« Vous vous êtes déjà demandé pourquoi il a fallu attendre 2021 pour que le premier documentaire sur le post-partum voie le jour ? Pourquoi est-ce qu’il n’y avait aucun documentaire sur le RGO, si peu sur la sexualité féminine, sur l’accouchement, la charge mentale ? ». Dans la vidéo de présentation de Suzane, la première plateforme de streaming féministe, Ève Simonet, sa fondatrice, pose une question que les femmes sont très nombreuses à s’être déjà posée : pourquoi certains sujets d’importances concernant la vie et la santé des femmes ne sont que peu, voire pas explorés, et pourquoi si peu de ressources sont disponibles ? Et sans ressources, comment savoir, pour enfin, prendre le pouvoir sur nos vies et sur nos corps ? C’est précisément pour pallier à ce manque qu’Ève Simonet a lancé Suzane.
75% des films français sont réalisés par des hommes
En 2020, alors qu’elle s’apprête à accoucher, Ève Simonet cherche des informations sur le post-partum, cette période qui suit l’accouchement et peut durer de plusieurs mois à plusieurs années. Elle ne trouve que très peu d’informations, et surtout, aucun documentaire relatant cette période pourtant vécue par 750 000 femmes en France chaque année. Elle se met alors en tête de réaliser une série-documentaire sur le sujet, mais se heurte rapidement à la réticence des diffuseurs, qui voient d’un mauvais œil, sans vraiment le formuler directement, le fait de parler ouvertement de sang, de montées de lait ou encore de dépression post-partum.
Qu’à cela ne tienne, Ève Simonet décide d’auto-financer son projet, qui verra le jour en mars 2022. Très rapidement, « Post-partum, le documentaire » rencontre un grand succès, à l’image de son compte Instagram sur lequel Ève Simonet documente quotidiennement sa conception. En réalisant ce documentaire, et en allant à la rencontre de femmes en France et à l’étranger, elle se rend rapidement compte du peu de ressources concernant directement les femmes, autrement que les sujets dits « féminins » et qui se concentrent sur la mode ou la beauté. Rien d’étonnant, puisque 75% des films français sont réalisés par… des hommes. « Il y a tellement de sujets qui concernent les meufs qui n’étaient pas bien ou pas du tout traités » explique-t-elle sur son compte Instagram.
« On allume la télé et chaque année, c’est les mêmes sujets inlassablement »
« Est-ce qu’un homme aurait pu réaliser Post partum comme je l’ai fait ? Je ne pense pas », questionne Ève Simonet.
RGO, sexualité féminine, flux libre instinctif…
Forte de ce succès, et de la bienveillance qui émane de la communauté créée dans le sillage de son documentaire, Ève Simonet décide de créer des formats « qui comptent vraiment pour les femmes et pour les hommes », même s’il faut le faire sans l’industrie du cinéma. C’est ainsi qu’émerge l’idée de créer Suzane, une plateforme documentaire indépendante qui donnerait la voix à des réalisatrices et des sujets rarement explorés, tels que le flux libre instinctif, le RGO, la sexualité féminine ou encore l’accouchement.
« Il est urgent que les femmes racontent leur histoire. Il faut que l’on prenne la parole, que l’on arrête d’avoir peur. Nos intimes sont politiques. Tout ce qui se passe dans nos têtes, dans nos corps, ces histoires méritent d’être racontées. Pourquoi ? Parce qu’on est plus fortes ensemble »
« Le mal sans nom », le premier documentaire produit par Suzane, sortira en mars 2023. Cette série en quatre épisodes explorera les transformations psychologiques que vivent les parents à la suite de la naissance d’un enfant, à travers soi, le couple, la famille et les autres. Pas moins de six autres documentaires sont au programme pour la saison 2023-2024 avec des thèmes allant de la sexualité féminine au flux libre instinctif.
Pour l’heure, et avant son lancement, Suzane, qui souhaite rester 100% indépendante, vient de lancer sa campagne Ulule. L’argent collecté servira à financer les documentaires en cours et ceux à venir, et permettra à la plateforme d’acheter les droits de diffusion d’autres documentaires qui seront ensuite accessibles sur la plateforme.
À lire aussi : Pourquoi j’ai choisi l’accouchement à domicile pour mon premier enfant
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.