Publié le 13 septembre 2017 — Mardi 12 septembre, Marlène Schiappa, Secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, était face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC.
Elle a notamment affirmé sa volonté d’aboutir à la verbalisation du harcèlement de rue.
Mais elle a également, à cette occasion, annoncé un autre engagement du gouvernement : celui d’ouvrir l’accès à la Procréation Médicalement Assistée à TOUTES les femmes.
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La PMA (enfin) pour toutes en 2018 ?
Jean-Jacques Bourdin pose des questions directes et ne lâche pas avant d’avoir une réponse claire. Marlène Schiappa est « bonne cliente » dans l’exercice, elle ne détourne pas la question. Ainsi, lorsque le journaliste lui demande :
« Promesse d’Emmanuel Macron à propos de la PMA, c’est un engagement de campagne : est-ce qu’une loi ouvrant la PMA à toutes les femmes sera rédigée et proposée par le gouvernement avant la fin du quinquennat ? »
Marlène Schiappa répond sans détours :
« Évidemment, c’est un engagement de campagne, donc comme tous les engagements de campagne du Président de la République, il sera tenu.
En termes de calendrier, nous serons sur l’année qui arrive, 2018, probablement avec les révisions de la loi bioéthique.
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JJB : — Si j’ai bien compris, la PMA sera ouverte à toutes les femmes en France ?
MS : — Je ne préjuge pas du débat parlementaire, mais c’est ce qui sera proposé, en effet, oui.
JJB : — C’est ce que proposera le gouvernement ?
MS : — C’est ce que le Président de la République avait annoncé dans son programme, très clairement.
JJB : — Le Comité d’Éthique a dit oui, d’ailleurs.
MS : — Le Comité d’Éthique a émis un avis favorable. Le Président de la République avait soumis cet engagement à l’avis du Comité National d’Éthique, l’avis est favorable, il n’y a rien qui nous empêche de rendre la PMA légale pour toutes les femmes, et je vais vous dire: c’est une question de justice sociale.
Parce qu’actuellement, on constate qu’il y a des femmes en France qui ont les moyens d’aller à l’étranger faire une PMA, et des femmes en France qui n’en ont pas les moyens.
Elles ne font rien, ne peuvent pas avoir d’enfants, ou alors le font avec des méthodes artisanales qui mettent en danger leur sécurité, leur santé, ce qui n’est pas souhaitable pour la société que nous voulons. »
Alors, excellente nouvelle, vraiment. Cette annonce a été reprise par de nombreux titres de presse. Je suis, à titre personnel, un peu moins enthousiaste. Déjà, parce qu’on m’a déjà promis la PMA pour toutes en 2012, c’était déjà un engagement de campagne d’un futur Président de la République — François Hollande.
Mise à jour du 17 septembre 2017 — Bon, ben il aura fallu moins d’une semaine pour que l’enthousiasme autour de cette promesse soit tempérée. Ou plutôt, comme le titrait Le Monde ce dimanche 17 septembre, « relativisée » : Schiappa relativise l’engagement de la généralisation de la PMA pour toutes les femmes dès 2018.
On passe de « en 2018 » à « fin 2018 », et de « il n’y a rien qui nous empêche de rendre la PMA légale » (cf ci-dessus), à : « nous débattrons effectivement de la PMA et le gouvernement proposera d’ouvrir la PMA », dans le cadre des États généraux de la bioéthique.
La ministre a ajouté que :
« La PMA sera adoptée avant la fin du quinquennat, c’est un engagement du président »
Je continue d’y croire, mais j’attendrai la fin des promesses et le début des actions avant de me réjouir. (/fin de la mise à jour !)
« Rien ne nous empêche de rendre la PMA légale pour toutes les femmes »
Et ce, parce que je vois très bien ce qui pourrait « empêcher de rendre la PMA légale pour toutes les femmes » : par exemple, des cortèges de gens agitant des drapeaux roses et bleus…
L’Abbé Grosjean, très engagé contre le mariage pour tous…
Toujours les mêmes, toujours à faire front contre les droits des personnes LGBT.
Hier le mariage pour tous, aujourd’hui la PMA pour toutes.
Je réserve donc mon enthousiasme pour le vote de la loi, pas pour les annonces que seront encore faites d’ici là.
Mercredi matin sur France Info, Laurent Wauquiez réaffirmait déjà son opposition à l’annonce faite par Marlène Schiappa la veille.
Le rapport entre la PMA la marchandisation du corps de la femme vous paraît flou ? C’est normal. Car le don de sperme, comme celui d’ovocytes, qui peut aboutir à une PMA, est anonyme et gratuit.
Non, le gros raccourci tiré ici par Laurent Wauquiez, c’est que PMA égale obligatoirement GPA, Gestation Pour Autrui : des femmes porteraient un enfant pour un autre couple, par exemple composé de deux hommes.
C’est un tout autre sujet, aussi vaste que complexe, et pas du tout celui dont il est question ici !
Marie Cystite contre la PMA, la chronique d’Alison Wheeler
« Un papa, une maman, la PMA c’est dégoûtant ! »
Alison Wheeler a renfilé le col Claudine et le rang de perles imaginaire de Marie-Cystite, son personnage soutenant la Manif pour Tous et forcément SCANDALISÉ par cette histoire de procréation pas naturelle du tout, pas comme Dieu nous a voulus.
C’est, bien évidemment, savoureux. Ne manquez pas la pique sur le harcèlement de rue à la fin…
Il est fascinant de voir l’obstination de certain•es à ne voir naître que des enfants conçus par un homme et une femme mariés, alors qu’il serait plus intéressant de favoriser les enfants conçus par des gens qui ont envie de les élever, de les aimer, de les soutenir, non ?
Et ce, quelle que soit leur future orientation sexuelle ou identité de genre, tiens. À bon entendeur…
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Les Commentaires
je reviens un peu tard sur le débat désolé (dis moi si tu veux que je te de-cite) mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu prends l'exemple de l'autisme. J'ai lu l'abstract de l'article que tu as posté et je ne comprends pas comment tu arrives à la conclusion d'un test qui détecterai les fœtus autistes.
Il y a vraiment énormément de pathologies pour lesquelles il y a des gènes de prédisposition, des antigènes détectables, etc, et ce n'est absolument pas pour ça que ces pathologies sont détectées avant la naissance. Je comprends que le sujet te touche mais je pense que tu extrapoles un peu les tests pré-nataux qui sont ou peuvent être fait.
Et comme je le disait plus haut, les situations de handicap c'est super vaste. Se concentrer sur l'autisme (et que certaines formes d'autismes parce que les troubles du spectre autistique c'est super vaste) ou la surdité dans ce genre de débats ça polarise un peu le truc, les pathologies dégénératives hyper lourdes ça existe aussi. Quid de l'IMG dans ces cas là? Quid de la douleur, de la souffrance? L'IMG c'est un sujet trop vaste pour le ramener forcement à son cas personnel et à l'autisme.
Personnellement je pense que j'ai donné niveau souffrance, et c'est loin d'être fini et je ne souhaite pas que mon enfant vive ne serait-ce que un quart de ce que j'ai vécu. Mon copain qui a son lot de problèmes "transmissibles" partage le même avis. On est peut être égoïste mais je pense surtout qu'on veut ce qu'il y a de mieux pour notre enfant, pas pour nous même. Ça reste un choix personnel et je n’érigerai pas mon vécu et mon avis en position universelle sur le sujet.
Des personnes font le choix de l'IVG parce que ce n'est pas le bon moment pour avoir un enfants, d'autres le font parce que le handicap de leur futur enfant leur semble trop grave ou insurmontable à vivre (pour les parents, pour l'enfant, pour surement des tas de raisons). Je ne vois pas ça comme plus noble d'avorter un fœtus parce que "ce n'est pas le bon moment" plutôt que d'avorter un fœtus parce qu'il va avoir une vie entière de souffrance.
L'IMG est peut-être un acte égoïste mais que dire de l'IVG alors?