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Culture

Pourquoi Hunter Schafer arrête-t-elle de jouer des personnages trans pour aider la communauté queer ?

Derrière des choix de carrière radicaux, la star d’Euphoria Hunter Schafer apporte une solution éclairante à la transphobie au cinéma et dans les séries.

Révélée il y a moins de cinq ans par son rôle de Jules, un personnage trans dans l’incontournable série HBO Euphoria, l’actrice Hunter Schafer connait une popularité fulgurante à Hollywood. Or, si elle l’avait souhaité, l’actrice serait apparue dans un nombre de rôles autrement conséquents… Aux dépens de ses convictions personnelles et politiques.

« Je veux juste être une fille et enfin passer à autre chose »

Dans un entretien intéressant pour GQ, l’actrice a confié avoir refusé « des tonnes de rôles trans » après Euphoria. Plus encore, elle essaye de ne pas utiliser le terme « trans » dans ses interviews et va jusqu’à confier qu’elle ne « veut même pas en parler ».

À lire aussi : « La connaissance, c’est le pouvoir » : aux Emmy Awards, RuPaul devient l’artiste racisé le plus récompensé

Dans les colonnes de GQ, la comédienne explique que l’étiquette d’« actrice transgenre » était « finalement humiliante » pour son métier et sa carrière. Évoquant les difficultés de son passé, notamment liées à l’époque du lycée, elle a confié avoir eu une prise de conscience une fois devenue adulte et actrice :

J’ai travaillé si dur pour arriver là où je suis, après les moments très difficiles traversés lors de ma transition. Maintenant, je veux juste être une fille et enfin passer à autre chose.

Euphoria, Jules et Rue // Source : HBO
Euphoria, Jules et Rue // Source : HBO

Actrice transgenre : la menace d’être réduite à un token

Faut-il interpréter ces choix comme une désolidarisation de l’actrice envers la communauté queer ? Bien au contraire. Loin d’être dépolitisée, cette démarche est un moyen de détourner les médias de leur obsession pour sa transidentité. Elle le résume avec cette formule forte :

« Si j’acceptais cela {de ne jouer que des personnages trans}, il y aurait écrit « l’actrice transsexuelle » dans chaque article sur le film »

Ce choix de rôles est aussi un moyen de déjouer l’instrumentalisation des personnes issues de minorités parfois opérée au cinéma et dans les séries. L’actrice a fait le choix difficile d’empêcher l’industrie de la réduire à un token, ce stratagème par lequel un groupe ou un organisme a recours à une personne issue d’une minorité, dans le but de pouvoir se targuer d’être inclusif. Les personnages de token laissent souvent peu de place à l’acteur ou l’actrice pour réellement faire entendre sa voix, sa singularité, son talent.

Faire rayonner la communauté trans, sans tomber dans les pièges d’Hollywood

Cette décision n’enlève rien à son investissement pour la communauté queer, comme elle l’explique plus loin dans l’interview :

« Je sais pertinemment que je suis l’une des personnes trans les plus célèbres dans les médias en ce moment, et je ressens un sentiment de responsabilité, et peut-être un peu de culpabilité, de ne pas être davantage une porte-parole.

Mais au final, je crois vraiment que ne pas en faire la pièce maîtresse de ce que je fais me permettra d’aller plus loin. Et je pense qu’aller plus loin et faire des choses géniales, dans l’intérêt du « mouvement », sera bien plus utile que d’en parler tout le temps.

En d’autres termes, Hunter Schafer n’est pas seulement une femme trans : c’est surtout une femme et une actrice. Cette complexité mêlée à son talent est ce qu’elle possède de mieux pour faire rayonner la richesse d’une communauté systématiquement invisibilisée et niée, comme le rappelle bien l’excellent film Disclosure, disponible sur Netflix.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

1
Avatar de Mary-Sue
3 avril 2024 à 15h04
Mary-Sue
Je trouve qu'elle a bien raison. Le choix d'un acteur ne devrait pas dépendre de ce genre de critère et ce serait effectivement dommage de s'enfermer dans ce genre de rôle.
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