Passez la porte des étoiles en compagnie d’un auteur à l’univers mathématico-graphique, et laissez-vous surprendre par des œuvres dotées d’un humour si particulier… Quand le griffonnage numérique se mêle à des structures géométriques en tout genre, cela donne un résultat original, dont seul Polinko a le secret. Allant toujours plus loin en matière d’innovation visuelle, il a su habilement faire cohabiter plusieurs techniques d’illustration dans son blog, toujours surprenant. Rencontre avec un blogueur du 3ème type…
Peux-tu te présenter, nous raconter un peu ton parcours ?
Polinko de mon pseudonyme (Paul de mon prénom), j’ai passé un bac scientifique en faisant croire à mes chers enseignants que j’allais faire partie de l’élite de ce monde et prendre part à l’avancée technologico-futuro-scientifique de notre sublime civilisation. Mais j’ai réussi à virevolter d’une pirouette des plus subtiles à la fin de la course pour me retrouver aux… Beaux-Arts ! C’était dur pour eux à l’époque de perdre un élément tel que moi mais savais que je devais vouer ma vie aux choses les plus inutiles et passionnantes possibles que sont la bd et l’art. Ce qui m’amène aujourd’hui à porter un regard ému, retenant une larme tremblante, vers cette période passée et révolue, du haut de ma 3ème année à la HEAD de Genève. Et aujourd’hui, je me retrouve ici, au milieu du Colisée, prêt à porter les coups les plus bas à mes valeureux concurrents.
Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de la bande dessinée ?
Aussi dingue et incroyable que cela puisse paraître, ce qui m’a donné envie de faire de la BD « depuis que je suis en âge de tenir un crayon », c’est de… (suspense)… lire des BD ! Et oui, mis à part Tintin qui m’ennuyait à mourir, je trouvais ça vraiment cool la BD, comme tous les garçons de mon âge à vrai dire. Mais ce que je trouvais encore plus cool, c’était d’en faire moi-même. Et puis à 12 ans, les mangas m’ont ouvert la porte vers de nouveaux horizons, remplis de kamehameha kawaï et de poings du dragon à neuf queues. J’allais devenir mangaka ! C’est vraiment à partir de là que j’ai commencé à faire des trucs avec des bulles, des cases et des héros ultra charismatiques. Mais les années passant, je me suis mis à penser que le manga était peut-être un peu limité au niveau du style et assez peu apprécie dans les écoles françaises (ce qui ne m’arrangeait pas énormément). C’est pourquoi, je me suis petit à petit intéressé à d’autres choses. Et voilà où j’en suis aujourd’hui, la BD et l’art dans son entier m’accueillent à bras ouverts. C’est beaucoup mieux !
Comment décrirais-tu ton univers, et ton blog ?
Je fais des trucs assez hasardeux. Disons que mes intérêts sont variés, allant de la bande dessinée à l’art contemporain, en passant pas l’illustration, le graphisme et l’animation. Et je fais évoluer des médias autour de plusieurs thématiques qui me plaisent pas mal: la S.F, les monolithes géométrico-cosmiques, la physique, la métaphysique, l’archéologie, la géologie, la religion, l’abstraction, les petits traits, les sociétés primaires, les dimensions parallèles, les autres mondes, la mythologie et les blagues de mauvais goût. Et ce joyeux bordel se retrouve mis en vrac sur mon blog.
Comment est née l’idée d’ouvrir ce blog ?
Le fait de voir des trucs super cool en me baladant sur les nombreux blogs foisonnant de talent sur le net m’a tout simplement donné envie de faire pareil. Et puis ça me permettait aussi d’avoir un espace pour montrer mes griffonnages à mes potes sans que mes profs soient forcément au courant, ce qui est pas mal, non ? Mais j’avais déjà eu quelques blogs au collège et au lycée, assez honteux d’ailleurs. Je les ai laissé en ligne, comme ça quand j’ai une baisse de régime, je peux retourner les regarder et me dire que j’ai quand même progressé un peu.
Quelles techniques et outils utilises-tu pour dessiner ?
Des crayons, du papier, un rotring, de la térébenthine, un ordi et du talent. (quoi que pour le dernier, je suis pas très convaincu).
Quelles sont tes influences ?
Plein de monde, et dans différents domaines: Robert Crumb, Haruki Murakami, Joann Sfar, Christophe Blain, Paul Noble, Katie Scott, Taiy? Matsumoto, Abdelkader Benchamma, Daniel Arsham, Robert Smithson, Arthur C. Clarke, Blutch, Brecht Evens, Tony Smith, Stanley Kubrick, Hayao Miyazaki, Jiro Taniguchi, Manu Larcenet, Katsushika Hokusai, Nicolas de Crécy, les frères Cohen, David B et plein de blogueurs.
Quel a été ton dernier coup de cœur BD ?
Les « Aventures d’un homme de bureau japonais » de José Domingo. Une vraie merveille.
Connais-tu d’autres blogueurs de cette sélection ? Peux tu dire du mal d’eux ? (Non ? Du bien alors ?)
Ils sont tous trop nuls pour que je m’intéresse à eux. Non plus sérieusement, je suis régulièrement les blogs d’Helkavara, Léob, Sitron, Luchi et Tarmaz (qui a d’ailleurs accepté de me faire participer à son super fanzine Monster Maloke). Ils sont tous vraiment balèzes et ont un style, un univers et une manière de raconter les choses terriblement originaux et cool. Du coup, ça me fait vraiment plaisir de me retrouver avec eux dans la course !
Si tu gagnais, ta BD parlerait de quoi ?
De toi, ce serait bien non ?
Le thème de Révélation Blog cette année est le blogueur du futur. Quand tu penses au futur justement, ça t’évoque quoi ?
Le futur ça m’évoque la ruine et l’éternité. L’énergie va en s’amenuisant et le monde tend naturellement vers le désordre, c’est la loi de l’entropie. Pas besoin d’une catastrophe nucléaire pour provoquer la fin de la civilisation, le temps fera son affaire tout seul. Et moi, je m’imagine un futur tellement lointain que le temps aurait disparu, se serait épuisé pour laisser sa place à un monde revenu à un état originel et n’évoluant plus. Un monde de l’éternité, un monde de la fin des temps. Mais à part ça, le mot « futur » m’évoque tout naturellement des images remplies de vaisseaux spatiaux en carton-pâte et de monolithes cosmiques de S.F. J’adore ça.
C’est quoi la BD du futur ?, elle a quelle forme, se lit où et comment ? As-tu déjà réalisé ou eu envie de réaliser des œuvres de BD numérique ?
La BD du futur je n’en sais trop rien. Disons que je prends suffisamment de plaisir à lire les BD produites actuellement pour ne pas penser à la suite. Je pense que, quoi qu’on dise, malgré les nouveaux moyens de diffusion, l’imprimé sur papier va perdurer encore un certain temps. Parce que c’est quand même plus kiffant d’avoir entre les mains une bonne BD qui sent le papier, s’abîme, se corne, se plie et se salit que de lire sur une tablette ou un ordi. Même si c’est moins pratique et peut-être plus cher.
Après, c’est vrai qu’il peut y avoir des choses très intéressantes avec la bd numérique surtout au niveau de ces pratiques hybrides, entre la bd et l’animation qu’on peut croiser sur certains blogs.
Mais dans mon cas, je me rappelle pas avoir spécialement eu envie de produire des bd numériques. Peut-être qu’une avancée technologique extraordinaire venue du cosmos me fera changer d’envie un jour.
Ils nous promettaient « No Future », alors, as-tu un message personnel à destination des astrologues mayas ?
Vous étiez cool les mecs.
Cette interview est à l’image de son auteur ainsi que de son travail : décalée, franche, atypique, alors si vous désirez en savoir plus, rendez vous sur le blog de Polinko pour y découvrir encore plus d’illustrations !
N’oubliez pas d’aller voter pour vos blogueurs préférés !, le gagnant pourra réaliser un album chez Vraoum / Warum, alors que le second sera publié chez Madmoizelle, et les trois premiers seront invités au Festiblog !
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