant, les femmes s’appauvrissent
La journaliste et autrice Titiou Lecoq, spécialiste des questions sociétales et féministes, a consacré son dernier ouvrage « Le Couple et l’argent » aux finances des ménages. Son constat sans appel corrobore les différentes études parues ces dernières années : le couple hétérosexuel appauvrit les femmes, d’autant plus quand celles-ci deviennent mères. Pour le quotidien Le Monde, l’autrice dresse un état des lieux navrant :
Selon une étude de l’Insee publiée en 2019 sur les trajectoires professionnelles des femmes, celles-ci vont perdre en moyenne 25 % de leurs revenus salariaux dans les cinq ans après l’arrivée d’un enfant, tandis que les revenus des pères demeurent stables, et augmentent parfois (…) pour une promotion, on va penser au salarié qui a des enfants, car il est responsable, il doit assurer pour sa famille (…) alors que, pour la femme, ce sera exactement l’inverse : une salariée avec un enfant en bas âge est perçue comme démobilisée.
Titiou Lecoq, Le monde, 25 janvier 2023
À la naissance d’un enfant, une femme sur deux réduit ou interrompt complètement son activité professionnelle, contre un homme sur neuf.
Le sacrifice financier des mères
La société considère encore les mères comme premières responsables de l’éducation des enfants et ce rôle imposé les dissuade de saisir des opportunités intéressantes, mais exigeantes :
(…) On s’est rendu compte que les mères, dans leur recherche d’emploi, privilégient la proximité de leur domicile ou de l’école ; elles renoncent donc potentiellement à un emploi mieux payé, en se disant qu’elles doivent rester disponibles géographiquement.
Titiou Lecoq, Le Monde, 25 janvier 2023
Si les femmes ont en moyenne des revenus inférieurs à ceux de leurs conjoints et ne peuvent se permettre de se constituer un patrimoine équivalent, ce sont pourtant leurs ressources qui couvrent souvent les achats de la vie courante :
La sociologue Delphine Roy, qui a travaillé sur la répartition et le marquage de l’argent au sein du couple, a étudié les couples qui ne mettent pas l’argent en commun. (…) Même si [la femme] a un salaire moins important, elle l’utilisera d’abord pour payer ce qui fait la vie de la famille : les courses, les frais de scolarité, etc. Et le conjoint, lui, calculera combien il manque, puis complétera.
Titiou Lecoq, Le Monde, 25 janvier 2023
Poser les choses à plat avant la naissance
Loin d’être l’apanage de quelques couples toxiques, ces mécanismes insidieux nous concernent tous et toutes et les chiffres le prouvent : nous ne pouvons pas compter sur l’amour et la bonne volonté de notre partenaire.
Titiou Lecoq envisage plusieurs pistes pour rectifier le tir :
- La création d’un compte commun, destiné à recevoir l’intégralité des salaires de chacun, accompagné de deux comptes privés réservés aux dépenses personnelles, à condition que les mêmes sommes y soient versées chaque mois, peu importe les revenus.
- Un mariage sous le régime de la communauté des biens.
- Contribuer à tous les postes de dépenses, à hauteur de ses revenus. En cas de séparation, cela évite que l’un se retrouve avec une voiture quand l’autre chargé des courses se retrouve avec des emballages vides.
Pour mettre tout cela à plat, et démêler ce qui a trait au pratique et à l’émotionnel, une seule solution : en parler tant qu’il en est encore temps :
(…) D’abord : il faut interroger l’autre sur son rapport à l’argent, afin de déminer le sujet. Une fois qu’on a parlé du côté névrotique, on peut parler comptabilité. Pour cela, il faut se faire une éducation financière. Il y a des outils, des comptes sur les réseaux sociaux, des livres comme cette BD, Aux thunes citoyennes !, d’Héloïse Boll et Insaff El Hassini.
Pour ne plus s’appauvrir, attaquons le problème de front, quitte à évoquer des sujets qui fâchent et enfin mettre nos compagnons face à leurs contradictions et leurs privilèges.
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Crédit photo image de une : Ivonne Wierink
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