Avait-on besoin d’un polar confiné au fond de l’océan après deux ans où on a régulièrement été calfeutrées chez nous ?
Posée comme ça, forcément, la question n’est pas évidente à répondre. Mais vous auriez tort de vous arrêter à cette seule raison et de louper la formidable mini-série Vigil, très gros succès de la BBC en 2021 qui vient juste d’être diffusée sur ARTE et est disponible sur sa plateforme en ligne.
Vigil, la série policière dans un sous-marin qui fait suffoquer
Si vous êtes claustrophobe, ou comme moi une flippette des grands fonds, vous allez frémir d’effroi pendant une bonne partie des six épisodes de Vigil. Mais impossible de ne pas être happée par le suspense imparable de la série qui jongle avec l’enquête policière et le thriller d’espionnage, tout en donnant une vraie épaisseur dramatique à ses personnages.
À bord du HMS Vigil, sous-marin nucléaire britannique qui patrouille à quelques miles des côtés écossaises, un membre de l’équipage décède brutalement. Pas question de retourner au port pour débarquer le corps et procéder à une autopsie : c’est la commandante Amy Silva que l’on hélitreuille à bord pour trois jours durant lesquels elle doit mener l’enquête sur cette mort mystérieuse.
Sur la terre ferme, sa collègue et ex-petite amie Kirsten Longacre va rencontrer les proches de la victime, dont sa petite amie, une activiste impliquée dans des mobilisations contre le nucléaire. À mesure qu’Amy et Kirsten progressent chacune de leur côté sur l’enquête, l’affaire prend une ampleur inattendue…
Dans cet espace clos et exigu à plusieurs centaines de mètres sous la surface (respirez, tout va bien se passer), la moindre décision peut mettre en péril la vie de tout le monde.
L’intrigue menée tambour battant tire donc partie de tout ce qu’un sous-marin et son lot d’angoisses peut offrir : un équipage dysfonctionnel, un bâtiment vétuste, des dédales étroits et zéro intimité, des soupçons et de la parano, des tentatives de sabotage en veux-tu en voilà — avec pour couronner le tout une ambiance de guerre froide…
Certains passages ne sont pas particulièrement novateurs, certes. On pense aux flashbacks, qui servent principalement à installer la relation entre Amy et Kirsten, mais surtout à nous montrer le passé tourmenté de l’inspectrice missionnée dans le Vigil (le coup des traumas, bof, on l’a quand même vu un paquet de fois).
Néanmoins, les six épisodes ne souffrent d’aucune baisse de régime avec un rythme implacable tenu jusqu’au dernier épisode – dont les dix premières minutes sont absolument insoutenables, je ne vous dis que ça.
On ne boudera pas non plus notre plaisir devant deux actrices magistrales qui incarnent les deux héroïnes : Suranne Jones, qu’on avait déjà adorée dans Gentleman Jack, et bien sûr, Rose Leslie, qu’on a déjà croisé à bien des reprises (fans de Game of Thrones, vous allez d’ailleurs retrouver d’autres acteurs de la série dans Vigil).
Un plaisir de les voir réunies toutes les deux, mais aussi de voir qu’un polar peut être une belle occasion de montrer des rôles lesbiens intéressants, sans faire de l’orientation sexuelle des personnages un enjeu central. Prenez-en de la graine en France, par pitié !
Dans la lignée des excellentes et palpitantes Bodyguard ou Collateral, toutes deux disponibles sur Netflix, Vigil est un thriller qui manie le suspense d’une très bonne enquête policière avec l’ombre d’un scandale d’État ou d’une terrible conspiration, le tout servi par des personnages de femmes finement construits.
Un régal qu’on espère prolongé avec une deuxième saison, actuellement en discussion.
Vigil va vous faire haleter sur arte.tv
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