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Pourquoi donne-t-on toujours plus d’argent de poche à nos enfants malgré l’inflation ?

Si le SMIC est indexé sur l’inflation, l’argent de poche des adolescents augmente lui aussi chaque année. Pourtant, en période de crise, cela demande parfois un effort financier conséquent aux parents. Qu’est-ce qui explique cette augmentation constante ?

Les Français se serrent la ceinture depuis quelques années, du fait d’une inflation galopante et de salaires qui peinent à suivre. Pourtant, ils sont toujours plus généreux avec leurs enfants, augmentant leur argent de poche d’année en année. Pourquoi ?

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Une augmentation constante depuis deux ans

Selon un baromètre de la banque en ligne Pixpay, l’argent de poche des ados a augmenté en moyenne de 3 euros par an en 2023, alors qu’il avait déjà augmenté de 2 euros l’année précédente. Une enquête de l’application Kard, qui sert de compte de paiement pour les ados, montre, elle, que l’argent de poche donné par les parents de leurs utilisateurs a augmenté de 50 % en deux ans, passant de 40 euros par mois en moyenne en 2021 à 60 euros en 2023.

Scott Gordon, cofondateur de Kard interrogé par Madmoizelle, l’explique par leur base de clients qui grossit et vieillit au fil du temps, mais surtout par le contexte inflationniste. « Les parents donnent plus d’argent à leurs enfants pour contrer le coût de la vie qui augmente pour tout le monde. »

Contactée par Madmoizelle, Anne-Sophie Alsif est docteure en sciences économiques de l’EHESS, et professeure d’économie à la Sorbonne. Elle explique : « Avec l’inflation les adultes demandent une hausse de salaire, les ados aussi ! Plus sérieusement, à partir de 15 ans l’argent de poche d’un ado couvre souvent ses loisirs et son téléphone, les prix augmentent, donc l’argent de poche également. » souligne-t-elle.

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Un effort financier que les parents consentent à faire de bon cœur

Mais pourquoi les parents augmentent-ils l’argent de poche de leurs enfants alors que leur propre niveau de vie est souvent directement affecté par l’inflation, et que cette augmentation leur demande un effort financier ?

Pour Anne-Sophie Alsif, il s’agit de l’effet « cadeaux de Noël ».

« Même si le niveau de vie baisse et qu’ils traversent des difficultés financières, les parents ont tendance à se priver eux, et pas leurs enfants. On voit que le budget de Noël continue d’augmenter d’environ 10 % chaque année depuis la crise de 2020, alors que les Français subissent de fortes baisses de leur pouvoir d’achat. »

Il y a également une volonté de protéger ses enfants. « Augmenter l’argent de poche permet également au jeune de ne pas avoir le sentiment de perdre du pouvoir d’achat par rapport aux autres » ajoute-t-elle.

Scott Gordon y voit aussi l’opportunité de faire comprendre aux ados des mécanismes économiques et financiers. « Pour la quasi majorité des familles, l’argent de poche reste un outil d’éducation financière. C’est une bonne chose de faire comprendre à ses enfants l’inflation, l’augmentation du coût de la vie, et de les refléter sur l’argent de poche. »

L’argent de poche va-t-il continuer à augmenter ?

Après deux années de hausse consécutive, imputée à l’inflation, l’argent de poche des ados continuera-t-il de grimper en 2024 et 2025 ? « L’inflation va ralentir prochainement » informe Anne-Sophie Alsif, « elle devrait être à 2,7 % en 2024, et 2 % en 2025. Les prix vont continuer à augmenter mais de façon plus faible. »

Cela rejaillira-t-il donc sur le montant de l’argent de poche ? « Ce sera intéressant de voir en effet si l’augmentation de l’argent de poche des jeunes ralentit également. Logiquement, les hausses d’argent de poche devraient être moins importantes, comme l’inflation va ralentir. »

Elle souligne toutefois le sujet des jeunes qui ont quitté le foyer fiscal de leurs parents mais qui sont toujours étudiants et ne gagnent pas encore leur vie. « Il s’agit de la catégorie de personnes qui s’est le plus paupérisée depuis la crise du Covid. Même si l’inflation ralentit, dans ce contexte précis, les parents peuvent continuer à leur donner davantage d’argent. »

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Argent de poche : mode d’emploi

Pour bien faire les choses, à quel âge faut-il commencer à donner de l’argent de poche, et combien ? Anne-Sophie Alsif ne souhaite pas avancer de montant pour ne pas stigmatiser les familles qui ne pourraient pas donner autant, mais elle conseille de donner de façon hebdomadaire plutôt que mensuelle, quitte à ce que la somme globale soit plus faible. « Il faut faire en fonction de ses revenus, en gardant à l’idée que les ados n’ont pas de vrais besoins ». Leurs dépenses sont, en effet, essentiellement des achats de loisirs.

En ce qui concerne l’âge, « d’après une étude qui avait été faite dans les années 1980, l’adolescent commence à pouvoir utiliser rationnellement son argent à partir de 15 ans. Mais aujourd’hui les besoins sont différents, notamment les besoins numériques, en moyenne on commence plutôt à donner à 13 ans. »

Scott Gordon conseille, lui, de commencer à introduire son enfant à la gestion de budget dès l’âge de 6-7 ans. « Ils commencent à comprendre la valeur de l’argent, s’habituent à toucher des pièces, des billets. »

Mais en grandissant, les enfants n’ont pas forcément l’occasion d’utiliser des billets, car « beaucoup de transactions se font de façon digitale avec une carte de paiement. Les espèces ne répondent pas aux besoins des ados, c’est terminé le temps de la tirelire en petit cochon dont on ne savait pas combien il y avait dedans, et qu’on était obligés de casser. Aujourd’hui, il y a besoin d’y avoir une meilleure compréhension de son budget, et une instantanéité. »

Le cofondateur de Kard conseille de commencer par donner 10 ou 15 euros par mois à partir de l’âge de 8-9 ans, « pour familiariser à l’épargne et à la gestion de l’argent, à cet âge-là, c’est plutôt de l’épargne, car à 8 ans l’enfant ne sort pas tout seul s’acheter quelque chose ». La somme allouée peut ensuite augmenter en fonction de l’âge. « La moyenne d’âge des clients de Kard est de 13,5 ans, à 12 ans leur argent de poche mensuel est en moyenne de 27 euros, plutôt 31 euros pour les 14 ans, et une cinquantaine d’euros pour les 17-18 ans. »

Scott Gordon remarque également que l’argent de poche ne constitue pas l’intégralité du revenu des adolescents. « Chez les utilisateurs de Kard, environ 60 % des revenus proviennent des parents, le reste vient de babysitting, d’autres petits boulots, ou de revente sur des plateformes comme Vinted ».

Avec de meilleurs outils à leur disposition, et une familiarisation à la gestion de budget dès l’école élémentaire, nos enfants deviendront-ils de meilleurs gestionnaires que nous ?


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