Mis à jour le 08 août 2016 — Comme leur jeu mobile ne suffisait pas, les anti-IVG qui ont lancé le site Sauvez Pikachu la semaine dernière ont décidé d’envahir nos rues également.
Les tags « Et si Pikachu n’était jamais né ? » sont apparus sur les trottoirs de Paris et ce matin, on en a même trouvé un juste devant la rédaction — sans doute une tentative de pied-de-nez à cet article.
La prochaine fois, montez boire un café, les mecs…
Une réponse ne s’est pas fait attendre de la part des féministes du coin et certains de ces tags ont déjà commencé à être recouverts par d’autres, avec le mot d’ordre « Mon corps, mon choix » ainsi qu’un numéro adapté pour obtenir une information neutre et complète : « Info IVG : 0 8000 81111 ».
https://twitter.com/Darchen_/status/762574895830163456
La contre-attaque est lancée également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #PokemonIVGo, parce qu’il n’y a pas de raison que les anti-IVG aient le monopole de la prise de parole ! L’équipe des survivants ne sera pas la seule à avoir voix au chapitre : à vos claviers, à vos pochoirs ! (Et nous, on va aller acheter une bombe de peinture)
Article initialement publié le 05 août 2016 — Quand il y en a plus, il y en a encore. Après Afterbaiz, ce site faussement djeuns qui tente de promouvoir des idées d’une autre époque, la nouvelle génération d’anti-IVG poursuit son offensive. Et pour ça, quoi de mieux que de surfer sur LE phénomène de cet été, la vague Pokémon qui déferle actuellement ?
Surfer sur le raz-de-marée Pokémon Go
Leur nouvelle idée donc, c’est de « sauver Pikachu ». Ils ont créé un site mobile — et uniquement mobile, ce qui montre bien qu’ils veulent s’adresser aux jeunes — qui, comme à leur habitude, paraît tout à fait inoffensif au départ.
En fait, on ne sait même pas de quoi il retourne exactement quand on arrive dessus. En reprenant les codes du jeu, vous pouvez presque avoir simplement l’impression de faire face à une nouvelle aventure qui tourne autour du Pokémon le plus célèbre.
PIKA PIKA !
Et cette bestiole mignonne a la bonne idée de tomber amoureuse : voici Pikachu rose et Pikachu bleu – parce qu’il faut mettre quelques signaux évidents. Mais ce n’est pas tout : elle tombe aussi enceinte.
« Joie, célébrons la vie, toussa toussa » : à la base, ça n’est pas encore dérangeant, bien que le vocabulaire utilisé soit soigneusement choisi en mettant l’accent sur le fait de porter la vie.
Mais c’est à partir de la page suivante qu’on peut flairer le mauvais plan, puisque les quatre pages qui se succèdent veulent mettre en avant les arguments qui sont perçus comme étant « pro-avortement » (forcément, en les formulant de telle manière qu’ils soient aptes à provoquer l’indignation).
Vous voilà enfin mis•es face à un choix à faire :
… et suivant celui que vous faites, vous serez, au choix, félicité•e ou blâmé•e.
Des as de la communication
Derrière le jeu mobile, la même équipe que celle d’Afterbaiz.
C’est la même équipe que celle qui se cachait derrière Afterbaiz : le site mobile est en effet très clairement signé de la patte des « Survivants », dont le porte parole n’est autre qu’Emile Duport. La même personne qu’on avait donc dénichée derrière Afterbaiz.
Si leur message est en réalité beaucoup moins dissimulé que sur Afterbaiz, la communication et le soin qu’ils apportent à la forme rendent le contenu attractif pour de nombreu•ses jeunes… Et ça permet de transmettre les idées rétrogrades de ces « pro-vie » qui sont en réalité tout le contraire (rapport au nombre de femmes qui meurent des suites d’un avortement clandestin dans le monde — 47 000 par an).
De l’art de la stigmatisation
La première chose vraiment gênante est la manière dont ils présentent des arguments qui seraient considérés comme pro-avortement. Le fait est qu’ils sont inspirés de la réalité, mais caricaturés pour avoir l’air illégitimes.
Dans le monde réel, ce n’est pas Sacha qui a déjà suffisamment de Pokémons, mais peut-être une femme pour qui il n’est pas envisageable d’avoir un enfant.
Mais dans le monde réel, ce n’est pas Sacha qui a déjà suffisamment de Pokémons, mais peut-être une femme pour qui il n’est pas envisageable d’avoir un enfant pour différentes raisons (par exemple financières).
Ce n’est pas professeur Chen qui vous conseille de devenir avant tout le meilleur Pokémon mais une réalité dans laquelle ne pas terminer ses études peut avoir de réelles conséquences sur la vie future d’une jeune fille, pour ne citer que ceux-là.
Ces arguments peuvent avoir un milliard de raisons d’être valables, et l’important est de ne pas culpabiliser une personne qui prendrait la décision d’avorter. Ce qui est pourtant exactement le but de leur slogan, basé sur l’idée qu’un enfant sur cinq ne verrait pas le jour puisque 200 000 avortements seraient pratiqués chaque année pour 800 000 naissances.
Une nouvelle cible : l’entourage
Leur stratégie vise donc avant tout à stigmatiser les personnes qui auraient eu recours à une IVG, même s’ils se cachent derrière une façade bienveillante et compréhensive (« Leur première réaction bien naturelle est d’opter pour un avortement »). Mais elle repose aussi sur l’entourage des femmes. Presque davantage que de s’adresser aux femmes elles-mêmes, cette « campagne » parle à leurs proches, à ceux à qui elles vont demander conseil.
D’abord, s’il faut fournir autant d’effort pour les convaincre, c’est peut-être que ce n’est pas dans leur intérêt et pas la meilleure solution pour elles, non ? Ensuite ce message est dangereux puisqu’il vise explicitement à utiliser l’entourage des jeunes filles pour les persuader de ne pas recourir à l’avortement, d’autant plus à un âge où elles peuvent être influençables.
Que fait Nintendo (ou plutôt Pokémon Company International) ?
Au-delà de l’aspect nauséabond des idées véhiculées par ce site, on est face à une exploitation juridique frauduleuse de l’image de Pikachu et des Pokémons en général. Nous avons appelé l’agence de relations presse de Pokémon en France – pour info et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas Nintendo qui gère la marque Pokémon, mais une entreprise appelée Pokémon Company International.
L’attaché de presse que nous avons eu en ligne nous a affirmé avoir remonté l’info, sans réaction pour l’instant. On vous tiendra au courant.
Où s’adresser pour un avortement ?
Loin de faire l’apologie de l’avortement, il est juste important d’avoir accès à une information neutre et non partiale. D’où l’importance de visibiliser les sites d’information institutionnels – notamment le site IVG du gouvernement qui se bat dans les premiers résultats de Google pour garder la première place face au site pro-avortement. Privilégiez aussi les plannings familiaux lorsqu’on recherche des informations sur le sujet.
Ces acteurs sont là pour vous écouter et vous présenter les différentes solutions qui s’offrent à vous.
Ces acteurs ne sont pas là pour préconiser l’avortement dans tous les cas mais pour vous écouter et vous présenter les différentes solutions qui s’offrent à vous. Car l’important c’est de vous écouter personnellement dans ce genre de situation.
Et puisque le mot d’ordre semble être que « le meilleur IVG est celui qu’on évite », pourquoi ne pas plutôt faire de la prévention en matière de contraception ? Simple suggestion en passant, hein. Si vous voulez, on peut même vous conseiller, on fait de très chouettes vidéos qui font de jolis cartons sur le sujet.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Je ne sais pas qui est le génie qui a fait ça mais bravo à lui-elle!