L’adolescence ne connaît aucune justice.
Quand j’étais au collège par exemple, elle avait distribué des seins à taquiner tous les slips de puceaux à la populaire Chloé, et ne m’avait personnellement attribué qu’une moustache de quinquagénaire et la sudation d’un malamute.
Une adolescence passée la tête sous l’eau
Généreuse ou taquine, à vous de choisir, l’adolescence m’avait aussi, et pour parfaire ma panoplie d’ado dégueulasse, affublée d’une passion tristement banale pour les cétacés.
Quand j’avais 14 ans, j’étais donc persuadée que mon destin était celui d’océanologue. J’ai obligé ma mère à repeindre les murs de ma chambre en bleu marine, les ai ensuite recouvert de posters de marsouins, et puis j’ai acheté des dizaines de figurines d’orques et de coussins tortues. Histoire d’avoir bien aucune chance d’un jour ken un mec.
Et puis la réalité est venue taper à la porte de ma chambre. La réalité c’est que j’étais nulle à chier en maths, et avais à peu près 0 espoir d’être un jour océanologue.
Qu’à cela ne tienne, j’ai donc décidé de devenir un dauphin moi-même. Pendant un an, je n’ai donc mangé que des sardines et me suis entrainée à l’apnée en plongeant mon nez dans un verre d’eau.
C’est là, dans les profondeurs de ma chambre d’ado, que j’ai osé mon premier kakakakakaka. J’étais désormais Jacques Maillol dans le Grand Bleu, prête à chatouiller la mer d’une ondulation de bassin et de ma moustache de quinqua.
Le retour des influenceurs Roaccutane le plus prisés de Netflix
Bon alors tout ça pour vous dire que l’adolescence, c’est pas facile pour tout le monde. C’est même facile pour personne, et surtout pour Eleven, Lucas, Will, Dustin, Max et les influenceurs Roaccutane d’une des séries les plus populaires de Netflix : Stranger Things.
Alors, ça faisait un petit bail qu’on les avait pas vu, nos jeunes polissons, collégiens et enquêteurs spécialisés dans le surnaturel. Ca faisait même 3 ans. 3 ans que tous les abonnés de Netflix retenaient leur souffle pour savoir si Hopper était vraiment mort et si le Demorgorgon allait enfin foutre la paix aux habitants d’Hawkins.
La réponse, on l’a eue vendredi dernier, car Netflix a enfin mis en ligne les 7 premiers épisodes de cette saison 4.
Perso, je me rappelais plus grand chose de la saison précédente, d’abord parce qu’elle commençait sérieusement à dater, ensuite parce que j’avais été positivement déçue par ses enjeux étalés à la truelle et à son éternel monstre, qu’on se trimballait depuis le jour 1. Franchement, au vu des saisons 2 et 3, je me disais carrément que Stranger Things n’aurait dû être qu’une mini-série, et s’en tenir à sa première saison, qui était, rappelez-vous, surprenante, drôle, fraîche, et rendait surtout un hommage tout à fait agréable aux 80’s.
Le problème c’est qu’ensuite, Netflix a appliqué cette recette à BEAUCOUP d’autres programmes, ce qui fait qu’on se retrouve aujourd’hui, non plus avec une ligne éditoriale mais carrément avec des programmes totalement uniformisés. Ça n’a pas pu vous échapper : Stranger Things ressemble à Sex Education, qui ressemble à Glow, qui ressemble à encore 10 séries de la plateforme.
C’est pourquoi j’ai regardé cette saison 4 dans la seule optique d’écrire un épisode méchant du Seul avis qui compte. Et puis, parce que finalement la recette de Netflix, à l’instar de Coca-Cola, fonctionne bien, je me suis laissée prendre au jeu.
Un programme intense
Dans Stranger Things saison 4, on prend les mêmes et on recommence. Eleven est toujours avec Mike, sauf qu’elle vit désormais avec Will et Jonathan en Californie. Et que son intégration dans le monde des ados normaux ne se passent pas bien du tout. Elle se fait harceler du matin au soir par les pestes du lycée. De leur côté, Dustin, Nancy, Lucas, Max et les autres font leur petit bonhomme de chemin, entre problèmes de coeur, disputes entre copains et popularité naissante.
Jusqu’au jour où une élève du lycée d’Hawkins est sauvagement assassinée par une espèce de démon tout cradingue dans une caravane, où elle essayait d’acheter de la drogue.
D’après la presse, la télé et la plupart des habitants de la petite ville, c’est le dealer de la lycéenne qui l’a assassinée. En réalité, c’est encore un gars chelou de l’Upside Down qui veut faire chier un max de monde.
Notre troupe de joyeux boutonneux se donnent donc pour mission d’éradiquer le démon dégueulasse. Alors, pour n’importe quel être humain censé, ça semble être une mission impossible à mener quand on a 16 ans et un sens des responsabilités équivalent à celui de Bruno Lemaire. Mais pour nos geeks adorés, c’est juste une ballade de santé.
Résultat, ils sillonnent les Etats-Unis avec des agents secrets à leur trousse, ils dégomment des chauves-souris possédées dans l’upside-down et nourrissent en douce l’homme le plus recherché de la ville dans la forêt.
Euh… alors perso moi quand j’avais 16 ans, le truc le plus ouf que j’ai fait, c’est de prendre le métro toute seule. Ah non, c’est de me prendre pour un dauphin pardon.
Ah oui, j’allais oublier : pendant ce temps, Joyce, la mère de Will, Jonathan et Eleven, est en Russie où elle essaie de faire sortir Hopper de prison, alors qu’il est lui-même en train de quasiment se faire bouffer le cul par un Demogorgon.
Un programme intense pour une saison qui ne fait que 9 épisodes. Pour info, seuls 7 sont sortis sur Netflix et les deux autres sortiront début juillet.
Un bon cocktail de références
Ecoutez, je sais pas ce que vous avez pensé, mais après des débuts TRÈS LONGS (genre il faut au moins 3 épisodes à l’intrigue pour s’installer), Stranger Things saison 4 s’avale comme un bon Xanax en période de Covid.
Pour la simple et bonne raison que les personnages fonctionnent à merveille. Enfin, notre terreau d’anciens personnages, j’entends parce que les nouveaux, c’est cata. Je sais pas ce que les scénaristes ont essayé de nous faire avec le pote de Jonathan là, celui qui a les cheveux longs, mais toutes ses blagues et toutes les situations dans lesquelles il est sont à côté de la plaque. Franchement c’est gênant, dès qu’il parle j’ai eu l’impression de regarder un spectacle de Kev Adams.
Sinon, ce qui a particulièrement été réussi cette saison, c’est l’hommage aux figures classiques de l’horreur. C’est via les références à mes films préférés que Netflix a réussi à m’avoir. Dans cette saison 4, on fait des allusions à Freddy les griffes de la nuit, à Halloween, à Vendredi 13, à Carrie au bal du diable, à Van Helsing aussi je crois, à moins que j’ai rêvé.
Bref, c’est donc avec ces solides références que la série a gagné en maturité et en effroi aussi. Franchement, ya notamment une scène où Maxine essaie de s’échapper de l’Upside Down en courant comme une dératé au son de Kate Bush, bah franchement j’ai flippé et mon coeur a battu la chamade. Quel kif !
Un billet (presque) pas salé
Par ailleurs, le programme a gagné en profondeur, en abordant le harcèlement scolaire sans fards, avec toute la cruauté dont il relève, il évoque aussi la difficulté à rester amis quand on est loin géographiquement de sa bande de potes, il laisse sous-entendre que l’un de ses personnages est gay, bref, cette saison est non seulement riche en éléments horrifiques, elle est aussi pavée des enjeux que connaissent VRAIMENT les ados.
Et bah ça m’a touchée, voilà j’le dis. Je voulais détester pour vous pondre un billet salé et finalement j’ai passé plus de sept heures scotchée à ma télé, comme une môme.
Ça ne signifie pas que le programme est sans défaut. Bien au contraire. S’ils m’ont eu à l’affect, la forme a de vraies lacunes. La réalisation, hyper clipée, a failli me faire avoir 186 crises d’épilepsie. Et puis bon sang, qu’est ce que c’est que cet Upside Down ? On dirait une version moche de Van Helsing, ouais ‘fin Van Helsing quoi, qui aurait été dessinée par des ados satanistes.
Franchement, c’est moche.
Ne dégoûtez pas les autres de Shakira
Ah oui, j’allais zappé ça : l’arche d’Eleven est vraiment hyper ennuyeuse. La pauvre Eleven est ENCORE de retour dans un labo sous l’égide de « papa » pour qu’elle recouvre ses pouvoirs, qu’elle a perdu pour une raison que la série justifie à la va-vite et de manière incompréhensible.
Et la voir regalérer à déplacer des objets pendant 4h, c’est particulièrement pénible. Surtout quand toute cette arche ne sert qu’à un vieux plot twist final qui n’apporte strictement rien à l’univers du programme, si ce n’est un méchant claqué au sol qui a une vieille dégaine méphistophélique.
Eleven, en plus, a pas perdu que l’usage de ses pouvoirs mais aussi de son bon sens, puisqu’elle arrête pas de dire « Friends don’t Lie », au lieu de Hips dont lie.
Allez, c’est ma meilleure blague donc je propose qu’on se laisse là-dessus. Que vous soyez un vieux cynique ou une jeune jouvencelle, cette saison 4 de Stranger Things devrait vous happer, car plus musclée, plus dark, plus adulte et plus fantastique.
Laissez donc une chance à la série, contrairement à votre vieil ex toxique qui se lavait jamais les pieds, de vous reconquérir. Et soyez indulgents. Rappelez-vous que l’adolescence, c’est difficile. Particulièrement quand on est persuadée d’être un dauphin.
Le seul avis qui compte est un podcast de Madmoizelle écrit et présenté par Kalindi Ramphul. Réalisation, musique et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Marine Normand.
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