Publié initialement le 25 janvier 2012
Petite, j’étais du genre à tout aimer à la cantine et trépigner de joie à l’idée d’aller manger chez les copines (pas pour rester jouer avec elles l’aprem, mais pour goûter de nouveaux plats). J’étais aussi le genre d’enfants un peu aventuriers du palais, à être hantés par la question du goût que pouvaient avoir les vers de terre (sans passer le cap d’en balancer un dans ma bouche, puisque pour me dissuader, on m’avait fait croire que je risquais de voir se développer sur mon corps un 3e bras). J’adorais rester assise sur un tabouret dans la cuisine, pour voir ma mère s’affairer aux fourneaux quelques heures avant l’arrivée des invités. Les épices qu’elle saupoudrait partout, ces galettes de froment qu’elle laissait reposer sur la table, ces marinades qu’elle préparait 2 jours à l’avance, ces légumes exotiques qu’elle ne trouvait qu’en épicerie asiatique… Je trouvais TOUT ÇA merveilleux. J’étais impressionnée par la palette infinie de goûts que la cuisine peut offrir.
Et je le suis encore. J’ai grandi dans une famille de bons vivants où l’heure du dîner est aussi un moment où l’on se retrouve tous ensemble, se détend et discute. Aussi, manger a toujours eu une place centrale dans ma vie. Aujourd’hui encore, me terrer en cuisine est ma petite activité salvatrice après une journée fatigante à balloter de part et d’autres de Paris pour le travail. Mon budget resto est aussi important que mon budget culture (ciné, livres, disques) et pour rien au monde je n’annulerai mes apéros dinatoires avec les copains.
Assise sur cet éléphant au Vietnam, je n’avais qu’une pensée en tête : MAIS QUEL GOÛT ÇA A, UN ÉLÉPHANT ? (Est-ce que ça fait de moi un monstre ?)
Cet amour de la gastronomie prend une autre résonance quand on sait que j’aime aussi beaucoup voyager. J’ai toujours trouvé la vision d’une carte du monde très apaisante : je ne saurai pas trop l’expliquer, mais je crois que me rendre compte de l’immensité de notre planète m’aide à relativiser mes petits tracas du quotidien. Quand je me retrouve dans un pays étranger lors de mes petites virées hors frontières, je n’ai qu’une hâte : goûter la cuisine locale.
Tous ces facteurs réunis font que j’ai du mal à trouver un plat répugnant. Je crois au relativisme culturel : je pense que nos goûts ne sont que construction sociale et ne laisserai pour rien au monde mon palais être soumis à ma localité. Si ailleurs dans le monde on aime manger des fleurs ou des insectes, c’est que ça ne peut pas être fondamentalement dégueulasse. Difficiles d’accès pour nos palais occidentaux à la rigueur, mais pourquoi s’interdire de goûter ? Voici donc quelques plats dégoûtants pour certain, mais qu’il me faut ABSOLUMENT goûter avant de tirer ma révérence sur cette planète. Allez, dites moi que je ne suis pas la seule.
1. Le haggis
Origine : Écosse
C’est une panse de brebis farcie. Il y a plusieurs façons de préparer le haggis, mais en général, il se compose d’abats de mouton (poumons, foie, coeur), d’oignon, d’avoine et de graisse de rognon de mouton – le tout enfermé dans le boyau d’une panse de mouton cuite quelques heures.
L’apparence balon de baudruche est hyper déconne. Bref, pour le haggis et les grosses bières maltées, il me faut aller en Écosse.
2. Le curry de chauve-souris
Origine : Seychelles
François-Régis Gaudry, critique gastronomique, en parlait sur ce blog en 2009 : le curry de chauve-souris se mange aux Seychelles.
« La viande est finalement très bonne, bien que beaucoup de petits os rendent l’exercice assez perturbant… La saveur ressemble au poulet, la texture se rapprocherait plutôt du lapin. »
Moi qui adore le goût du poulet et le lapin pour sa texture, JE SALIVE.
3. Casu Marzu
Origine : Sardaigne
Rien que pour cette spécialité sud-italienne, je risque très fortement de répondre favorablement à l’invitation de ma pote sarde à venir la voir cet été. La particularité de ce fromage ? Il est (littéralement) infesté de larves vivantes. D’ailleurs « casu marzu » veut dire « fromage pourri » dans un dialecte sarde – ça a le mérite d’être honnête.
Vous connaissez le pecorino sardo ? C’est trop bon. Eh bien le casu marzu, c’est comme le pecorino sardo mais version plus bourrin : il ne se contente pas d’une fermentation classique et va jusqu’à la décomposition.
Pour revenir à cette sombre histoire de larves visibles à l’oeil nu (coucou) : elles ont l’apparence de petits vers blancs transparents, et elles font 8 mm de long. Ahah et pour l’aspect déconne : « lorsqu’elles sont dérangées, les larves peuvent sauter en dehors jusqu’à des distances de 15 cm, d’où les recommandations de protection des yeux pour ceux qui mangent ce fromage » nous dit Wikipédia. AHAHAH. JE VEUX.
4. Le Ti?t canh
Origine : Vietnam
D’adorables morceaux de canards dans une soupe à base de sauce tomate ? Non. D’adorables morceaux de canards oui, mais.. baignés dans du sang de canard.
Le sang en question est mariné à de la sauce de poisson. On y ajoute ensuite la viande, de la coriandre et des cacahuètes. Et voilà, le tour est joué.
Mes parents avaient refusé que je goûte la dernière fois qu’on est allés au Vietnam (ils avaient peur que mon petit estomac d’adolescente ne supporte pas). Du coup, je fais de ce plat un vrai leit-motiv la prochaine fois que « j’irai au pays » : je goûterai POUR MOI et POUR MON DROIT À DISPOSER DE MOI-MÊME maintenant que je suis une adulte. Sorte de revanche sur la vie.
5. Les testicules de coq
Origine : FranceOn appelle ça « roupettes de coq » (probablement pour ne pas à avoir à dire « testicules » à table et chiffonner Mamie rigoriste) mais c’est bon, tout le monde a compris : des COUILLES, oui, des COUILLES DE COQ.
Bon. Maintenant qu’on a dit ça, on dit quoi d’autre ? Ce plat était considéré comme – tenez vous bien – « le caviar de la volaille » à l’époque des Rois de France. C’était le péché mignon de Louis XIV (le mec me paraît soudainement plus sympathique).
La préparation n’est pas plus compliquée que celle des aiguillettes de poulet : rissolé dans un peu de beurre, et accompagné d’une petite persillade et de crème, et c’est bon.
(Pour les curieuses : on peut généralement trouver de la roupette de coq en bocal dans les épiceries du terroir)
BON, TOUT ÇA M’A OUVERT L’APPÉTIT. Je m’en vais donc m’enfiler quelques tranches de mangue en saumure trempées dans de la pâte de crevette, en attendant de pouvoir manger de la couille de coq. À la rédac. Avec Flo. Si j’arrive à la convaincre.
Ce qui n’est pas gagné d’avance.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Alors là non, désolée, je ne peux pas rester indifférente ! Ce commentaire date certes de 2012, mais je ne peux pas me taire.
Aucun rapport avec la normalité, mais avec le bon sens et le respect. Le respect de la nature qui t'accueille, et des animaux qui subissent notre présence.
Cela vaut pour tous ceux qui portent de la fourrure, regardez cette vidéo, informez-vous, assumez vos actes.