Jeudi 28 octobre, quatre acteurs du site français French Bukkake ont été mis en examen pour viols commis lors de tournages de films pour adultes. Trois des performers mis en cause ont été placés en détention provisoire.
Cette décision du juge d’instruction fait suite à une enquête visant spécifiquement la plateforme en question, qui avait été fermée en 2020. Pour le moment, plus de 50 actrices victimes ont pu être identifiées.
Une première en France
L’an dernier, le site French Bukkake avait déjà été mis en cause quand l’acteur, producteur et réalisateur Pascal OP avait été poursuivi pour « blanchiment de proxénétisme aggravé et blanchiment de fraude fiscale », et pour « travail dissimulé ».
Sur la plateforme pour adultes, fermée sur réquisition judiciaire l’an dernier, les vidéos montraient principalement une femme à la merci d’un groupe d’hommes qui pratiquaient sur elle le bukkake — pratique consistant à éjaculer collectivement sur le visage d’une seule personne.
Cette fois-ci, et pour la première fois dans l’Hexagone, ce sont quatre acteurs de la plateforme qui ont des démêlés avec la justice et sont poursuivis pour viols lors de ces tournages. Parmi les accusés, les acteurs Eddy Blackone et Tonio Love.
Ces mises en examen ont été rendues possible grâce aux gendarmes de la section de recherches de Paris qui ont décelé que certaines actrices ne semblaient pas toujours consentantes.
Le reporter Vincent Vantighem rapporte d’ailleurs sur Twitter :
« Dès 2018, certaines vidéos avaient été signalées sur les réseaux. Sur l’une d’elle, on pouvait apercevoir une jeune femme crier “J’en peux plus” avant de pleurer et de se mettre en position fœtale sur le sol. […]
Selon nos informations, [les acteurs mis en examen] se sont défendus en expliquant aux juges qu’ils pensaient que le consentement des actrices avait bien été recueilli avant le tournage et qu’il figurait sur un contrat. »
« Ça fait le ménage »
En tout, les enquêteurs ont pour le moment pu identifier plus de 50 actrices victimes de viol. Plus de 20 d’entre elles se sont constituées parties civiles.
Lorraine Questiaux, avocate de plusieurs d’entre elles, rapportait à l’AFP :
« Ce qui a été commis sur ces plateaux de tournage, ce sont des viols et donc chaque acteur ayant participé à ces scènes peut être inquiété pour des faits de viol aggravé, voire torture et actes de barbarie »
Cette affaire relance la question du consentement sur les plateaux de tournage de porno mainstream. La réalisatrice suédoise Ninja Thyberg, qui vient de sortir Pleasure, un film sur les coulisses de l’industrie nous avait d’ailleurs confié son opinion sur le sujet :
« Ça ne suffit pas de faire signer un contrat de consentement aux acteurs et actrices avant de tourner, il faut vraiment s’assurer que tout le monde soit à l’aise à tout moment. »
En avril dernier, l’avocat Matthieu Cordelier avait co-rédigé une charte déontologique de la production X commandée par Dorcel et disponible en ligne. On peut notamment y lire :
« L’ensemble des professionnels s’engage à proscrire toute pratique portant atteinte à la dignité humaine, toute forme de maltraitance physique ou psychologique ainsi que toute forme d’humiliation et de discrimination. […]
Le consentement des acteurs et actrices quant aux pratiques sexuelles doit être clair, préalable, libre et éclairé »
Malgré les recommandations du texte, encore trop de producteurs choisissent d’ignorer ces bonnes pratiques sur leurs plateaux. Un fait que regrette Nikita Bellucci, actrice, réalisatrice et productrice de films pour adultes, qui déclare avec soulagement à l’AFP :
« C’est très bien, ça fait du ménage ! Tout le monde a un comportement d’autruche […] Il faut arrêter de se cacher en disant “le réalisateur a dit que c’était consenti donc je le fais”. »
D’autres investigations ont été ouvertes pour enquêter sur d’autres plateformes X un peu partout dans le monde. En attendant, si vous souhaitez continuer à prendre du plaisir en regardant des vidéos de cul, sachez que des plateformes indépendantes et féministes proposent des contenus payants beaucoup plus éthiques !
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Crédits photos : Kindel Media (Pexels) / capture d’écran de la charte déontologiquede la production X par Liza Del Sierra, Alexandre Duclos et Me Cordelier
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