Depuis le 29 septembre 2021, les femmes célibataires (aux yeux de la loi, c’est-à-dire non mariées) et les couples de femmes ont enfin accès à la PMA en France. Jusque-là, la procréation médicalement assistée était ouverte exclusivement aux couples hétérosexuels infertiles ou craignant de transmettre une maladie génétique à leur enfant.
Le nombre de demandes a surpassé toutes les attentes et les chiffres de l’année 2022 publiés ce mercredi 8 mars par l’Agence de la biomédecine font état de 22 800 demandes de premières consultations depuis septembre 2021. Claire de Vienne, médecin référente à l’Agence de Biomédecine a déclaré à l’AFP : « On a été surpris par l’ampleur des demandes et maintenant, on va entrer dans un processus de normalisation ». Ces propos ont été relayés par le quotidien Le Monde qui révèle également qu’entre août 2021 et décembre 2022, 11 800 premières consultations ont eu lieu, ainsi que 2 000 premières tentatives de procréation assistées.
Une vingtaine de naissances au 31 décembre 2022
Seuls 21 enfants issus de ces PMA avaient vu le jour au 31 décembre 2022. Comme le constate Le Huffington post dans un article paru ce matin, cela représente une naissance pour mille demandes. Fin 2022, l’agence de Biomédecine recensait toutefois 444 grossesses évolutives et prévoyait une hausse des naissances à venir.
La cause de ces premiers résultats décevants ? Les listes d’attentes sont longues et les personnes doivent attendre longtemps avant de pouvoir réaliser les premières tentatives de procréation. Toujours selon les chiffres de l’agence de biomédecine relayés par Le Monde, au 31 décembre 2022, un peu plus de 5 000 personnes attendaient une aide médicalisée à la procréation avec don de sperme. Les trois quarts (74%) étaient soit des femmes non mariées (38 %) ou des couples de femme (36 %).
Les délais varient en fonction des secteurs, mais les femmes patientent en moyenne 14,4 mois entre leur première consultation et le début des essais, rajoutez à cela neuf mois de grossesse en cas de succès.
Des paillettes menacées par la loi bioéthique
Si l’agence de biomédecine envisage d’ouvrir de nouveaux centres pour répondre à cette demande, Claire de Vienne nous rappelle que : « Tous ces projets ne sont possibles que s’il y a des hommes qui donnent ».
En 2021, on estime que 600 hommes ont donné leur sperme. Chaque don peut en théorie couvrir jusqu’à 10 tentatives de procréation, même si, selon le CECOS (centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains.) ces chiffres sont rarement atteints. Actuellement, les centres de PMA disposent de suffisamment de stock grâce aux anciens dons et ceux recueillis durant l’année. Malgré tout, les structures spécialisées fonctionnent à flux tendu et on ne sait pas encore ce qu’il adviendra du sperme recueilli avant l’application de la loi bioéthique. Toujours selon cette loi, les enfants nés d’un don de gamète pourront désormais connaître l’identité du donneur à leur majorité, s’ils le souhaitent.
Pour le moment, les stocks sont composés de paillettes recueillies avant et après la mise en application de la loi. Si le sperme utilisé pour une insémination a été prélevé avant l’application de la loi bioéthique, le donneur gardera son anonymat par défaut. À terme, ces paillettes plus anciennes seront probablement détruites pour des raisons éthiques, au risque de rallonger les listes d’attentes, faute de stocks. Quant à la levée de l’anonymat des donneurs, il faudra voir si elle a une quelconque influence sur le nombre de dons recueillis chaque année, mais il ne semble pas que ce soit le cas à l’étranger.
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