Voilà, on est en juin, et même si ce n’est pas encore tout à fait l’été, je suis À FOND. Certes, je ne suis pas encore en vacances. C’est peut-être même, pour vous, une période un peu intensive de deadlines, de concours et d’examens divers et variés, et me voir commencer à parler d’été et de plage vous fait grincer des dents (à défaut de pouvoir les refermer sur ma carotide).
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Mais qu’importe ! Moi je dis que le soleil est là, et si le soleil est là, c’est qu’entre deux prises de tête, on peut se réfugier sur une terrasse, au bord de la mer, à l’ombre d’un arbre, sur son balcon avec les petons sur la rambarde… Pour se plonger dans un bon gros roman policier des familles.
Pourquoi un polar ? Parce que d’une part, pour peu que ce soit un bon polar, on se plonge rapidement dedans pour le dévorer avec facilité. Et d’autre part, parce que les sombres histoires de meurtres, d’enquêtes et de manipulations se lisent mieux au soleil. C’est un contraste sain, je dirais, bon pour l’aération du ciboulot. Voyez un peu comme on prend soin de vous, à la rédac !
La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, par Joël Dicker
Alors, j’avoue, les polars, on aime ou on n’aime pas. Il y a souvent comme un schéma qui se répète, il faut le dire — meurtre, enquête, révélation… Mais l’avantage, c’est que même si on n’aime pas, on peut toujours avoir un coup de foudre : ce n’est pas comme si c’était le genre qui faisait la qualité d’un livre, n’est-ce pas ? Et c’est le cas de Lysanthius, notre stagiaire développeuse de choc, qui a été très agréablement surprise par un roman de Joël Dicker.
« Ma mamie m’a offert ce livre parce que c’était un prix Goncourt (c’est une tradition entre nous). En général, ils sont pas mal, mais celui-là… Il m’a carrément bluffée.
Déjà, il faut savoir que je n’aime PAS les polars. Mais vraiment pas. J’ai lu le tome 1 de Millenium quand j’étais au lycée, mais ça s’arrête là. Les affaires à élucider avec des indices, ça a tendance à me saouler, et puis le rythme est lourd : au début les enquêteurs patinent, puis ils ont une piste, mais en fait c’est pas bon, et au final ils trouvent le coupable. BREF. C’est pas mon délire.
Du coup, je suis partie sur L’affaire Harry Quebert avec un peu de préjugés, mais ce bouquin m’a tenue en haleine du début à la fin. L’histoire, c’est celle de Goldman, un jeune auteur en panne d’inspiration. Un peu paumé, il passe voir son ami Harry Quebert, écrivain à succès, histoire de se ressourcer un peu. Il repart ensuite pour New York, et là, c’est le drame : le squelette d’une jeune fille disparue 30 ans plus tôt a été retrouvé enterré dans le jardin de son ami… avec le manuscrit de son best-seller.
Les intrigues sont bien ficelées, on passe de révélations en révélations : je l’ai dévoré, car je ne pouvais pas attendre la suite à chaque nouvel évènement. Je le recommande chaudement, si vous aimez vous faire surprendre et perdre vos repères ! »
La série Erica Falck, par Camilla Läckberg
Ah, c’est à moi. Je dois dire qu’il tombe bien, ce thème (une belle coïncidence absolument pas de mon fait) (ou si peu)… parce que j’ai justement sous la main une addiction que je serais ravie de partager avec vous. Il s’agit d’une série de romans policiers, dont chaque tome suit une enquête différente, dans la même petite ville suédoise. C’est carrément dingue que la région n’ait pas connu un exode massif après tous ces meurtres, mais bon.
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« J’ai découvert les romans de Camilla Läckberg plus ou moins par hasard. Je venais (enfin) de lire Millenium, que j’avais bien plus apprécié que prévu, et l’auteur (Stieg Larsson) étant décédé, je désespérais de remettre la main sur une série policière du même genre. Alors, bêtement, qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai cherché d’autres séries policières suédoises dans la même maison d’édition ! Parce que tou•te•s les Suédois•es écrivent pareil, tu vois…
La série « Erica Falck et Patrick Hedström » est composée pour l’instant de huit tomes en France, et suit, comme son nom l’indique, les aventures d’Erica Falck, une jeune écrivain, et de l’inspecteur Hedström dans la petite station balnéaire de Fjällbacka. Ils menaient chacun une petite vie bien paisible, jusqu’au jour où l’amie d’enfance d’Erica est retrouvée morte… dans l’eau gelée de sa baignoire. Il s’agit du premier tome, La Princesse des glaces, et à partir de là, les drames semblent s’enchaîner.
Le principe peut paraître simpliste et un poil répétitif, mais c’est une série policière assumée, et surtout bien fichue. Chaque nouvelle intrigue nous happe jusqu’au dénouement final, Camilla Läckberg a un don pour les drames… et son personnage principal, Erica Falck, fait partie de ce type d’héroïnes que j’aimerais voir plus souvent dans une fiction. »
L’Aiguille creuse, par Maurice Leblanc
Pour vous dire si j’ai enchanté du monde à la rédac’ en proposant le thème du polar ! Voici la sélection de LouiseScheuh, qui n’aime pas forcément les enquêtes policières, mais qui a trouvé son compte dans un grand classique que vous ne connaissez peut-être pas encore. Arsène Lupin, gentleman cambrioleur, ça vous parle ? Mais avez-vous lu L’Aiguille creuse ?
« Pas très fan de polars mais grande fan de littérature de façon générale, je me suis soumise à la volonté de mon professeur de français de troisième et j’ai lu L’Aiguille creuse de Maurice Leblanc. Connaissant Arsène Lupin de nom et l’aiguille d’Etretat de vue, j’ai entamé ce roman sans grande conviction.
Et là: le coup de coeur. J’ai lu les presque 300 pages en quelques heures, disant adieu à toute vie sociale pendant une journée. J’ai été happée par une intrigue intelligente et bien menée, sans être non plus incompréhensible ou excessivement complexe. Le personnage d’Arsène Lupin est une merveille… On n’en fait plus des mélanges comme ça, entre Robin des Bois et Rouletabille, malheureusement ! En face de lui, un jeune premier prodige des enquêtes, Isidore Beautrelet, lycéen mais détective de talent, qui se retrouve confronté au gentleman cambrioleur.
Je ne pourrais en dire plus sans révéler l’intrigue, mais fans de romans historiques, d’affaires rocambolesques et de personnages haut en couleur, foncez ! »
La série Les Mystères de Rome, par Steven Saylor
Si vous aussi, vous aimez bien les intrigues historiques, ça tombe bien, parce que c’est au tour de Myriam La Vile de proposer un ouvrage… et que le savant mélange polar + histoire, c’est son truc. C’est pourquoi elle vous parle d’une série fort alléchante de Steven Saylor, qui se déroule dans la Rome Antique. Au programme : meurtres, enquêtes, Colisée et rock’n’roll (en gros).
« Mon péché mignon en tant qu’historienne, c’est la Rome Antique, et surtout la République. Du coup, lorsque j’ai découvert les romans de Steven Saylor, c’était la fête : l’idéal pour réviser ses connaissances sur la société de l’époque, avec ce qu’il faut d’intrigue et de suspense pour te tenir en haleine sur toute une série de pas moins de 12 opus (mais j’avoue n’en avoir lu que 10, les deux derniers n’étant pas encore sortis à l’époque) (bonjour mamie).
L’histoire suit les aventures de Gordien, qui est une sorte de détective privé de l’époque. Si le personnage est tout à fait fictif, il se mêle à des évènements et des personnages qui eux ne le sont pas : Cicéron, Sylla, Pompée, Jules Cesar… Le tout est hyper bien écrit et juste historiquement (dans la limite de la fiction, bien entendu). Ajoutez à ça un épisode de la série Rome, et vous m’avez sur un petit nuage. »
La série Sherlock Holmes, par Arthur Conan Doyle
LaManie, dans la vie, elle aime bien le cinéma, les séries télé, et les classiques. Rien de surprenant, donc, à ce qu’elle ait découvert le célèbre détective d’Arthur Conan Doyle au travers de l’adaptation en série de la BBC… et encore moins à ce qu’elle ait dévoré tous les romans. Vous pensez bien que je n’ai pas eu le coeur à lui demander d’en choisir un seul parmi tous ses chouchous, qu’elle aime comme une mère aime ses enfants sans distinction.
Mais elle en a quand même sélectionné trois, parce que bon, faut bien commencer quelque part.
« Je suis tombée dans la marmite du roman policier grâce à la série Sherlock de la BBC. Ça peut paraître bête, mais ces histoires transposées à notre époque contemporaine m’ont donnée envie de découvrir les originales. Je me suis donc procuré tous les Sherlock Holmes que je pouvais trouver, et je les ai dévorés. Voici mon top 3 des meilleurs romans ou nouvelles.
Le Chien des Baskerville — déjà, parce que ça parle d’un chien démoniaque, voilà. En plus d’être le roman le plus connu des Sherlock Holmes, il s’agit pour moi de l’énigme la plus intéressante. Une malédiction pèse autour de la famille Baskerville, dont les héritiers se font tuer par un fabuleux chien sanguinaire. Holmes et Watson sont conviés sur le terrain pour essayer de résoudre l’affaire… et si ça se présente comme une « simple » enquête à la Conan Doyle, ce que je trouve génial, c’est que l’auteur se focalise beaucoup sur Watson. Même si tous les romans sont écrits du point de vue du docteur, comme une autobiographie, il se contentait jusque là d’écrire sur Sherlock Holmes. Mais dans cette histoire, le personnage principal est absent une longue partie de l’intrigue… ce qui, paradoxalement, la rend plus intéressante !
La Ligue des Rouquins — une nouvelle extraite du recueil « Les Aventures de Sherlock Holmes », qui raconte comment un roux vient demander l’aide de Holmes parce qu’il pense se faire avoir par une bande de roux qui lui demande de recopier l’Encyclopédie. Voilà. Cette histoire ressemble un peu à un Kamoulox (NdlR : UN PEU), mais elle est vraiment agréable à lire.
L’Interprète grec — cette autre nouvelle est tirée du recueil « Les Mémoires de Sherlock Holmes ». C’est au début de cette histoire que l’on fait la connaissance de Mycroft, le frère de Sherlock. Il propose à ce dernier une enquête concernant un des membres de son club privé, un certain M. Melas, un interprète grec, qui s’est vu « demander » par un inconnu de traduire les paroles d’otages… Encore une fois, j’apprécie cette histoire non pas parce que nous avons le point de vue de Holmes, mais parce que la situation est très longuement décrite par l’interprète, qui nous permet de tout imaginer dans les moindres détails. »
Les Lieux sombres (Dark Places) et Sur ma peau (Sharp Objects) de Gillian Flynn
Décidément, ça n’a pas l’air facile de choisir un seul roman. Il faut dire que quand on aime un-e auteur-e, c’est souvent pour l’ensemble de son oeuvre… Mélissa, en l’occurrence, a découvert Gillian Flynn suite à l’adaptation au cinéma de son livre Gone Girl. Sauf qu’au lieu d’aller lire ce dernier, elle s’est tournée vers les deux autres romans de l’auteure. Ce qu’elle est loin d’avoir regretté !
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« Gillian Flynn est l’auteur de Gone Girl, à l’origine du film du même titre. J’ai adoré l’adaptation et, il y a quelque temps, j’avais envie d’un roman-thriller. Comme je me souvenais bien du long-métrage et que le suspense et le mystèèèère me plaisent, j’ai tenté les deux autres romans de l’auteur.
Les Lieux sombres (adapté il y a peu au cinéma avec Charlize Theron) est l’histoire de Libby Day, seule survivante du massacre de sa famille — avec son frère aîné, qu’elle a accusé et qui a été condamné pour ces meurtres. 25 ans après les événements, elle est fauchée, sans la moindre envie de travailler, et un groupe de détective amateurs persuadés de l’innocence de son frère lui propose de la payer pour enquêter.
D’un autre côté, dans Sur ma peau, Camille Preaker, journaliste pour un papier qui peine à émerger, est envoyée couvrir les meurtres de jeunes adolescentes dans sa ville natale. Ce charmant (non) séjour la replonge dans le souvenir de terribles évènements la touchant personnellement : le décès brutal de sa jeune soeur, et ses scarifications et tentatives d’auto-destruction qui ont suivi.
Attention les yeux cependant, car les deux romans abordent des sujets difficiles ! Mais les intrigues et les personnages sont formidables, incroyablement bien construits, complexes et intelligents. Si les héroïnes croisent des compagnons potentiels, les tensions amoureuses ne prennent jamais le dessus, on ne tombe jamais dans les stéréotypes, et ça fait un bien FOU de lire des choses de cette qualité. »
Et toi, tu nous recommanderais un bon polar ?
Les Commentaires
Là, je commence le Mr Holmes (A slight trick of the mind) de Mitch Cullin, en attendant la version cinéma avec Ian McKellen. J'espère que ce sera mieux que The Devil's Grin, d'Annelie Wanderberg, un autre post-Sherlock avec un docteur/doctoresse qui se déguise en homme avec un strap-on (si-si) pour avoir le droit de trouver un vaccin contre le choléra et qui séduit Sherlock avec son intelligence supérieure…