La double peine. C’est la métaphore — devenue un hashtag puis un collectif féministe — utilisée pour désigner le mauvais accueil trop souvent réservé aux victimes de violences sexuelles lorsqu’elles portent plainte.
Minimisation des actes, culpabilisation de la victime, questions intrusives, refus de prendre la plainte… les exemples sont nombreux, et les prises de parole ne peuvent plus être ignorées. Gérald Darmanin a donc diffusé des recommandations visant à améliorer la prise en charge des personnes victimes de violences sexuelles et/ou conjugales souhaitant porter plainte.
Les mesures pour améliorer la prise en charge des victimes de viol souhaitant porter plainte
« Il y a encore à rappeler certaines choses », a euphémisé le ministre de l’Intérieur lors d’un déplacement à Avignon, comme le relate Le Monde.
Un document transmis aux préfets et consulté par l’AFP, également signé de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté, contient plusieurs recommandations et précisions, dont :
« […] Cette présence de l’avocat n’est pas obligatoire mais [elle] ne peut en aucun cas être refusée par les services de police et de gendarmerie. […] »
Les consignes rappellent que « L’examen dans une unité médico-judiciaire doit être systématiquement envisagé lorsqu’une victime se présente pour dénoncer des faits d’abus sexuels et une information sur une prise en charge psychologique doit être donnée ».
Autre mesure récemment révélée : la possibilité, actuellement expérimentée, de ne pas avoir à se rendre en poste de police ou gendarmerie pour porter plainte : les forces de l’ordre pourraient se déplacer « chez autrui, au domicile de la personne, chez une amie de cette personne, ou dans une mairie, ou dans un cabinet d’avocat, pour prendre la plainte sur place et pas seulement dans un commissariat de police », explique le ministre de l’Intérieur.
Un dispositif permettant de porter plainte à l’hôpital est également en test.
À quand une meilleure formation des forces de l’ordre ?
Rarissime début d’aveu de manque de formation des forces de l’ordre, le document évoque aussi l’importance pour les supérieurs de s’assurer du « bon niveau d’expérience » des personnes se chargeant de « la prise en charge et la conduite des auditions ».
Gérald Darmanin a également rappelé plusieurs évidences voire obligations légales, « […] notamment le fait que l’avocat est quoi qu’il arrive autorisé lors d’un dépôt de plainte et qu’il est évident que les plaintes doivent être prises à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit ».
Près de trois ans après que les chefs de la police et de la gendarmerie française ont admis que la prise en charge des victimes de violences sexuelles laisse à désirer, et au rythme des alertes régulières concernant la formation des forces de l’ordre, difficile d’ignorer que le problème doit être traité à la racine.
Et comme l’affirme le ministre lui-même :
« La qualité de traitement de ces faits doit être une priorité. »
C’est dit. Maitenant, on attend de voir.
À lire aussi : Pourquoi je n’ai pas porté plainte après mon viol
Crédit photo : ev (Unsplash)
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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