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Culture

Playboy arrête les photos de nu intégral : la fin d’une époque

Playboy ne publiera plus d’images de femmes intégralement nues : la fin d’un symbole face à un Internet de plus en plus policé ?

Playboy traverse une mauvaise passe. De 5,6 millions d’exemplaires vendus chaque mois en 1975, il est passé à 800 000 seulement aujourd’hui. Le magazine a donc décidé qu’il était temps de chasser plus loin que son territoire habituel, et il cherche désormais à toucher un public plus jeune.

Un public plus jeune, donc connecté

Pour ce faire, Playboy a compris qu’il fallait se mettre à l’ère du numérique, et donc se donner les moyens d’être sur Facebook et Twitter. Mais pour ça… il faut arriver à en passer la censure. Le magazine a donc annoncé hier par la plume du New York Times qu’il ne publierait plus de photos de femmes intégralement nues.

« Tout le monde est à un clic de n’importe quel acte sexuel »

Cela représente un important changement, mais qui s’explique relativement bien : à l’ère du tout-numérique et du porno facilement accessible en ligne (et bien plus explicite que les photos de nu de Playboy), le magazine n’a plus le même impact et donc plus la même valeur commerciale. En effet, comme le dit Scott Flanders, le patron de l’entreprise :

« Tout le monde est aujourd’hui à un clic de n’importe quel acte sexuel imaginable, gratuitement. Tout cela est donc dépassé. »

Il s’agit de gagner un public plus jeune, mais peut-être aussi de surfer sur la ligne de produits dérivés, comme les parfums, alcools, produits de bain, ou encore bijoux qui continuent à générer une bonne partie du chiffre d’affaires de la boîte. Pour exemple, le magazine n’est pas distribué en Chine, mais c’est pourtant dans ce pays que Playboy réalise 40% (!) de son chiffre d’affaires !

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Tout un symbole qui disparaît

Playboy qui arrête le nu intégral, c’est tout un symbole qui disparaît. Un monument qui cède à la pression de Mark Zuckerberg (Facebook) et Jack Dorsey (Twitter), ainsi que tout un panel de gens pas du tout free du frifri et qui estiment que la nudité, c’est juste MAL. Alors qu’en soi, il n’est pas mauvais de s’habituer à voir des corps nus ; ce qu’il faut, c’est apprendre le respect de ces corps et de l’intimité qui va avec ! Mais je m’égare…

Mais surtout, Playboy cède à la censure qui considère les tétons de femmes comme choquants (notez que ceux des hommes ne posent pas de problème), alors que le magazine surfait sur la vague contestataire et repoussait toujours plus loin les limites ! Big-up au mouvement #FreeTheNipple, qui milite pour que les seins de femmes ne soient plus considérés comme indécents. Playboy qui courbe l’échine, c’est donc un peu de liberté qui s’en va. La liberté de regarder des corps nus, tant que tout le monde est consentant : les modèles, les éditeurs et le lectorat. Où était donc le problème ?

À lire aussi : Free The Nipple, un film sur la lutte pour le droit des femmes à être seins nus en public

Et la réification, dans tout ça ?

On peut se poser la question suivante : est-ce que la censure de nus par Playboy n’est pas, en réalité, un pas satisfaisant vers la non-réification du corps de la femme ? Alors, en fait… pas vraiment.

Le principe de Playboy, comme me l’a gentiment réexpliqué Mymy, c’est de parler de sujets de société… tout en attirant les lecteurs avec des photos de femmes nues. C’est donc bien, quelque part, de la réification : les femmes qui posent sont là uniquement pour que les lecteurs puissent regarder leur corps et s’en repaître visuellement. Mais c’est leur choix ! 

Ces femmes ont choisi de poser nues pour ce magazine, tout en sachant qu’on ne leur demanderait pas de parler de leur master en sociologie à la page suivante. Est-ce un problème ? Oui et non. Non, ce n’est pas un problème parce que tant qu’elles ont donné leur consentement éclairé, tout va bien. C’est leur métier, elles sont mannequins et elles posent en petite tenue. Oui, ça peut être un problème… si ce consentement est mené par un choix qui n’en est pas vraiment un, comme les contraintes économiques ou la menace.

Est-ce le cas pour Playboy ? Impossible de le savoir.

À lire aussi : Justin Bieber nu dans des clichés de papparazzi : et le consentement alors ?

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Pour moi, les photos de nus publiées par Playboy relèvent de la réification du corps des femmes. Mais si ces mêmes femmes sont consentantes, puis-je protester à leur place ? Non ! Ces femmes ont fait de leur physique leur outil de travail : je pense qu’elles sont mieux placées que moi pour décider de ce qui leur convient ou non.

Cette décision de Playboy de ne plus publier de photos de femmes intégralement nues, ça m’a pris la tête, et j’ai eu un long débat avec moi-même. Je ne suis pas encore sûre de ce que je pense de la réification du corps (peu importe le genre). Alors j’en ferai sûrement un article entier un jour… (teasing de ouf)

À lire aussi : J’ai testé pour vous… le naturisme

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Les Commentaires

18
Avatar de Reifferscheidt
16 octobre 2015 à 13h10
Reifferscheidt
Rien de plus misogyne que Bonjour Madame... la preuve, le magazine a été relancé par Beigbeder... Ça en dit long sur la réification justement !

@MissSophie : Je ne suis pas d'accord avec ce que tu avances. Au risque de me répéter, je pense vraiment qu'il faut creuser plus loin que le simple : "mais elle est consentante"... Pourquoi l'est-elle ? Il faut questionner l'éducation, la culture et les codes qui nous entourent pour dépasser cela. C'est ce qui fait que je pense profondément que rabâcher la notion de consentement à tous bouts de champs est dangereux. C'est ainsi qu'on protège la prostitution sous l'argument : "mais il y a des filles qui aiment ça", "il y en a qui ont choisi de le faire"... Personnellement, je me pose la question en ces termes, est-ce que j'accepterai que ma fille (si j'en ai une) devienne une prostituée. Non. Car même si elle me claironnerait que c'est "son choix", derrière c'est la mainmise du patriarcat, de l'oppression, de la domination. C'est donc un choix subi.
Idem pour celles qui posent nues dans Playboy (attention, il ne s'agit pas de n'importe quelle magazine, celui des pin-up lors de ses débuts) tendent à perpétuer (inconsciemment) la domination des hommes mais également les diktats imposés au corps dans nos sociétés, l'idée qu'il faut ressembler à "ça" nue pour plaire, pour être désirée et désirable, etc.
Mais bon tant que tout cela n'est pas conscientisé on ne s'en débarrassera jamais...
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