On en entend parler depuis des mois déjà.
Le nouveau film d’Audrey Diwan, qui avait déjà ébloui la France en 2018 avec le poignant Mais vous êtes fous, s’est fait une réputation à l’international, en remportant notamment le Lion d’or à la Mostra de Venise.
Succès mérité pour cette adaptation du récit d’Annie Ernaux, d’ores et déjà en salles.
L’Évènement, de quoi ça parle ?
À l’origine, il y a une histoire vraie.
Celle d’Annie Ernaux qui, à 23 ans, a dû avorter clandestinement, au milieu des années 60, car elle rêvait de devenir plutôt écrivain que mère.
Ainsi, L’Événement raconte le délaissement total de son héroïne, perdue dans les couloirs d’une pratique à l’époque illégale (la loi Veil n’arrivera qu’en 1975), et la solitude inhérente à la clandestinité de la pratique.
Par mesure de sécurité, Anne ne confie même pas sa situation à sa mère, et ne peut se reposer que sur l’épaule des ses deux meilleures amies : Hélène et Brigitte. Autant dire que la situation est brutale pour la jeune femme, d’autant qu’à chaque semaine qui passe sans qu’elle puisse interrompre sa grossesse, son ventre continue de s’arrondir…
L’Événement est donc une incursion terrifiante dans le passé, agissant comme le douloureux rappel que nos libertés, même aujourd’hui, demeurent fragiles.
L’Événement, le film qui propulse sa réalisatrice
L’Évènement, c’est une histoire qui concerne les femmes. Il revenait donc à une réalisatrice de s’atteler au projet et personne n’aurait pu mieux le faire qu’Audrey Diwan, connue pour son écriture et son œil sensibles.
Dans ce film tourné caméra à l’épaule, dans un style naturaliste qui permet une image « à l’os », rien n’est superflu, tout n’est qu’émotion brute.
Ce qui est bien sûr le fait de sa créatrice mais aussi de l’incroyable Anamaria Vartolomei, déjà vue dans Just Kids et L’Échange des princesses, qui s’assure avec ce rôle principal une ascension évidente dans le cinéma français.
Avec L’Évènement, Audrey Diwan donc rentre dans le cercle très restreint des réalisatrices primées lors de grands festivals internationaux, et succède cette année à Julia Ducournau, qui a remporté la Palme d’or à Cannes pour Titane.
Deux sacres historiques qui prouvent bel et bien que les femmes aussi réalisent, et qu’il serait temps de leur confier davantage de projets.
S’il fait si bon voir des femmes — qui plus est des Françaises — remporter des prix si prestigieux, c’est qu’elles ont longtemps été trop rares, ces réalisatrices à être couronnées pour leur talent.
Les académies régissant les grandes compétitions internationales étant peuplées de vieux croulants bien décidés à rester entre eux, le cercle des femmes sacrées pour leur travail de réalisatrice a donc longtemps été très fermé.
Tristement ironique quand on sait que ce sont précisément les femmes qui ont été les pionnières d’Hollywood dans les années 1910 !
Ainsi, 2021 porte plus que jamais les marques de cette lutte pour davantage de parité et de considération. En témoigne la rafle par des femmes des trophées les plus prestigieux dans les festivals d’ici et d’ailleurs.
En témoignent les thématiques dont elles s’emparent aussi, violentes et viscérales, qui retracent notre histoire et préparent un futur qu’on espère moins effrayant.
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