Cette semaine, le podcast hebdomadaire Le seul avis qui compte, dans lequel Kalindi chronique sa mauvaise humeur ciné, parle du terrifiant Haters, de Stéphane Marelli. Ce texte en est la retranscription.
Cette semaine, il a fait si beau qu’on serait presque à deux doigts d’oublier que c’est une période de merde, où même la perspective de noyer notre dépression nerveuse de fin d’année dans les boites de nuit est menacée par le GHB et globalement Jean Castex.
Heureusement, je suis là pour vous rappeler que l’existence est un enfer, et que la vivre revient à peu près à traverser le Styx en dos crawlé.
Moi par exemple cette semaine, j’ai subi une vraie torture, et le pire c’est que je me la suis imposée à moi-même : j’ai regardé le dernier film qui contient Kev Adams.
Haters, le mauvais film de la semaine
Vous allez me dire : vu le calendrier des sorties, t’aurais pu t’épargner ça, et plutôt nous parler de la splendide adaptation de West Side Story de Spielberg, du délicat Rose ou du puissant Une femme du monde, mais non, chers auditeurs !
Ça aurait été trop facile, car je les ai tous aimés, or je mets un point d’honneur à ce que cette chronique demeure le support rigoureux de ma mauvaise humeur cinématographique.
Donc lundi midi, pendant MA PAUSE DÉJEUNER (ce qui revient à peu près à trahir mon adage préféré qui est : chier ailleurs qu’au travail est un manque de respect pour votre temps libre), j’ai regardé Haters, de Stéphane Marelli. Et c’était… éprouvant.
J’ai hésité à faire cette chronique dessus parce que je n’ai pas pour habitude de tirer sur les ambulances (lol c’est précisément l’objet de ce podcast), mais devant la persistance d’Amazon Prime Video à distribuer tout et n’importe quoi sitôt qu’on y met un youtubeur ou une star d’Internet, j’ai décidé de faire une entorse à la règle.
Haters, de quoi ça parle ?
Haters, c’est l’histoire de Thomas le Lama (voilà, je suis déjà fatchiguée), une andouille qui cartonne sur Internet depuis qu’il a fait la tournée des grands ducs avec un lama.
Sur sa chaîne, il filme des canulars avec son meilleur pote, une sorte d’imbécile sapé comme s’il était influenceur déguisements pour Ali Express mais qui est sans doute le seul gars un peu attachant du film, probablement parce qu’il est joué par un gars hors sol, ce bon vieux Esteban, aussi connu sous le nom de David Boring, le chanteur des Naïve New Beaters, qui est dans mon esprit le mari spirituel d’Arielle Dombasle.
Bref, Thomas le Lama est à deux doigts de passer le million d’abonnés, et il entend bien fêter ça en grande pompe sur sa chaîne.
Alors il loue un lama, et propose sa meuf en épousailles en la filmant à son insu. Résultat, sa meuf le hait, et Thomas est accusé par le tout-Internet d’être une raclure de bidet, qui exploite les animaux et ne respecte pas sa go.
Alors il a l’idée d’aller toquer à la porte de tous les haters qui l’ont insulté en ligne pour voir s’ils seraient capables de lui balancer les mêmes saloperies en pleine poire.
Vous l’aurez compris, le postulat de Haters est prétexte à une avalanche de sketchs avec pleins d’habitués infernaux du cinéma français comme Elie Semoun, Philippe Lacheau, Fred Testot ou encore JEAN-CLAUDE VAN DAMME, qui après son magnéto dans Danse avec les stars confirme qu’il est un peu perdu depuis qu’il ne fait plus de grand écart entre des camions.
Franchement Jean-Claude si tu m’écoutes, « Gipépé », comme diraient nos amis italiens !
Les bons points de Haters
Puisque je suis une femme clémente, il faut quand même que je précise que Haters a un énorme atout : il est pédagogique.
En effet, grâce à lui j’ai eu l’idée de faire des recherches sur le lama et j’ai découvert qu’en plus d’être un animal de la famille des canidés, c’est le nom d’un groupe de punk rock finlandais, le titre d’un album de Serge Lama lui-même et le nom de famille de Perle, une chanteuse de zouk française née en 84.
Voilà, c’est la seule qualité du film. Allez, si je suis fairplay, j’en compte une autre : son générique de début qui est franchement marrant et présente toute l’équipe sous forme de commentaires de haters.
J’en ai choisi quelques-uns : « Qu’est ce que Clara Joly, Elie Semoun, Sara Forestier, etc. sont venus faire dans cette bouse ? » qui est précisément la question que je me suis moi-même posée ; « Coproduit par Kev Adams qui n’a même pas lu le scénario » ; et mon préféré : « Écrit par Romane Boulanger qui aurait mieux fait de retourner faire du pain ».
Après ce générique, j’ai eu l’espoir que Haters soit à la hauteur de sa promesse acide et traite avec contemporanéité de problématiques actuelles comme le cyberharcèlement, mais malheureusement, le concept du film meurt au bout de deux sketchs seulement, et ferait passer Les Tuche 4 pour un joyaux du 7è art taillé par David Lynch.
Haters, dont le titre pourrait faire croire qu’il est sorti en 2008, finit par enfoncer toutes les portes ouvertes possibles : des portes de prison, des portes cochères, des portes d’entrée, et même des portoloin. Pire encore, il vomit un propos victimaire sur le pauvre Kev Adams, qui semble croire que ceux qui ne l’aiment pas sont simplement des imbéciles ou des personnes qui le jalousent en secret. Ouin ouin.
Je ne tomberai pas, n’insistez pas, dans l’écueil de l’analyse du man bun de Kev Adams : je tiens à conserver ma dignité journalistique, merci.
En conclusion, Haters m’a positivement ennuyée, comme beaucoup des productions françaises diffusées par Amazon Prime Video, qui sous un vernis de modernité semblent avoir été écrites à la sève d’arbres centenaires.
À vous, désormais, de deviner si j’ai vraiment détesté ce film ou si je joue la carte de la hateuse simplement pour faire un clin d’oeil à Kev Adams qui est secrètement mon idole. Un indice se cache dans le nombre d’étoiles qu’a accordé la presse au film sur Allociné. À savoir : une.
Le seul avis qui compte est un podcast de Madmoizelle écrit et présenté par Kalindi Ramphul. Réalisation et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Mymy Haegel. Direction de la rédaction : Mélanie Wanga. Direction générale : Marine Normand.
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