Le métier d’enseignant n’a plus la cote. Depuis une dizaine d’années, l’éducation nationale traverse une crise sans précédent et déplore une pénurie de personnel éducatif alarmante. En cause ? Des conditions de travail difficiles et des objectifs en inadéquations avec les moyens et les salaires accordés. Dans un article publié ce matin sur Le Monde, des professeurs témoignent toutefois de l’amour de leur métier et partagent ce qui leur permet de rester motivés.
Alors, qu’est-ce qui fait tenir les enseignants en 2023 ?
La crise enseignante et le ras bol des professeurs
Jean-Michel Blanquier s’était engagé à « Rendre le métier d’enseignant plus attractif » lors du dernier Grenelle de l’éducation. Deux ans et un nouveau ministre plus tard, la situation continue de se dégrader et le concours d’enseignant de 2023 affiche une baisse d’inscrits de 38 % par rapport à 2021. Pour le Capes, cette baisse est de 21 %.
Les enseignants du primaire et du secondaire alertent depuis longtemps sur le peu de moyens et de considérations réservés au métier de l’enseignement. J., professeure des écoles en maternelle et dans le primaire, liste les nombreux dysfonctionnements qui peuvent rebuter les nouveaux professionnels. À commencer par le manque de formations dédiées : un an pour les élèves stagiaires et les nouveaux titulaires, et 12 jours pour les détenteurs d’un Master MEEF ou les anciens contractuels qui réussissent le concours. Les enseignants se sentent lâchés dans la nature, et doivent composer avec des effectifs qui ne cessent de grimper et des attentes toujours plus importantes :
Mes collègues devaient faire la classe à 29 élèves de petite section, parfois seules en cas d’absence d’ATSEM. Ce n’est plus de l’éducation, c’est de l’élevage en batterie. Il y a une inadéquation entre les attentes toujours plus fortes de l’institution et les moyens mis à notre disposition.
Si les conditions de travail sont éprouvantes, le salaire n’est pas à la hauteur. Par exemple, un stagiaire ne touche que 1500 euros la première année, malgré un diplôme Bac+5.
Les conditions de travail ne se dégradent pas que pour les profs, mais on travaille devant des êtres humains en construction, pour l’école publique… Symboliquement, c’est révoltant.
Crise des écoles : quand les enseignants s’accrochent
Selon le baromètre des métiers annuel de l’UNSA, seul un quart des enseignants recommanderaient ce métier aux futurs professionnels. Ils sont pourtant presque huit sur dix à être heureux de l’exercer et sept sur dix à trouver du sens à leur mission. Les témoignages de professeurs publiés sur Le Monde évoquent avant tout la richesse de la relation avec les élèves. Leur curiosité, leurs apprentissages et leur reconnaissance continuent d’enchanter leurs enseignants, comme l’explique J. :
Ce qui fait tenir, c’est qu’en classe, on assiste à des moments magiques et de grandes victoires. C’est un métier extrêmement créatif. Organiser le cadre, les savoirs, observer (…) c’est incroyable.
Pour supporter un système dysfonctionnel et opaque, ces enseignants ont leurs propres stratégies. Création de projets culturels, formations (sur le temps libre), si les moyens alloués sont insuffisants, les professeurs se débrouillent. Certains rejoignent même des associations, par exemple le Cercle de recherche et d’action pédagogiques, pour générer leurs propres ressources et s’organiser. J., elle, a choisi de militer au sein du syndicat CGT Educ’action :
Il faut toujours penser collectif et ne pas rester isolés. Ce qui me fait tenir aussi, c’est d’être syndiquée et d’être dans la lutte pour changer les choses plutôt que dans la résignation ! C’est la force du collectif !
Si les enseignants sont encore nombreux à s’impliquer auprès des élèves, la crise de foie guette même les plus motivés d’entre eux. Espérons donc que ces vocations seront enfin reconnues à leur juste valeur.
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