L’autre jour, il m’est arrivé un truc désagréable dans un grand moment de joie. Un truc que, sur le coup, j’ai vécu comme carrément humiliant.
J’étais au mariage d’une de mes meilleures amies, qui épousait un super garçon aussi chouette qu’elle. Je l’adore depuis la première soirée qu’on a passée ensemble, un soir de décembre 2008, dans le pub irlandais qui allait devenir mon QG. Je m’y sentais tellement chez moi que je n’étais même pas gênée de prendre parfois mes bières avec un trait de sirop de vanille.
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À la fac, on était tout le temps fourrées ensemble, elle la grande beauté stylée, moi la petite rousse aux cheveux toujours emmêlés. Et puis un jour elle est partie vivre à l’étranger pour une année, et j’ai pleuré longuement après qu’on se soit dit au revoir, prenant des trains différents.
J’étais drôlement triste, et après ça allait à nouveau super bien parce que la vie reprenait son cours, que j’avais un premier job vraiment cool, et que je voyais qu’elle était heureuse là-bas, au point de décider de rester.
Faut dire aussi, j’pleure tout le temps.
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L’élément déclencheur : un mariage touchant
Le jour de son mariage, c’était plein d’émotion. J’ai failli rater mon train après une course dans la gare. Il n’y avait plus d’autres options pour être à l’heure, plus aucune voiture à louer, et je m’imaginais déjà louper le plus beau jour de la vie d’une de mes plus précieuses amies. Et finalement le soulagement de la solution trouvée.
Il y a eu le moment où je suis rentrée dans les toilettes d’un bar habillée comme une souillon et que j’en suis sortie en jupe longue moulante, talons vertigineux et crop top à paillettes.
Puis je suis retournée dans les toilettes parce qu’on voyait mon string à travers la jupe moulante et que j’ai préféré trouver une solution pour que ça ne se voit pas (solution qui N’EST PAS « aller au mariage sans culotte ») (je ne juge pas les habitudes d’autrui mais en ce qui me concerne, psychologiquement, je ne voulais pas y aller la nouille à l’air).
J’ai ensuite marché dix minutes sur mes talons bien trop hauts jusqu’à la mairie, sous un soleil de plomb et dégoulinante de sueur. La cérémonie était drôle et touchante. Mais je n’ai pas craqué.
Il y a eu l’instant où j’ai pu dire bonjour à ma copine alors que ça faisait quand même un an que je ne l’avais pas vue — mais je n’ai pas pleuré.
Il y a eu le vin d’honneur sous un grand soleil, avec deux autres de mes meilleures amies et le cher et tendre de l’une d’entre elles et mon cher et tendre à moi, et on rigolait en mangeant des petits sandwiches poulet-curry (et je n’ai pas pleuré, j’veux dire, j’adore les sandouiches mais calmons-nous).
Ah ça pour en bouffer, j’en ai bouffé des sandouiches. Vaut mieux m’avoir en photo qu’autour d’un buffet hein.
Ne pas réussir à retenir ses larmes en public
Et puis le marié a commencé à faire son discours et il était vraiment super et ça m’a picoté dans le nez, comme quand je mets trop de wasabi sur mes sashimis.
Ça m’a picoté dans le nez, puis dans la gorge et je me criais intérieurement « non ne fais pas ça, pense à quelque chose qui ne t’émeut pas genre Nadine Morano ou des Miel Pops molles » (personne pleure en pensant à des céréales molles).
Ça m’a picoté dans le nez, comme quand je mets trop de wasabi sur mes sashimis.
Mais je n’y arrivais pas et je repensais aux émotions de la journée et des sept dernières années, à la joie de voir ma pote si heureuse. Je me disais que c’était la première fois qu’une de mes amies se mariait, que peut-être qu’un jour ce serait mon tour, que je serai alors tellement heureuse — je le suis déjà depuis que j’ai rencontré mon mec.
C’est tout ça qui me passait par la tête pendant que je pleurais des litres de larmes de joie et de honte.
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J’étais visible de tous, avec mon top façon boule à facettes histoire d’être bien sûre qu’on ne me rate pas, et je sanglotais et j’avais honte. Comme à chaque fois que je me retrouve à pleurer en public parce que je suis incapable de retenir mes larmes quand elles veulent sortir.
Ce qui arrive très souvent parce que je suis une personne particulièrement émotive (voire drama, n’ayons pas peur des mots). Et c’est une des raisons pour lesquelles je ne devrais pas avoir honte. C’est LE truc qui me permet de repenser à ce moment sans grimacer et rougir.
L’émotivité fait partie de mon ADN
J’essaie de faire des efforts, mais ça fait partie de mon ADN, d’être foutraque et un peu trop gourmande. Tout comme ça fait partie de mon ADN d’être émotive.
Je n’ai pas honte d’être bordélique ou bonne vivante parce que ce sont deux aspects très présents de ma personnalité. Même quand ça se voit que j’ai un bon coup de fourchette, que je mange plus que tout le monde aux apéros, ou même quand mes invités posent les yeux sur mes cachets contre la mycose vaginale que j’avais oublié de ranger avant qu’ils arrivent (histoire vraie, oui).
J’essaie de faire des efforts, mais ça fait partie de mon ADN d’être foutraque, un peu trop gourmande et émotive.
Après avoir séché mes larmes, j’ai enflammé le dancefloor avec mon style bien à moi (un mélange de Mélissa McCarthy et de Kristen Wiig).
Rejeter un truc qui fait autant partie de moi, qui caractérise la personne que je suis, ce serait renier ma propre personnalité.
Faire des efforts pour que mes travers soient le moins gênants pour moi et les autres, oui, bien sûr. Mais avoir honte quand ses petits défauts se dévoilent aux yeux des autres et qu’ils ne font du mal à personne, bah ça sert à rien. C’est juste désagréable et pesant, et une pression que je me fous toute seule sur les épaules (alors que déjà mes bretelles de soutif elles ne tiennent jamais, si je surcharge tout va se péter la gueule).
Alors si toi aussi, t’es du genre à pleurer en public régulièrement et que tu en as honte, bah je comprends, parce que c’est comme se mettre à nu émotionnellement.
Alors si toi aussi, t’es du genre à pleurer en public régulièrement et que tu en as honte, bah je comprends, parce que c’est comme se mettre à nu émotionnellement. Parce que c’est considéré comme un signe extérieur de faiblesse.
Mais ce n’est pas ridicule : en te voyant fondre en larmes, les gens vont trouver ça surprenant ou bizarre ou mignon ou humain, ou balékouil. Mais ça fait partie de toi, probablement, et ça ne fait du mal à personne. Montrer ses faiblesses, parfois, ça nous rend encore plus humains.
Et être humain c’est chouette. Alors chialons si on ne peut pas faire autrement.
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