Le cynisme ne connaît pas de limite. Lundi 1er-mai, se tenait, comme chaque année, la journée internationale des travailleurs. Pour l’occasion, le gouvernement d’extrême droite italien de Giorgia Meloni en a profité pour retirer certaines prestations sociales soutenant ses citoyens les plus précaires.
« Faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas »
La droite italienne a ainsi annoncé faire sauter le « revenu de citoyenneté », destiné à soutenir les personnes les plus modestes résidant en Italie depuis plus de dix ans et sans critère d’âge, pour le remplacer par « le chèque d’inclusion », réservé aux familles composées de personnes présentant un handicap, de mineurs ou de plus de 60 ans.
Ce chèque, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2024, sera plafonné à 500 euros mensuels, auxquels pourront s’ajouter 280 euros si le ménage concerné n’est pas propriétaire de son logement. Il sera distribué au maximum 18 mois, et pourra être renouvelé pour un an après une carence d’un mois. « Nous réformons le revenu de citoyenneté pour faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas » s’est justifié Giorgia Meloni, auprès de l’AFP.
Le revenu de citoyenneté avait permis, depuis son instauration en 2019, de sortir plus d’un million de personnes de la précarité, comme le rappellent nos confrères du Monde : « En 2022, il a bénéficié à 1,6 million de foyers, soit près de quatre millions de personnes, avec une allocation moyenne de 550 euros, d’après les données de l’INPS, l’organisme italien de Sécurité sociale. »
Cette réforme introduit par ailleurs un « instrument d’accès à l’activité » professionnelle obligatoire pour les personnes jugées aptes à travailler : ces dernières devront souscrire à des formations ou à des « projets utiles à la collectivité », et seront indemnisés à hauteur de 350 euros mensuels pendant un an maximum. Dans un même effort de pousser les contrats précaires, le gouvernement italien a aussi évoqué des mesures d’assouplissement des embauches pour les CDD, et « l’exonération des cotisations patronales pendant un an pour les entreprises qui recruteraient des bénéficiaires du nouveau chèque d’inclusion », comme le relate Le Monde.
« Un gouvernement sérieux ne se réunit pas le 1er mai pour condamner les jeunes à la précarité à vie »
Les critiques n’ont pas tardé à pleuvoir, dénonçant une « insupportable provocation ». « Un gouvernement sérieux ne se réunit pas le 1er mai pour condamner les jeunes à la précarité à vie, annihilant leur rêve d’avoir un logement et des enfants », a ainsi fustigé Giuseppe Conte, président du Mouvement 5 étoiles et ancien premier ministre, dont le parti était à l’origine du revenu de citoyenneté. Les syndicats ont, quant à eux, mis en garde contre une aggravation de la précarité.
Elly Schlein, récemment élue à la tête du Parti Démocrate et porteuse d’un nouvel espoir pour la gauche, n’a pas mâché ses mots dans les colonnes de La Stampa, le grand quotidien de Turin. Pour l’opposante, ces nouvelles mesures, qui faisaient partie des promesses de campagne, visent à « combattre les pauvres plutôt que la pauvreté ».
Cet article est co-financé par le programme Erasmus+ de l’Union européenne.
Check-Europe c’est quoi ? Un projet européen visant à donner les clés de compréhension à ses citoyens afin qu’ils puissent non seulement identifier les fake news, mais aussi devenir des acteurs à part entière de la lutte contre celles-ci.
Ce projet fait d’autant plus sens en prévision des élections européennes qui se dérouleront du 6 au 9 juin 2024 et qui nous concernent tous en tant que citoyen.
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Les Commentaires
Dans tous les cas, le futur pour les acquis sociaux ne semble pas terrible dans nos deux pays...