Si tu connais ne serait-ce qu’un petit peu le milieu du porno, le pseudo Katsuni doit t’évoquer des choses.
La championne de 38 titres dans le porno a laissé une grande empreinte dans l’industrie des films pour adultes, et même si elle a quitté ce milieu depuis plus de 7 ans, l’étiquette qui lui colle à la peau a mis du temps à arrêter de la gratter.
Céline Tran, de Sciences-Po au porno
Dans un TED organisé par l’École Centrale de Lyon, elle revient sur ses débuts de carrière, sur ses choix, ses doutes, son besoin constant de se réinventer et d’apprendre toujours plus, en faisant fi de ce qu’on peut penser d’elle.
Dans cette vidéo, j’ai appris de nombreuses choses sur sa carrière, n’ayant jamais vraiment cherché à connaître qui était Céline, en dehors de la star du porno qu’on connaît tous ou presque.
Ainsi, j’ai découvert qu’elle avait débuté des études à Sciences-Po, et qu’elle avait préféré plonger volontairement dans le milieu du X, par curiosité, par envie de se découvrir et pour l’expérience.
Comme elle le dit très justement :
Apprendre à se connaître, ce n’est pas héroïque, mais ce n’est pas honteux.
Loin des histoires dramatiques que l’on peut souvent entendre autour de cette industrie, elle nous raconte qu’elle a aimé ce milieu, qu’elle s’y est sentie appréciée, respectée et qu’on ne l’a jamais forcée à plonger tête baissée dans ce métier qui l’attirait.
Après quelques années, après avoir pu profiter de la notoriété de son métier, à avoir pu prendre du plaisir dans ce qu’elle faisait et pas seulement d’un point de vue sexuel, elle s’est rendue compte qu’elle avait réussi à se convaincre d’être une Wonder Woman du X, qu’elle avait réussi à se fondre dans le personnage et le rôle qu’elle avait crée.
Pour l’enfant et l’adolescente timide qu’elle avait été, c’était une belle revanche.
Le porno à l’ère d’Internet
Mais sa vision du porno a commencé à changer, lorsque Internet a explosé, et que ses vidéos ont pu être visionnées par un public qui n’était pas ciblé initialement.
Elle explique que les vidéos porno, avant Internet, étaient une histoire d’adultes. Maintenant que tout le monde y a accès, même les enfants, ça ne lui convient plus. Elle ne voulait plus tourner des scènes formatées par l’obsession de générer du trafic, et a préféré arrêter.
Mais cet arrêt lui fait se poser des questions : « est-ce que je suis capable de faire et d’être autre chose ? »
Cette période d’introspection et d’arrêt du porno coïncide également avec le fait que, dans sa vie privée, elle est amoureuse et a un désir d’enfant
. Elle veut que son corps et sa sexualité redeviennent intimes. Elle est à l’écoute de ce qu’elle ressent, et décide de tout plaquer et « de se rhabiller ».
Arrêter le porno, et continuer à exister
Après la traversée d’un « état de crise », elle réalise que sa carrière dans le porno n’était qu’un échauffement, mais qu’elle souhaite continuer à exister sans être Katsuni. Elle passe par de nombreuses périodes de doutes, n’a pas confiance en elle, déclare même ne pas savoir draguer. Elle se demande :
Il n’y a plus Katsuni, est-ce que Céline va suffire ?
Elle doute même de sa sexualité : elle sait comment faire sur un plateau, mais est-ce qu’elle saura faire l’amour dans l’intimité ?
L’arrêt du porno a été effrayant pour Céline, et son étiquette de star du X lui colle à la peau. Et en même temps, elle y puise sa force, sa stimulation, et voit tout cela comme une renaissance.
Elle se pose une question :
Qui me force à rester dans un système où il faut séduire pour exister ?
Elle est bien plus qu’une étiquette.
L’arrêt du porno, et son désir d’entreprendre
Dans son désir de se réinventer, Céline Tran enchaîne les formations, découvre plusieurs nouvelles activités, s’inscrit dans une école de cirque, prend des cours de karaté, décroche un rôle dans une série, et s’essaye en tant qu’actrice. Elle veut devenir comédienne, mais « avec du dialogue et des vêtements ».
Suite à une blessure au pied, elle doit interrompre un tournage qui l’aurait peut-être aidé à toucher ce nouveau rêve. Et elle doit faire face aux réflexions qui reviennent, et qui la touchent en tant que femme, sur son âge, sur sa précédente carrière, et même sur ses origines.
Elle entend de nouveau des réflexions lui disant de « ne pas se faire d’illusions ». L’étiquette est toujours là, et elle lui gratte la peau.
Après une période à vide où elle n’arrive plus à se projeter, elle rebondit. Elle monte un numéro de tissu aérien à Paris, entreprend une formation de yoga, écrit un livre pour tirer le meilleur de son passé, et pour écrire la suite de sa vie.
Elle apprend à se détacher de la recherche permanente de résultats.
Céline Tran, l’arrêt du porno et le jugement des autres
Elle apprend à aborder le corps différemment, à lâcher prise, avec bienveillance. Elle donne des conseils à ceux qui lui en demandent sur la sexualité, mais en se focalisant sur le rapport à soi, à l’estime qu’on se porte ainsi qu’à l’estime qu’on porte à son propre corps.
Elle veut prouver qu’on peut être libre mais responsable, et que c’est à nous de prendre soin de notre enveloppe.
Concernant les réflexions et les jugements qu’elle continue de recevoir, elle pose cette question :
Si une partie de votre passé vous paraît détestable et qu’on vous la reproche, dites-vous que ça vous fera un excellent engrais. La question étant : que voulez-vous faire pousser ?
Rien n’est immuable, et Céline Tran le prouve. Son corps, ses choix. Elle sait qui elle est, et je ne peux que lui souhaiter de réussir de vivre sa vie comme elle l’entend, loin des jugements.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.