Depuis qu’on est gosse, les magazines féminins et autres émissions de télévision nous pompent l’air avec les régimes, nous forçant à croire qu’être belle et heureuse, c’est être mince.
Désormais, la société, grâce au travail de pédagogie des mouvements féministes, déconstruit peu à peu ce fameux idéal de minceur, pour promouvoir toutes les beautés, et tous les poids.
Qu’il en soit donc fini de ces régimes qui nous les ont donc bien pété pendant des années. Mais allez, on veut bien faire une petite exception pour celui élaboré par le Dr. Abraham I. Friedman, dont la théorie a fait un carton dans les années 70 : le sexe.
Dr. Abraham I. Friedman, gourou de la minceur par le sexe
Il en faut parfois peu pour qu’une idée saugrenue devienne quelque chose à la mode.
Prenez ce bon vieux Dr. Abraham I. Friedman, gastroentérologue et star de son monde, qui a sorti le 1er avril 1972 un bouquin intitulé How Sex Can Keep You Slim (Comment le sexe peut vous permettre de rester mince).
Sa date de parution pourrait laisser croire à une blague, surtout au regard de notre époque actuelle qui tend à défaire les diktats de la minceur, mais que nenni, le livre du Docteur avait pour velléité d’être tout ce qu’il y avait de plus sérieux.
Friedman avait ainsi expliqué au Miami Herald :
« Il y a 10 ou 15 ans, j’ai réalisé qu’un grand pourcentage de personnes obèses se goinffraient en raison de problèmes émotionnels. Ils utilisaient la nourriture parce qu’ils étaient frustrés, or la plupart de leurs frustrations étaient d’ordre sexuel. »
Un discours résolument grossophobe, dont la démonstration a pourtant semblé assez convaincante aux gens pour faire un carton en librairies.
Quand il fut demandé à Abraham I. Friedman d’où lui venait cette théorie, il répondit par un seul exemple : une jeune femme nommée Sally.
« Elle a développé un désir ardent pour les sucreries après que son premier mari est mort. Elle a arrêté d’être un bec sucré lorsqu’elle s’est remariée, mais s’est plus tard plongée dans la junk food quand son second mari s’est mis à souffrir de problèmes de coeur et qu’ils ne. pratiquaient plus d’activité sexuelle. »
Pour résumer, Friedman prétendait que les « gens comme Sally » substituaient le sexe et l’amour par la nourriture.
Évidemment, ces allégations sans fondements sont hasardeux, grossophobes et ne prenaient absolument pas en compte les dizaines d’autres facteurs potentiels (comme juste l’envie de manger ce qu’elle voulait) qui avaient pu plonger Sally dans la junk food.
En tout cas, Friedman encourageait donc, pour contrer l’obésité, de s’envoyer en l’air sans retenue, tout le temps, partout et avec qui l’on veut.
Personnellement, on aime l’idée de ken dès qu’on le souhaite tels de ravissants lapins, mais il conviendrait de le faire par plaisir et non pour maigrir.
Rappelons quand-même, pour un peu de contexte, que dans les années 70, la mode était à la dégaine casual. Suprématie du jean taille-haute, t-shirts moulants qui laissent voir le nombril, chaussures plates : la mode est certes au cool, elle n’en demeure pas mois bourrée d’injonctions.
En effet, déjà à l’ère hippie, la femme décrite comme « idéale » par les magazines était mince.
N’importe lequel des régimes, même le plus saugrenu qui soit, pouvait donc prétendre au titre de best-seller.
Parce que la société grossophobe ne date pas d’hier.
En tout cas, baisons, mais baisons pour les bonnes raisons !
À lire aussi : Oh yeah ! Barbara Butch présente Extra large, un film contre la grossophobie qui donne envie
Crédit photo à la Une : Dainis Graveris via Unsplash
Les Commentaires