La parole se libère, mais les violences ne cessent pas. C’est le triste et révoltant constat que l’on peut faire en prenant connaissance des chiffres des violences conjugales : en 2022, la police et la gendarmerie ont enregistré plus de 244 000 victimes de violences conjugales, en grande majorité des femmes, dont les agresseurs se trouvaient être en grande majorité des hommes. Un chiffre en hausse de 15 % par rapport à 2021, qui représente plus du double de celui de 2016.
Bien sûr, ces chiffres augmentent à mesure que la parole se libère. Mais comment expliquer que les féminicides continuent de s’accumuler, trois ans après un Grenelle des violences conjugales qui, s’il a été un échec, aura permis de lever le voile sur l’ampleur des besoins nécessaires à la lutte contre ces violences ?
Après les grandes déclarations, où sont les actions ?
« Il nous faut 2,6 milliards d’euros, former les enfants, les jeunes ados à la non-violence et au consentement » explique Jessica Suzes, membre de la coordination nationale de #NousToutes, sur Madmoizelle.
Mais après les grandes déclarations d’un gouvernement qui semble éloigné de ces considérations vitales pour toutes les femmes, où sont les actions ? Les associations et collectifs attendent, sans rien voir venir, et le décompte ne cesse de grossir.
Rien qu’entre le 1er et 18 octobre, huit femmes sont décédées des suites de violences liées à leur genre. Elles s’appelaient Séverine, Loana ou encore Assunta. C’est une femme presque tous les deux jours. Et c’est bien trop.
Alors, comment garder espoir, alors que la lutte semble parfois vaine et que le monde est de plus en plus anxiogène ?
Dire les mots pour qu’ils soient entendus
Parce que cette lutte est juste et que, si la route est longue, elle est aussi pavée de lumière : celle que seuls les mots font naître. Ceux de journalistes, de militantes, de penseuses, à l’instar de Laurène Daycard, qui écrit depuis de nombreuses années sur le sujet des féminicides, notamment sur Madmoizelle, et dont le travail formidable contribue à les visibiliser.
Le travail de Rose Lamy, qui éclaire par son regard pointu et intraitable les biais du traitement médiatique des féminicides, mais aussi ceux de notre société, qui font naître des « monstres », que l’on voudrait croire issus de contes pour enfants, quand ils font bel et bien parti de notre entourage. Et bien sûr les mots de survivantes, de femmes qui ont le courage de prendre la parole pour mieux la donner, et la libérer.
Tous ces mots, il faut les dire pour qu’ils soient entendus. Voilà pourquoi il est important de continuer à battre le pavé, et pourquoi il faut aller marcher ce samedi 25 novembre.
« Il faut venir parce qu’il est important de montrer plus que jamais que la rue nous appartient, que nous sommes nombreuses et déterminées. La peur va changer de camp, et ça commence maintenant, tous·tes ensemble le 25 novembre » tonne Jessica Suzes de #NousToutes. On ne saurait mieux dire.
Samedi 25 novembre, Madmoizelle ira marcher pour lutter contre les violences faites aux femmes. Et vous, vous venez ?
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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