« L’ordre, l’ordre, l’ordre ». Voici, en trois mots (ou plutôt trois fois le même), le programme que souhaite appliquer Emmanuel Macron auprès de la jeunesse.
Trois semaines après les révoltes urbaines ayant éclaté suite au décès de Nahel M., tué par un tir de police, le chef de l’Etat a accordé ce lundi 24 juillet une interview aux JT de 13 heures TF1 et France 2 depuis Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.
Objectif : dresser le bilan des « cent jours d’apaisement » dont il avait appelé de ses voeux en avril dernier, en pleine mobilisation de la réforme des retraites, et donner le cap du gouvernement, quelques jours après le remaniement.
Un retour à l’ordre et pas de remise en question
Outre les annonces sur les réformes à venir – l’Éducation, la Loi immigration, la transition écologique… -, Emmanuel Macron a tiré le bilan de la gestion des épisodes de violences urbaines suite à la mort de Nahel le 27 juin dernier. Se félicitant des « 4 000 interpellations » réalisées par les forces de l’ordre et de la « réponse judiciaire implacable », le président s’est lancé dans une analyse des chiffres concernant le profil des « 500 à 600 jeunes qui ont été déférés à la justice ».
« Ce sont des très jeunes – environ 16 ans de moyenne d’âge. On parle de jeunes qui, pour une très large majorité, n’étaient pas connus de la justice. On parle de jeunes qui, pour une écrasante majorité, ont un cadre familial qui est fragilisé, soit parce qu’ils sont dans des familles monoparentales – ils sont élevés par un seul de leurs parents – soit parce qu’ils sont à l’Aide sociale à l’Enfance », a déclaré Emmanuel Macron, qui a ensuite appelé à « un retour de l’autorité à chaque niveau, et d’abord dans la famille ».
« C’est tout le chantier que je veux pouvoir offrir à la fin de l’été, celui de l’autorité parentale, a-t-il ajouté. Ce n’est pas l’Éducation nationale, c’est encore moins la police le problème. Il faut le traiter à la racine. Il faut donc responsabiliser certaines familles, en accompagner certaines autres qui sont dans la détresse, et on doit réinvestir massivement sur notre jeunesse pour lui redonner un cadre. »
Une stigmatisation des mères isolées
Cette mention au « cadre familial fragilisé » que constitueraient les « familles monoparentales » n’a pas manqué de faire réagir. Sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon a été le premier à accuser le chef de l’État de stigmatiser ces familles monoparentales et de « couvrir les débordements » de la police « sans soutenir la Justice ».
Plusieurs internautes lui ont emboîté le pas, rappelant, au passage, qu’il s’agissait d’un raccourci dangereux qui justifiait les violences policières tout en jetant l’opprobre sur des familles qui sont souvent tenues à bout de bras par des femmes. Car, comme l’a souligné l’Insee dans sa dernière étude sur le sujet datant de 2020, une famille sur 4 est monoparentale (24,7 %) ; les mères sont très largement à la tête de ce type de famille (85 %). Ces familles sont aussi le plus souvent en cas de précarité.
Réclamer, comme Emmanuel Macron, un « retour à l’autorité parentale » et une plus grande fermeté vis-à-vis de ces familles déjà touchées par des difficultés systémiques ne résoudra certainement pas le problème. Et, contrairement à ce qu’il affirme, les violences policières et le manque de moyens octroyés à l’Éducation nationale sont une partie du problème. Mais ça, le président de la République n’est visiblement pas prêt à l’entendre.
Les Commentaires
Mais du coup, si ce sont des jeunes qui ont été suivis par l'ASE et qu'il y a des manquements. Ca veut dire que l'ASE manque de moyens, donc que le gouvernement va allouer des fonds à la protection de l'enfance. Non ?