Le porno mainstream réussit habilement à traduire en images tous les clichés sexistes qui entourent la sexualité dans notre société.
Les millions d’années de vidéos uploadées sur les tubes mettent en scène une sexualité supposément centrée sur le plaisir masculin et dans laquelle les femmes sont des objets destinés à provoquer l’éjaculation.
Un brin réducteur, non ?
Une alternative au porno mainstream
Toutes celles et ceux qui aimeraient mater du porno ne se retrouvent pas dans cette offre trop souvent misogyne.
Mais de plus en plus de réalisateurs et réalisatrices proposent un contenu différent, dans lequel le désir et le plaisir des femmes auraient aussi leur mot à dire.
C’est le sujet de XX, une web-série documentaire signée par Annabelle Valentin et Camille Bresler.
Engagées dans le domaine du droit des femmes, ces deux jeunes journalistes recherchaient pour leur projet d’études un sujet qui pourrait sensibiliser les gens à leurs valeurs.
C’est comme ça qu’elles ont découvert le « porno féministe », dont elles n’avaient jamais entendu parler, comme l’explique Annabelle Valentin :
« On n’était pas des grandes consommatrices de X, mais on voyait mal comment le porno pouvait être féministe.
Nous avions en tête les mêmes clichés que beaucoup de gens. On se disait que ça devait être réservé aux femmes lesbiennes ou très romantique…
Mais c’est simplement un porno où le plaisir de l’homme et de la femme sont à égalité. »
Le porno « féminin » ou « féministe » est en effet vite associé à des pratiques plus soft, avec un focus sur l’intimité, la douceur… sur la base de clichés sexistes, of course — car les femmes, ça ne peut pas aimer le sexe « vénère » !
Le terme « porno alternatif » a le mérite de valoriser l’idée de choix et de couper l’herbe sous le pied des clichés.
Représenter toutes les sexualités
Difficile donc de définir UN porno féministe car l’objectif est avant tout de diversifier l’offre. Annabelle Valentin explique :
« Toutes les pratiques peuvent être représentées, il n’y a pas de normes au niveau du corps, pas de schémas répétitifs.
Le point commun des pornos alternatifs, ce sont des conditions de production beaucoup plus éthiques. Le port du préservatif est plus courant et les désirs des acteurs davantage respectés.
Par exemple, il arrive que à la réalisatrice Paulita Pappel de ne même pas écrire de scénario pour laisser les acteurs faire ce qu’ils veulent. »
Ce web-documentaire propose un véritable état des lieux de la pornographie, en abordant à la fois la question de la représentation des corps, de l’éducation sexuelle, du désir des femmes et de leur rapport au X.
Trois épisodes sont déjà en ligne et donnent la parole à des actrices, des cam-girls, des consommatrices et des journalistes pour montrer les failles du porno mainstream et apporter d’autres pistes.
Pour Annabelle Valentin, c’est Erika Lust, pionnière du genre, qui résume le mieux la problématique actuelle du porno :
« La réalisatrice expliquait dans la série Hot Girls Wanted qu’avec Internet, on ne peut pas empêcher l’accès au porno donc autant qu’il soit de qualité et qu’il ne file pas des complexes et des préjugés aux jeunes.
La sexualité est multiple, pourquoi le porno ne le serait pas ? »
Et toi, tu trouves ton bonheur sur les tubes ou tu te diriges plutôt vers ce X d’un nouveau genre ?
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Les Commentaires
Ce que tu dis est juste.
Mais dans ce cas, le porno féministe ne sera jamais aussi massivement diffusé que le mainstream, et restera un marché de niche comme l'on souligné d'autres Madz.
Ou alors les géants du secteur réagissent et les syndicats du porno incitent à voter des lois qui interdisent le vol des droits d'auteur et la diffusion gratuite des contenus. Un monde où le porno mainstream ne sera plus gratuit ? J'aimerais bien, mais j'y crois pas trop. Du moins pas pour le moment.
Donc, impasse ?