Coucou vous ! Vous allez bien ?
Cette semaine, c’est Léonore qui vient vous partager son histoire : décider de s’arrêter de s’épiler, même si ça veut potentiellement dire renoncer à « être sexy ». Spoiler alert : c’est faux.
Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.
Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.
Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?
Les illustrations sont faites par mes petites mains et à partir de photos envoyées en même temps que le texte. J’en reçois plusieurs et je choisis celle qui m’inspire le plus.
Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.
Poilue, fière et profondément belle
J’ai 19 ans et ça fait maintenant 1 an et demi que j’ai arrêté de m’épiler.
C’est assez jeune que je me suis intéressée aux causes féministes en général, puisqu’il existe de nombreuses branches de féminismes…
Disons que le mien relève plus du féminisme dans l’intimité, et donc du rapport que j’entretiens avec mon corps.
À l’époque, quand j’ai décidé de laisser libres mes poils, c’était uniquement une conviction. J’estimais — et à juste titre — que je n’avais pas à me faire chier avec mon épilation, soit douloureuse quand je m’épilais, soit urticaire quand je me rasais.
On connaît toutes ça, toutes ces galères pour arracher, couper, teindre le poil innocent. Et tout ça pour quoi ? Pour être belle, sexy, douce ? En tout cas, moi je ne le faisais que pour ça.
Je me suis rendu compte que c’était une réelle violence que j’infligeais à mon corps, et que c’est seulement à la fin de mon adolescence que je l’ai compris.
Alors j’ai franchi une étape, celle de renoncer aux désirs des hommes. Je suis jeune et conditionnée par une société aux valeurs bancales, alors j’ai cru qu’en laissant mes poils tranquilles, aucun homme ne voudrait de moi.
Je me suis faite à l’idée que si je voulais défendre mes convictions, que si je voulais me revendiquer « féministe », je devrais également me faire à l’idée de ne pas pouvoir m’épanouir dans ma sexualité et de demeurer frustrée.
Ce n’est pas évident de renoncer aux désirs des hommes, de décider de ne pas être sexy, parce que je suis né dans un drôle de monde où on me demande d’être « baisable » mais sans être une salope non plus, évidement…
Mais heureusement, ma petite expérience m’a permis, à moi et à mes poils, de m’apercevoir que c’était une erreur, qu’on pouvait plaire, et même plus que certaines autres femmes parfaitement épilées sur la plage.
Et en fait, ma sexualité n’a jamais été aussi épanouie que depuis que je suis « poilue ».
J’ai rencontré des hommes qui aimaient ça, des hommes qui s’en fichaient, qui se contentaient de me dire : « non mais tu fais ce que tu veux avec ton corps, c’est pas le mien. »
C’est parce que j’ai décidé de faire primer mon bien-être avant tout que j’ai encouragé des rencontres viables, des rencontres qui validaient ma liberté en tant que femme, ma liberté d’aimer le sexe sans être une salope, d’aimer mes poils sans être considérée comme une extrémiste négligée.
Je me suis rendu compte qu’on pouvait faire changer les choses.
Et c’est vrai, ça fait du bien de se rendre compte que le corps au naturel d’une femme peut être esthétique. Nos poils, nos seins qui tombent, nos poignées d’amour, notre transpiration sont notre sensualité.
Nous avons le droit de garder nos poils, comme nous avons le droit de les enlever. Parce que nous sommes profondément belles.
Témoigner sur ses complexes, ça fait quoi ?
J’ai également demandé à Léonore de faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir son corps illustré, ça fait quoi, qu’a-t-elle ressenti ?
Pour répondre à tes questions, j’encourage toujours les témoignages.
Ça fait du bien de manière générale de dire, tout simplement, ce que l’on pense/ressent/vit.
Il a quelque chose de réconfortant pour moi dans l’idée de confier des histoires intimes, même à des inconnus (et également d’en lire ou d’en écouter).
Puis au-delà du réconfort que ça peut procurer (pour moi en tout cas), je pense que ce n’est qu’en témoignant, en écoutant qu’on se fait une réelle opinion sur des questions d’intimité corporelle et sexuelle.
Concernant l’évolution de mon regard, c’est tout le temps en variation. En fait, j’ai l’habitude de faire ce genre d’expérience !
Je suis étudiante en photo, et je m’intéresse beaucoup aux corps, toutes sortes de corps, c’est ce que je préfère photographier.
Je pose régulièrement nue pour des photographes et quelques peintres, c’est toujours des moments très chouettes (sauf quelques rares exceptions, notamment avec des photographes parfois trop entreprenants si tu vois ce que je veux dire).
J’ai donc l’habitude de voir mon corps, le regarder ne me fait plus peur.
Je suis très impudique de manière générale, puis mon rapport au corps s’est beaucoup simplifié depuis mes 15 ans à peu près.
J’aime bien rire de mon corps, par pour me moquer méchamment, mais je « joue » avec, en faisant des choses inutiles mais qui me font rire.
Je peux mettre mes tétons dans ma bouche, ou faire pleins d’autres conneries avec mes seins, et je suis très souple donc tout ça, c’est bien rigolo pour moi. J’aime l’idée que mon corps soit rigolo.
Enfin bon, merci pour ton illustration qui est bien comme elle est. Je ne reconnais pas mon visage mais ce n’est pas spécialement dérangeant pour moi. Je suis allée voir tes autres dessins, et c’est ton style, à la fois brut, cru mais tendre aussi.
Je pense que c’est bien comme ça, encore merci !
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