Les Pokémon et moi, c’est une histoire d’amour qui dure depuis longtemps. D’aussi loin que remonte ma mémoire, j’ai l’impression qu’ils ont toujours existé dans mon coeur. Au départ, ce n’était que de simples cartes qu’on s’échangeait pendant notre longue récréation de primaire. Ensuite le dessin animé est arrivé et m’a collé devant ma télévision à heure fixe. J’ai rêvé d’être Sacha (ou au moins de lui faire des bisous), de parcourir le pays à la recherche de petites bestioles mutantes dotées de pouvoirs magiques… mais néanmoins dociles, on sait pas trop pourquoi.
Un jour, le fils de ma nounou me fit découvrir les joies de la GameBoy Color, cet étrange appareil diffusant une musique qui pourrait rendre fou n’importe quelle entité vivante. Grâce à celle-ci, j’ai pu enfin vivre l’expérience ultime : dresser et élever mes propres Pokémon. C’est à partir de là que tout a basculé. Je suis tombée amoureuse des monstres de poche, pour toujours, probablement.
J’ai eu beaucoup de mal à recadrer l’image : j’aurais voulu pouvoir les mettre tous.
Quand j’avais six ou sept ans, les Pokémon sont entrés dans ma vie et n’en sont jamais ressortis. Je pense que si Satoshi Tajiri m’entendait, il penserait qu’il a sacrément bien réussi son truc, il y a dix-huit ans déjà.
Dans le jeu vidéo, tout était fait pour que tu t’attaches à ton équipe. Au départ, tu devais choisir ton compagnon principal pour une aventure à longueur variable. Moi par exemple, j’étais plus du genre à aller exprès dans les hautes herbes pour voir de nouveaux spécimens, à parcourir tous les chemins avant de prendre le plus rapide et donc à finir le jeu trois ans après tout le monde. Mais je m’en foutais. J’avais ma petite armée, on était forts ensemble, on s’aimait d’un amour profond, viscéral.
À chaque nouvelle cartouche, je renouvelais l’expérience. Rouge, argent, rubis, vert feuille, perle… j’aimais bien rencontrer de nouveaux personnages, briefer une nouvelle équipe. N’importe qui aurait pu soulever le fait que les jeux se ressemblaient comme deux goutes d’eau : choix du Pokémon, arènes, Pokémon légendaire, fausse Team Rocket, Ligue. Je me foutais du but, c’était le chemin pour y parvenir qui m’importait plus que tout.
Une personne normale aurait refilé sa vieille cartouche à un gamin histoire de faire un heureux. Moi, je ne pouvais me résoudre à perdre ma précieuse équipe. Mes jeux dorment dans un endroit aussi sécurisé que Gringotts. Je vais rendre visite à mes Pokémon chéris quand l’envie me prend. Si je ne le fais pas toutes les trente secondes, peu importe : je sais qu’ils sont encore là et c’est le principal.
Si j’étais privée de ça, je serais plus malheureuse encore qu’une pierre tombale sous une tempête de grêlons.
Figure-toi que les Pokémon m’ont apporté beaucoup. Ils ont été les catalyseurs d’une bonne dose de sentiments qui m’étaient jusqu’alors inconnus…
Les Pokémon et l’empathie
J’avoue, je ne suis pas née avec une grosse dose d’empathie. C’est comme si on m’avait administré la dose minimale et basta. Je n’ai jamais été douée pour la compréhension, je ne me suis jamais apitoyée sur le sort d’un être humain. Petite, c’était encore pire.
Les Pokémon ont été un bon moyen de me rendre compte que tout n’est pas rose poudré et que même les individus différents méritaient d’être traités avec dignité.
Crois-moi, il en faut du courage et de la force pour élever et aimer un Grotadmorv.
Et pourtant, j’ai appris à aimer ce tas de mucus infâme comme mon chien. Au fond, ce n’est pas parce qu’il lançait des attaques à la consonance grotesque qu’il n’était pas digne d’intérêt. Certes, je ne collectionnais pas les Pokémon les plus sexy comme des trophée de chasse. Je ne me lançais pas corps et âme dans la conquête du Pokémon légendaire ou du Feunard au pelage le plus soyeux. Il me suffisait simplement d’un combo Bomb-Beurk x Detricanon pour faire taire tous mes détracteurs.
Depuis que je suis dresseuse de Pokémon, j’ai la fâcheuse manie de constituer mon équipe relativement rapidement. Une fois que j’ai mes six Pokéball à la ceinture, je ne cherche plus à attraper d’autres espèces. Je ne suis pas du genre à laisser mes amis dans des boîtes au fond d’un PC non identifié. Je me suis toujours imaginé cet endroit comme un carton sombre dans lequel la lumière ne percerait que par un unique petit trou. Hors de question d’abandonner qui que ce soit là-dedans !
Un jour, j’ai dû relâcher un Goélise après quelques heures de jeux. Il ne me convenait pas. Je n’ai pas pu me résoudre à le laisser dans le PC, esseulé et triste. Je l’ai chassé sur la mer bleutée, sachant que je ne le reverrais certainement jamais. J’ai pleuré.
Littéralement.
Je n’ai jamais réitéré la même erreur.
Il m’arrive souvent d’attraper un Pokémon sur un coup de tête. Je le rencontre au détour d’une caverne et il me tape littéralement dans la rétine. Je l’attrape et je me sens surpuissante. Mais il arrive qu’après je retombe sur son sosie tous les cinq pas, ou pire, qu’il évolue de manière totalement innommable.
J’ai dû dernièrement faire face à ce cas de figure un poil compliqué : je me baladais en roller histoire de profiter de la région de Kalos quand cette adorable créature m’est tombée dessus.
Petit ballon + moumoute nuage + petits coeurs = lancer de Pokéball et croisement de doigts.
Mignonne, la bête ! Je la plaçai au chaud dans mon équipe et m’en occupai comme le petit dernier de la bande. Pourtant, mon joli Baudrive a assez vite évolué en une chose moche et lourdingue.
Pourquoi tant de haine ?
J’ai gardé mon Godrive malgré son physique particulier, je l’ai aimé de tout mon coeur et de tout mon stylet (3DS représente). Il fait aujourd’hui partie de mon peloton de tête et j’en suis très fière. Ton méga-Dracaufeu peut aller se rhabiller.
La confiance en moi et les Pokémon
Je suis passé par toute les phases avec les Pokémon. Petite, je passais inaperçue. Je collectionnais les cartes dans un bel étui, j’apprenais à lire l’heure sur une montre Pikachu et j’entassais les répliques et les peluches à leur effigie.
Maintenant, je n’ai pas honte de dire que je joue encore aux jeux vidéo. Je me suis presque roulée par terre en payant ma cartouche Pokémon X et j’y passe des heures sans ressentir la moindre honte.
Mais ça ne s’est pas toujours passé comme ça. Quand j’étais au collège, il y avait deux types de personnes : celles qui jouaient encore à Pokémon (ou son confrère Yu-Gi-Oh) et ceux qui avaient grandi. Bien évidemment, il était hors de question de faire partie des premiers. Avoir des monstres dans la poche à l’époque était signe de maladie mentale, de rétrécissement de l’encéphale. Tu ne pouvais pas faire ça.
Mais moi, j’aimais toujours Mentali et Limagma d’un amour fou.
Du coup, il fallait que je me cache. J’avais l’impression d’être l’ennemi sur une zone minée, dans un monde peuplé de collabos. Pour aller acheter ma version de Pokémon Rubis, je me rappelle avoir tout mis en oeuvre pour que le magasin entier sache que je venais faire un cadeau à mon petit frère. T’ENTENDS ÇA, LE VENDEUR, LE CAISSIER, LE VOISIN DE RAYON ? POUR MON PETIT FRÈRE HEIN.
« On a jamais vu autant de bordel à la FNAC depuis la vente du vente du dernier best-of de Tokio Hotel. »
Je me suis rendue compte qu’il ne servait à rien de cacher sa vraie nature. J’ai pris un peu plus confiance en moi. Plus tard, j’ai appris à brandir fièrement les produits dérivés Pokémon une fois à la caisse.
Mon côté maman-poule et les Pokémon
J’ai toujours eu tendance à être un peu trop protectrice avec mes Pokémons. Avoue que c’est à contre emploi, quand on sait qu’à la base tu es censée les envoyer se mettre sur la tronche à longueur de journée. J’ai toujours prôné le combat constructif : pas de blessures quand ce n’est pas nécessaire. Ma ligne de conduite a toujours été et sera toujours « il vaut mieux fuir que guérir ».
Je préfèrerais laisser tomber un Pokémon légendaire que de voir mon équipe se faire laminer. Je favoriserai toujours la poudre d’escampette à la défaite par K.O. D’ailleurs, en plus de 15 années de gameuse, que tu y croies ou non, je n’ai jamais battu un champion de la ligue. J’ai toujours voulu avoir une équipe prête à gagner du premier coup, sans laisser de traces. Pour l’instant ce moment ne semble pas être arrivé.
Non, je ne suis pas désaxée. Je suis prévenante. C’est tout.
Si un seul de mes Pokémon est K.O., je tente de trouver le centre le plus proche dans un temps record. J’aime être entourée de petits monstres en bonne santé. C’est aussi pour ça que je dépense la quasi-totalité de mon argent en soins, rappels et potions en tout genre. Avec le savoir que j’ai acquis depuis tout ce temps, je pense pouvoir écrire un Vidal spécialisé.
Je suis une vraie mère poule en ce qui concerne mon bataillon. Chacun a le droit à un traitement de choix, et pour ça, les nouveautés des versions X et Y n’aident pas trop. Parmi elles, il y a la Poké Récré. C’est un mode de jeu qui te permet de rendre visite à ton Pokémon, lui faire des papouilles, jouer avec lui et le nourrir de profiteroles jusqu’à ce qu’il meure d’une crise de foie. C’est un bon moyen de te lier d’un amour sincère avec ton compagnon.
Inutile de te dire que j’y passe des heures. Je fais glisser mon stylet sur son ventre poilu/gluant/brûlant/humide pour qu’il m’aime un peu plus. La cerise sur le gâteau, c’est quand, ayant accumulé assez de coeurs, mon animal mutant se tourne vers moi lors des combats. Je fond.
Forcément sur Internet il faut toujours que ça dégénère.
Je hais les enfants, mais je pourrais faire mon Infirmière Joëlle jusqu’à la fin des temps.
Mes Pokémons m’ont enseigné le principe d’assistance à personne en danger. Ils m’ont appris à ne jamais me jeter dans la gueule du loup, à ne pas ma la jouer YOLO. Grâce à eux, je jauge toujours une situation avant de m’y lancer. Pour ça, j’aimerais d’ailleurs remercier en particuliers les dresseurs cachés, ces sacrés vicieux.
La défaite
Un jour, j’ai tenté d’attraper un Pokémon légendaire. Malheureusement j’avais totalement omis un détail : dénicher un accessoire de type MasterBall. Je suis arrivée face à lui, je l’ai attaqué. Je l’ai mis K.O. en trois coups. Fin de l’histoire.
Dans la même veine : un jour j’ai envoyé mon Magicarpe au combat.
La défaite, donc.
Dans la vie, j’aime trop mes Pokémons. Et je trouve qu’ils me le rendent vachement bien. C’est assez fou quand on sait qu’il s’agit en fait de courants électriques, de quelques pixels sur un écran.
Pokémon, c’est tout un univers dans lequel j’ai été propulsée dès l’enfance. Ça m’a forcément poussée à m’en imprégner un peu plus que la normale. C’est comme un doudou avec lequel j’aime me frotter les joues. Pokémon, c’est une petite leçon de vie, de stratégie et d’entraide. De l’amour en barre chocolatée quoi.
Allez je te laisse, c’est l’heure du bain de Psykokwak.
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Les Commentaires
Par contre, contrairement à Juliyeuh, je fonctionne aux sentiments pour le choix de mon équipe : Dracaufeu car le premier Pokemon de toute ma vie, Ossatueur car Osselait est tellement mignon uppyeyes: (et finalement il est trop balèze ce petit), Lokhlass car il a l'air trop cool... Et finalement je ne m'en sors pas trop mal ^^