Publié initialement le 21 juin 2012
À 17 ans, A. a une passion qui pourrait en étonner beaucoup : elle joue de l’accordéon. Le coup de coeur pour cet instrument lui est venu à 5 ans et demi, alors qu’elle avait encore la plupart de ses dents de lait. Depuis, l’accordéon ne l’a jamais quittée et elle a décidé d’entrer en contact avec nous pour parler de son passe-temps préféré à l’occasion de la trentième édition de la Fête de la Musique.
C’est aussi l’occasion de démonter quelques-uns des gros clichés qui auréolent l’accordéon, un instrument qui a tendance à nous évoquer les émissions télé dominicales avec Yvette Horner et Michel Pruvot. A. est la preuve qu’on peut avoir 17 ans, être bien dans ses pompes et s’épanouir en jouant de cet instrument, trop souvent réduit à la musique des bals musettes jouée dans des guinguettes perdues en pleine campagne alors qu’il s’accorde aussi bien avec la valse qu’avec le folk, quelques sous-genres du rock ou les chansons à texte.
C’est peu avant de fêter son sixième anniversaire qu’A. a eu un véritable coup de coeur pour l’accordéon : tout a commencé le jour où elle a vu pour la première fois un vieux monsieur jouer de cet instrument à un coin de rue. Elle dit avoir été émerveillée et être restée béate devant ce musicien qu’elle a regardé jouer pendant une dizaine de minutes, fascinée. Lorsque sa mère lui a proposé de prendre des cours de musique quelques temps plus tard, c’est donc tout logiquement qu’elle a jeté son dévolu sur cet instrument à vent et ne s’en est, depuis, jamais lassée.
Apprendre à maîtriser la bête
Si jouer de l’accordéon est un véritable plaisir pour A., il faut avouer que la période d’apprentissage n’est pas exempte de difficultés. Non seulement l’accordéon est un instrument assez lourd, mais il faut en plus savoir coordonner ses gestes pour gérer à la fois le soufflet (la grande partie souple au milieu), le clavier pour les notes et la compression et l’extension du soufflet. Au tout premier cours, son professeur lui a appris à maîtriser le soufflet, à positionner ses doigts et à tenir la bête. Il lui a ensuite montré le do, une seule note qu’elle devait travailler toute la semaine pour la maîtriser au cours suivant. Malgré son jeune âge, A. a été incapable de retrouver cette note sur son clavier le soir même en rentrant chez elle.
À elle seule, cette anecdote suffit à comprendre que la maîtrise de l’instrument est longue et laborieuse : « Je n’avais qu’un malheureux bouton à retenir et c’était déjà pourtant bien compliqué », m’écrit-elle.
Jouer de l’accordéon ne nécessite pas de préparation physique, mais il n’empêche que c’est un instrument assez sportif
puisqu’il faut tirer et pousser constamment le soufflet de ce beau bébé d’environ dix kilos. Néanmoins, après onze ans de pratique, A. tient à préciser qu’elle doit venir d’une autre planète puisque ses muscles des bras ne se sont jamais vraiment développés. « Mes bras peuvent concurrencer la gelée de ta mamie ! », conclut-elle.
« Vraiment un bel instrument »
Toujours prête à promouvoir son instrument préféré, A. est persuadée qu’on peut commencer l’accordéon à n’importe quel âge à condition d’être motivée. Elle n’y trouve pas réellement d’inconvénient : même ses 10kgs sur les genoux s’oublient vite.
Elle ajoute également qu’il ne faut pas se fier à l’image désuète et aux clichés qui traînent comme des boulets derrière l’accordéon. Pour elle, justement, le gros point fort de l’accordéon, c’est qu’il va avec tout : « Il peut s’accorder avec n’importe quel instrument, et on peut en jouer en groupe ». C’est un des nombreux aspects de cet instrument qui lui plaît, d’ailleurs. Un jour, elle raconte qu’une prof de musique lui a dit quelque chose qui résonne encore aujourd’hui en elle :
« L’accordéon ou même le violon, ce sont des instruments qui ne vous décevront jamais, on peut en jouer seul•e mais aussi accompagné•e. Ils ne vous laisseront jamais tomber et vous ne serez jamais déçu•e, contrairement au piano où beaucoup abandonnent la pratique parce que c’est un instrument solitaire. »
Note : A. m’a bien précisé qu’elle n’avait rien contre le piano car elle estime que « chaque instrument est beau à sa manière ».
Et qu’en est-il du style ?
Comme évoqué plus haut, l’accordéon est généralement réduit à la musette et à la musique très « vieille France ». Pourtant, cet instrument s’accorde avec presque tous les styles de musique : dans la formation avec laquelle elle joue, A. a un répertoire très varié. Musiques de films, slows, reprises de chansons de variété française contemporaines, des génériques de séries ou bien des cantiques à l’occasion des fêtes de fin d’année. Mais ce qu’A. préfère jouer, le registre dans lequel elle se sent le plus à l’aise, c’est la musique espagnole et les valses. « Comment dire non à un magnifique tango ? », dit-elle.
A. a beaucoup de chance, au final : elle a trouvé un instrument qui la passionne et lui permet de s’épanouir dans la musique, qu’elle adore. En outre, quand je lui ai demandé si elle avait déjà reçu des critiques à propos de son instrument de prédilection, elle m’a répondu qu’elle n’avait jamais eu de remarques désobligeantes : entre sa famille qui lui demandait toujours de jouer un morceau et ses amis qui trouvaient ça classe, elle avait toujours été encouragée dans son choix. Certains lui ont même avoué qu’ils trouvaient ça sexy. Un beau pied de nez à ceux qui essaient de renvoyer une image poussiéreuse de l’accordéon.
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Les Commentaires
Alors bon, je m'explique, il fait ce qu'il veut, mais, notre voisine dans notre village parental s'est mise à l'accordéon depuis qu'elle est à la retraite, et un jour, mon frère à réussi en quelques minutes à sortir une chanson, juste à l'oreille! Je suis sûre que cet instrument est fait pour lui!!!