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Plus de dépenses, moins d’aides : les étudiants paient cher le quinquennat Macron

À l’approche de la rentrée universitaire, plusieurs organisations étudiantes s’inquiètent de la hausse du coût de la vie étudiante, d’autant plus que la crise sanitaire a renforcé la précarité de cette population. Selon l’UNEF, le quinquennat Macron aurait en plus particulièrement rogné le budget des jeunes. 

Si la pandémie ne prend pas de vacances, la précarité étudiante non plus. Selon le 19e baromètre annuel de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), dévoilé ce lundi 16 août, le coût de la rentrée universitaire 2021 augmente de 1,32% par rapport à l’année précédente et s’élève à 2392,47€ en moyenne.

De quoi plomber les portefeuilles et les esprits d’une population déjà fortement éprouvée par la crise sanitaire.  

En parallèle, l’UNEF, syndicat étudiant, révèle que le budget des étudiants a été sclérosé par les réformes du quinquennat d’Emmanuel Macron. L’organisme estime à près de 40€ « l’argent que les étudiants et étudiantes ont perdu chaque année en aides directes » depuis 2017.

Plus de dépenses mais moins d’argent, il y a comme un hic, non ? 

La rentrée coûte toujours plus cher aux étudiants

« Dur d’avoir 20 ans en 2020 »… et en 2021. La Fage calcule tous les ans depuis 2002 un indicateur du coût de la rentrée étudiante mais cette année, les résultats sont particulièrement durs à avaler :

« Une hausse de 1,32%, ce n’est pas rien : +31€. Après deux années de Covid où les étudiants ont été fracassés socialement et psychologiquement, on aurait pu attendre des mesures de l’État engendrant une baisse du prix de la rentrée. »

Paul Mayaux, président de la Fage, Le Parisien

Associée à l’ANESF (Association Nationale des Étudiant·e·s Sages-Femmes), l’organisation étudiante a basé ses calculs sur les dépenses moyennes d’un ou d’une étudiante de 20 ans, en licence et ne vivant plus au domicile familial. En 2020, cette personne aurait dû dépenser 2361€ en moyenne pour sa rentrée mais cette année, la facture grimpe à 2392€.

La hausse s’explique principalement par l’inflation du prix des loyers (+1,98%), l’augmentation des frais courants — dont Internet et la téléphonie (+7,15%) et des dépenses de consommation en général, dont l’alimentation (+6,03%).

Pour les étudiants et étudiantes d’Île-de-France, le coût de la vie courante serait plus élevé de 265€, en moyenne, par rapport à leurs camarades d’autres régions. Sans surprise, l’écart est creusé par le prix des loyers franciliens. 

Pour la Fage, ces constats ramènent à une réalité : « Il est impossible pour un·e étudiant·e de surmonter celui-ci sans avoir recours à une aide parentale, un prêt ou encore un job étudiant qui se font d’autant plus rare avec la crise sanitaire qui sévit toujours », commente l’association.

Les effets de la crise sanitaire

La précarité étudiante a été particulièrement médiatisée ces derniers mois et pour cause : elle a été renforcée par la crise sanitaire. Selon une étude Ipsos commandée par la Fage, 74% des jeunes de 18 à 25 ans disent avoir rencontré « des difficultés financières » durant la crise.

« C’est loin d‘être fini. Nous avons autant de remontées qu’avant de jeunes qui disent ne pas savoir comment joindre les deux bouts. Pas un hasard si notre association ouvre encore des épiceries solidaires ! »

Paul Mayaux, président de la Fage, Le Parisien

Et s’ils vont pouvoir revenir sur les bancs de la fac à la rentrée, les étudiants ne devront pas oublier leur gel hydroalcoolique ou leurs masques qui, eux aussi, alourdissent leurs dépenses.  

En 2020, le gouvernement avait adopté plusieurs mesures pour lutter contre cette précarité étudiante, comme le gel des frais universitaires, reconduit en 2021. L’extension des repas du Crous à 1€ aux étudiants non-boursiers a quant à elle été supprimée, malgré les queues toujours plus longues devant les distributions alimentaires solidaires.

Le budget des étudiants a souffert du quinquennat Macron 

Les dépenses des étudiants augmentent mais leur budget, lui, diminue.  Selon l’enquête publiée dimanche 15 août par l’Union nationales des étudiants de France (UNEF), les étudiants ont perdu près de 40€ en aides directes, chaque année, depuis 2017, alors que le coût de la vie étudiante a augmenté de plus de 10% sur la même période.

Le syndicat pointe une coupe de « près de 41,2 millions d’euros de coupures budgétaires » dans les aides directes aux étudiants entre 2017 et 2019, selon ses calculs. A titre de comparaison, l’enquête de l’UNEF cite l’impact des politiques menées lors des mandats présidentiels précédents : +45€ par étudiant et par an pour celui de Nicolas Sarkozy et +92€ par an pour celui de François Hollande.

 En plus de la baisse des aides directes, l’UNEF dénonce aussi « de multiples attaques sur le montant des APL » (aide personnalisée au logement), en faisant notamment référence à la réforme en vigueur depuis janvier 2021 qui modifie leur mode de calcul.

La vie étudiante devrait coûter, en moyenne, 247€ de plus cette année, soit une augmentation de 2,5% par rapport à 2020, selon le syndicat. Pour lutter contre la précarité estudiantine croissante, l’UNEF presse le gouvernement de réformer le système des bourses, d’augmenter leur montant et le nombre de bénéficiaire et d’intégrer les étudiants étrangers à ce dispositif. Il prône également la mise en place d’une « allocation d’autonomie pour chaque jeune en formation, sans condition de ressources ». 

De son côté, le ministère de l’Enseignement supérieur défend les mesures prises depuis 2020 comme le gel des frais d’inscription dans les universités et des loyers des Crous, le versement d’aides exceptionnelles dont le chèque de 150€ aux boursiers en décembre dernier, ou encore la gratuité des protections périodiques dans les facs.

« Il y a une communication très hypocrite du gouvernement autour des étudiants. On n’a pas arrêté de nous dire que les jeunes ne paieraient pas la crise, que le gouvernement avait fait beaucoup, mais pour les étudiants concrètement ils n’ont pas fait assez. »

Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, Libération

Face aux inquiétudes des organisations étudiantes, il serait peut-être temps que le gouvernement se remette au travail, lui aussi. 

À lire aussi : « C’était mieux pendant le confinement » : avec les 18-25 ans qui passent un sale été 2021

Crédit photo : Alex Green / Pexels


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