Transformer son indignation en action positive. Ce mantra est le message central du podcast Les Mariannes, lancé en avril 2021. Porté par Laurie Théron, il propose une immersion auditive dans le paysage de l’activisme et de la politique au féminin.
« Au fil des épisodes, vous serez, je l’espère, revigorées par l’audace, la détermination, la colère et la force de mes invitées » clame Laurie Théron au début de chaque épisode d’environ 40 minutes.
Cette féministe passionnée de podcasts est collaboratrice parlementaire au Sénat depuis cinq ans ; le premier confinement l’a convaincue de partir, micro à la main, à la rencontre de femmes élues, d’activistes ou de cheffes de projet à impact positif. Apartisan, Les Mariannes porte un objectif bien précis :
« Encourager d’autres femmes à prendre leur place dans tous les espaces de la vie publique. »
Faire émerger de nouveaux role models
Depuis le 21 avril 1944, les Françaises peuvent voter et sont éligibles au même titre que les hommes. Cinquante-sept années plus tard, la parité n’est toujours pas la norme dans les sphères de pouvoir — et ce malgré plusieurs lois visant à la renforcer.
En 2021, les femmes ne représentent que 19,8% des maires élus ; en juin 2020, elles ne sont que quatre à être présidentes de région et 224 à être députées, sur 577 sièges (38%) — ce qui est tout de même un record.
L’Élysée reste l’apanage des hommes et aucune femme n’a été présidente de la République en France.
Au Sénat, Laurie Théron évolue dans ce milieu politique encore très masculin et gangréné par le sexisme. Elle raconte à Madmoizelle :
« J’ai vite compris qu’il fallait s’entourer de femmes pour parvenir à évoluer professionnellement ; j’ai moi-même suivi un programme de mentoring grâce à un réseau féminin et je voulais rendre la pareille. »
À travers ce podcast, elle souhaite « faire émerger de nouveaux role models et décortiquer les codes du milieu politique » pour inspirer ses auditrices.
Le projet audio met la sororité à l’honneur, et chaque invitée est amenée à partager son expérience face au patriarcat en politique. Dans le deuxième épisode, Laurie Théron a par exemple accueilli Pauline Rapilly-Ferniot, conseillère municipale EELV à Boulogne-Billancourt. L’élue de 25 ans avait fait parler d’elle car elle avait été interrompue par l’édile de la ville, qui a coupé son micro en plein conseil municipal, alors qu’elle dénonçait des agissements sexistes.
Au micro de Laurie Théron, elle affirmait :
« Il faudrait que les élus bénéficient de formations sur les violences sexistes et sexuelles et que les femmes élues continuent de bousculer ce milieu. On a tout à gagner à affirmer qu’être une femme en politique, c’est faire de la politique différemment, de manière plus horizontale. »
L’engagement, une affaire de femmes
Les femmes sont encore sous-représentées en politique et pourtant, elles sont partout. « L’idée c’était aussi de sortir de l’entre-soi parisien et de montrer que des femmes se bougent sur tout le territoire, de différentes manières », commente Laurie Théron, elle-même originaire de Cahors (Lot).
Parmi les invitées du podcast : Anaëlle Marot, une aventurière partie de Marseille à vélo pour ramasser des déchets autour de la Méditerranée dans le cadre du Projet Azur ; trois membres du collectif toulousain Sororistas, à l’initiative d’un concours d’écriture pour les femmes de la francophonie ; ou encore Lucile Peytavin, historienne et autrice de l’essai Le coût de la virilité.
Toutes sont des Mariannes, « des femmes puissantes qui font la politique », selon la définition de Laurie Théron. Car l’engagement n’est pas plus masculin que féminin, au contraire.
Une étude de 2018 réalisée par Mintel (une société d’études de marché) en Grande-Bretagne a par exemple montré que 71% des femmes interrogées avaient adopté un mode de vie plus éthique que l’année précédente, contre 59% des hommes, par exemple. Un gender gap qui rappelle la charge environnementale portée par les femmes, alors même que la répartition des tâches ménagères est toujours inégalitaire — et ça, Laurie Théron le sait bien.
« Je demande également à mes invitées de me raconter comment elles conjuguent leur engagement avec leurs vies professionnelle et personnelle. Le podcast s’adresse aussi aux hommes, pour qu’ils se rendent compte des réalités qu’elles vivent. »
Rendez-vous en 2022
Pour l’instant, Laurie Théron n’a pas eu de retour de la part d’hommes politiques sur son projet.
« L’audience est surtout féminine et a entre 25 et 35 ans. Il y a des femmes politiques ou membres d’associations, curieuses des expériences et conseils partagés, mais aussi des femmes qui s’interrogent, qui aimeraient se lancer en politique. »
La fondatrice des Mariannes profite de l’été pour préparer de nouveaux épisodes, dont un sera consacré au cyberharcèlement — « c’est un phénomène qui touche beaucoup de femmes élues ou engagées et l’idée serait de transmettre des ressources pour réagir face à cela », explique Laurie Théron. D’autres thématiques comme la protection de l’environnement et les droits des personnes LGBTQI+ seront aussi abordées.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2022, la conseillère parlementaire aimerait aussi renforcer l’aspect mentoring de son projet ; elle a d’ailleurs reçu le collectif de préparation à la vie politique Investies dans le dernier épisode du podcast.
« La suite arrive, comme la relève. Rendez-vous en 2022. »
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