Challengers, le dernier film de l’italien Luca Guadagnino, à qui l’on doit le culte Call me by your name, met en scène la superstar Zendaya dans un triangle amoureux qui challenge l’hétéronormativité.
À la sortie de l’adolescence, Patrick Zweig et Art Donaldson, deux amis d’enfance et joueurs de tennis, tombent sous le charme de Tashi Duncan lors d’un tournoi junior. Future grande championne dotée d’un mental d’acier, la jeune femme commence à sortir avec le volatile Patrick, avant qu’une terrible blessure ne terrasse ses ambitions d’athlète. Tashi se tourne alors avec le plus stable Art, qu’elle façonne à son image. Elle en fait un champion de tennis, se marie et a un enfant avec lui. Une dizaine d’années plus tard, alors que son mari connaît une succession de défaites, elle l’encourage à participer au dernier moment à un petit tournoi pour regagner confiance en son jeu. Le chemin d’Art et Tashi croise alors de nouveau celui de Patrick, pour un match décisif, sur fond de flashbacks de leur folle romance.
Deux amis d’enfance qui se battent pour le coeur d’une femme. De Jules et Jim à Dawson, la pop culture est truffée de ces récits où, telle une Eve des temps modernes, le personnage féminin vient saccager un jardin d’Eden masculin. Et plus rien ne sera jamais comme avant. Pourquoi un réalisateur comme Luca Guadagnino s’est-il intéressé à ce trope narratif vu et revu ? On comprend pourquoi dès les premières minutes de son film : il y avait quelque chose de queer à explorer dans ce type de dynamique, souvent narrée d’un point de vue hétérosexuel. Et il faut bien l’avouer, les histoires de désir à trois, c’est excitant. Restait à filmer celle-ci de façon moderne et moins sexiste.
Luca Guadagnino queerise le bon vieux triangle amoureux
La promotion a beaucoup joué sur le côté “sulfureux” d’un film qui s’annonçait très très sexy. Mais ceux et celles qui viendrait voir Challengers pour ses scènes de sexe risquent d’être frustrés. La grammaire érotique déployée par la caméra de Luca Guadagnino suggère davantage qu’elle ne montre. Le réalisateur a eu la bonne idée d’utiliser le tennis comme métaphore des relations sexuelles. Gouttes de sueur, gros plan ou ralentis sur les parties du corps en tension, va et vient de la balle jaune sous les yeux de Tashi, le tout sur fond d’électro (la soundtrack signée Atticus Ross & Trent Reznor participe à l’ambiance électrique)… Les matchs de tennis n’ont jamais été aussi hot que dans Challengers. Esthétiquement très réussi, le film met brillamment en parallèle les émotions fortes procurées par le tennis de haut niveau et le désir sexuel (les cris de Tashi sur les courts de tennis figurent des orgasmes).
Jeu, set et match pour Zendaya
Si la réalisation inspirée de Luca Guadagnino y est pour beaucoup dans la réussite de Challengers, il faut aussi saluer les performances de haut vol de leurs interprètes. Le film ne serait rien sans la hotness et la puissance de jeu de Zendaya. Excellente en machine de guerre accro au tennis et aux sensations fortes, qui peut se montrer très impitoyable et toxique avec son mari, l’actrice démontre toute l’étendue de son talent, quelques semaines après avoir brillé dans le blockbuster Dune 2.
Dans le rôle de Patrick, Josh O’Connor (révélé au grand public dans The Crown) est tout aussi irrésistible. On note au passage que le personnage “hot mess”, qui n’a pas percé dans le tennis de haut niveau et n’a pas un rond, est bisexuel. Un peu cliché, mais si bien joué par l’acteur ! Au milieu de ces deux interprètes magnétiques, Mike Faist fait ce qu’il peut pour atteindre leur charisme, sans y arriver complètement. Son alchimie avec Josh O’Connor, notamment lors d’une scène de sauna homoérotique où leur dynamique de pouvoir se dévoile, sauve ce personnage un peu plus fade que les deux autres.
Comme promis, Challengers est le film le plus hot de l’année, mais pas parce qu’il contient des scènes de sexe “sulfureuses”. Toute la sensualité du film repose sur l’installation d’une ambiance électrique et passionnelle entre les protagonistes et cette métaphore filée avec le tennis comme fluidité du désir.
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