Le 24 septembre, M6 diffusera « Un silence si bruyant », documentaire signé par Emmanuelle Béart et co-réalisé par la réalisatrice Franco-ukrainienne Anastasia Mikova.
Dans ce film, Emmanuelle Béart brise 40 ans de silence autour de l’inceste dont elle a été victime pendant quatre ans, entre ses 11 et ses 15 ans. Si elle a précisé qu’il ne s’agissait pas de son père, le chanteur Guy Béart, l’actrice a choisi de ne pas révéler l’identité de l’agresseur. Au micro de RTL, elle a expliqué son choix :
« Parce que ce n’est pas le sujet du film, parce que ce n’est pas un film de règlement de compte. Il n’y a pas à donner le nom de cette personne sur la place publique, c’est pas à ça que j’ai eu envie de m’attaquer. »
En 2023, son film et ses propos sont particulièrement salutaires.
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« Si on est très à l’écoute, on se rend compte que l’enfant parle avec d’autres mots. »
Les chiffres d’Ipsos sont sans appel. En France, environ 6,7 millions de personnes confient avoir été victimes d’inceste. Ce chiffre équivaut à 1 Français sur 10 ou à 3 élèves, dans une classe qui en compterait 30. L’inceste est un fléau collectif. C’est ce que rappelle le film d’Anastasia Mikova et Emmanuelle Béart dans sa forme même, en choisissant de suivre le parcours de trois femmes et un homme, tous victimes d’inceste dans leur enfance.
Le film est enrichi du témoignage d’Emmanuelle Béart, qui frappe par son courage et par la clairvoyance de ses propos. Prolongeant son travail de sensibilisation et de pédagogie, notamment au micro d’Amandine Bégot sur RTL, dont elle était l’invitée ce jeudi 14 septembre et où elle a livré une prise de parole nécessaire :
« Il faut imaginer que l’inceste, c’est un pouvoir sur un plus faible. L’inceste, c’est un acte de domination qui passe par le sexe. C’est une façon de nier, d’écraser le plus petit, donc l’enfant. Donc c’est bouche cousue.
Il est très très difficile pour un enfant, qui est isolé par la personne qui lui fait subir ces violences sexuelles incestueuses, isolé et silencieux la plupart du temps. Mais, l’enfant parle, moi j’en suis convaincue. Peut-être pas avec des mots qui rentreraient dans un cadre juridique, mais si on est très à l’écoute, on se rend compte que l’enfant parle avec d’autres mots. »
Hormis sa grand-mère, les proches d’Emmanuelle Béart ne l’ont pas aidée
Au micro de RTL, l’actrice de Manon des sources a raconté le double silence qui touche un enfant victime d’inceste. Même s’il surmonte l’impossibilité de parler, il peut être confronté à la passivité de ses proches. C’est ce qu’a subi Emmanuelle Béart, qui confie dans le documentaire avoir été aidée par sa grand-mère :
« Je ne suis pas sûr qu’elle comprenne, mais instinctivement, elle se dit qu’il faut en parler à mes parents et qu’il faut que je parte de l’endroit où je suis. (…) Je lui ai dit la vérité. Je lui ai dit exactement ce qui s’était passé pendant quatre ans. J’ai donné des détails. »
Mais, chez d’autres proches, Emmanuelle Béart n’a trouvé ni écoute ni soutien :
« J’ai parlé dans mon cercle intime mais je voyais que cela n’imprimait pas, j’avais l’impression que les gens n’entendaient pas et oubliaient très vite ce que j’avais dit ».
Dans ce témoignage aussi douloureux que révoltant, Emmanuelle Béart est revenue sur une vie d’adulte affectée par un profond traumatisme : « Je tombais, je tombais fréquemment », confie-t-elle, racontant un quotidien marqué par des « nuits blanches » et par la prise de « somnifères ».
Confiant avoir « eu envie d’en crever pendant longtemps », l’actrice a évoqué son documentaire comme un « outil » : « je pense que maintenant j’ai vraiment le droit d’avoir envie de vivre », affirme-t-elle.
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Les Commentaires
Les faits divers de ce genre le prouve bien: TW inceste réseau familial pedocriminalité
C'est l'acte ultime de domination. Car il y a en-dehors des viols incestueux un gros problème sur la façon dont sont traités les enfants, ça passe du droit à l'image et à la façon dont les parents les considèrent: petites choses sans volonté propre. Ils ne sont même pas des individus seulement au titre de la loi.