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Les plateformes légales de téléchargement, ou de l’importance de payer ses séries télé

De nombreuses options permettent maintenant de regarder légalement les séries télé, toujours piratées en masse. Amélie vous explique pourquoi c’est important.

Il y a quelques semaines, je suis allée à une avant-première. Sur place, j’ai retrouvé des amies, et nous avons discuté de ce que nous venions de voir. Pendant la première partie, les plateformes légales qui diffusent la série en France ont fait la promo de leur offre, qui permet de voir la série une heure après sa diffusion aux États-Unis, sous-titrée en français. L’une d’entre nous a dit :

« Ils nous prennent pour des pigeons, ça fait des années qu’on télécharge, ils pensent vraiment qu’on va payer leur abonnement ? »

Et ça m’a fait tiquer. Personnellement, je pense que c’est important de payer pour ce qu’on consomme. Que cette offre, bien que payante, présentait tout de même un certain nombre d’avantages… Mais que d’un autre côté, le phénomène du piratage n’a pas eu que des aspects négatifs : il permet de donner accès à la culture à beaucoup plus de monde. Certain•e•s estiment même que le piratage de leur travail peut leur être profitable, comme l’explique ci-dessous l’auteur Neil Gaiman.

Alors j’ai eu envie de revenir plus en profondeur sur le débat : l’importance de consommer de manière légale, par respect pour les créateurs de la série, et pour soutenir le marché et l’arrivée de plus en plus de licences en France… Contre les bénéfices que l’on peut éventuellement retirer du piratage d’une œuvre et de sa diffusion et son partage sur le Web !

Qu’est-ce qu’une plateforme légale ?

Lorsqu’une série étrangère est diffusée en France, elle passe avant toute chose à la télévision. La licence (c’est-à-dire les droits de diffusion de la série) est négociée par les deux partis : les détenteurs des droits d’un côté, le diffuseur de l’autre. Le coût de cette licence permet aux détenteurs de rémunérer les créateurs de la série (auteurs, équipe de production, frais de distribution et j’en passe).

Lorsque la série passe à la télévision, le coût est souvent absorbé soit dans un abonnement (Canal+), soit dans la redevance télé lorsque la chaîne fait partie de la TNT et ainsi du service public.

L’hiver arrive ma gueule.

C’est le même principe pour le cinéma : les diffuseurs acquièrent la licence des films, et rentrent dans leur frais en faisant payer le billet. De la même manière, lorsqu’on achète un Blu-Ray ou un DVD, une partie du prix sert à financer la licence.

Internet n’est qu’un support parmi d’autres.

Et enfin, il y a le support dont nous allons parler — les plateformes sur Internet. C’est toujours le même système : les diffuseurs achètent la licence pour obtenir les droits de diffusion sur leur site, et les utilisateurs doivent payer ou regarder quelques minutes de pub pour avoir accès à l’épisode ou au film de leur choix.

Finalement, Internet n’est qu’un support parmi d’autres. Il permet de regarder en streaming, ou bien, pour certaines offres, de télécharger. Mais dans la culture Web, le piratage est souvent la solution facile, privilégiée par le public. Malheureusement, cela impacte plus ou moins fortement l’industrie qui le produit. Vous n’irez probablement pas en prison pour avoir téléchargé la dernière saison d’House of Cards mais cela reste illégal !

« Gratuit », une notion souvent mal utilisée

Même si le partage d’épisodes peut partir d’une bonne intention (faire connaître la série, la sous-titrer dans sa langue pour la rendre plus accessible), cela reste illégal. Mais bon : tout ça, on va en reparler plus tard.

Le contenu, consommé légalement, n’est jamais gratuit.

On a parfois tendance à trouver élevé le prix des séries ou d’un épisode, et un des arguments pro-piratage qui revient régulièrement est : « Oui mais dans le pays d’origine, c’est à la télé donc c’est gratuit, je ne vois pas pourquoi je paierai ». C’est souvent faux : dans la plupart des cas, les séries sont diffusées sur des chaînes câblées, et le prix de la série est donc compris, finalement, dans l’abonnement, sans parler des publicités diffusées sur la chaîne ! Dans tous les cas, il faut payer une redevance télé pour recevoir cette dernière, donc le contenu n’est jamais gratuit.

Pour résumer, une plateforme légale de streaming permet de visionner, contre rémunération (paiement direct ou visionnage de publicités), des séries et des films licenciés sur le territoire français ou francophone.

Tout ça, c’est bien beau. Mais pourquoi est-ce important de payer pour ces épisodes qu’il est si facile de trouver de façon illégale ?

De l’importance de payer son épisode

Une image étant toujours plus parlante que des mots, jetez un oeil au bien beau schéma ci-dessous, signé Anime Digital Network (ADN). Le principe est expliqué pour la production d’une série animée au Japon, mais on suit à peu près le même cheminement pour les séries américaines.

infographie-adn-anime

Cliquez sur l’image pour accéder à la source et la voir en grand !

Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup d’étapes et un certain nombre d’intervenants, d’où l’importance d’être en mesure de rentrer dans les frais, afin de payer tout ce petit monde.

Si vous voulez regarder une série qui n’est pas licenciée dans votre pays d’origine et que vous choisissez de la télécharger, ce sera quand même illégal ! Simplement, comme aucun ayant-droit ne possède la série dans votre pays, aucun ne viendra porter plainte contre le diffuseur pirate. On peut parler de vide juridique dans ce cas. Mais cela reste une atteinte à la propriété intellectuelle, notamment selon la Convention de Berne.

La rémunération est une part importante qui doit motiver l’achat de l’épisode… Mais d’autres facteurs, comme le respect de l’œuvre, ou le soutien à l’industrie, importent aussi.

Si vous regardez une série illégalement, elle fera moins de vues.

Les fansubbers (ceux qui sous-titrent des épisodes illégalement puis les mettent en ligne gratuitement) ont souvent de bonnes intentions, et souhaitent faire partager leur passion pour une série. Malheureusement, si vous regardez la série chez eux, vous ferez moins de vues, et donc moins de revenus aux plateformes légales qui la diffusent. D’une part, vous la mettez en danger puisque vous regardez l’épisode sans le payer. D’autre part, vous fragilisez les accords entre la plateforme et les diffuseurs : si cela ne fonctionne pas assez bien, alors il y aura moins de contrats signés, et donc moins de licences diffusées ! Paradoxal, non ?

De plus, en choisissant l’offre légale, vous avez l’assurance que les sous-titres ont été réalisés par des professionnel•le•s, assurant ainsi leur qualité. Même chose pour l’encodage et la résolution de la vidéo. Je sais bien que certaines équipes de fansub font du très bon boulot, mais c’est beaucoup plus disparate, moins fiable : ils demeurent malgré tout des amateurs dont ce n’est pas le métier.

À lire aussi : Smartsubs, les sous-titres qui t’aident à apprendre l’anglais

Le marché de la VOD en France

Côté séries américaines, on compte trois gros noms de la VOD (vidéo à la demande) proposant des abonnements plutôt intéressants : OCS, Netflix et CanalPlay.

Les prix sont plutôt attractifs, mais l’offre n’a pas séduit tout le monde : le catalogue français est parfois loin d’être aussi complet que l’américain, et pour certaines séries, les saisons les plus récentes ne sont pas disponibles. Le prix, bien qu’attractif, représente un petit budget — surtout si vous êtes étudiant•e, et que vous ne regardez que quelques épisodes par semaine. Ceci dit, les catalogues sont de plus en plus fournis, et je ne doute pas qu’ils rattraperont d’ici peu l’offre américaine !

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J’adore l’humour.

Sur ces mêmes plates-formes, on trouve également des séries françaises, mais malheureusement, je pense qu’elles s’exportent beaucoup moins à l’étranger. On se rappellera avec émotion des années 2000, où il fallait attendre souvent un an ou deux avant de voir la nouvelle saison d’une série arriver sur notre télé… Aujourd’hui, les éditeurs font un gros travail pour être le plus proche possible de la diffusion outre-Atlantique (par exemple,

Game of Thrones est disponible quasi-immédiatement sur OCS). Donc même si le système n’est pas parfait, il s’est grandement amélioré !

Le téléchargement est une pratique très courante lorsqu’on parle des séries américaines chez nous. Ceci dit, ce dernier fait beaucoup moins de mal sur le continent américain que sur le continent asiatique. Les relations entre la France et le Japon diffèrent sur de nombreux points de celles avec les États-Unis. Le téléchargement d’épisodes aura donc un plus fort impact négatif sur l’industrie de production nipponne, même s’il a historiquement une place bien particulière dans notre consommation d’animes et de mangas…

À lire aussi : Les 5 séries préférées de… Lady Rainicorn (spécial animes) !

Focus sur le marché japonais

Fut un temps ancien où il n’était pas évident de faire des affaires avec nos amis nippons (coucou Ségo). L’obtention de licences n’a pas toujours été facile en France, et c’est encore aujourd’hui un marché un peu fragile pour ce qui concerne l’animation. Or Il faut bien comprendre le contexte, un peu différent de celui des séries américaines. Ces dernières sont diffusées depuis longtemps en France, même si c’est avec quelques mois, voire années, de décalage.

https://youtu.be/MDQ0g3-5878

DANS LA CHALEUR DE LA NUIT LE MAL EST TOUJOURS PUNI !

C’est loin d’être le cas pour les séries japonaises : leur importation a surtout commencé grâce au Club Dorothée… cette même époque où s’est développé le fansub. Cette pratique, plutôt noble dans l’âme, consistait à traduire des animes ou des mangas non licenciés en France afin de les faire connaître et de pouvoir les partager. Le fansub a eu une place non négligeable dans l’arrivée de nouvelles séries licenciées et dans le développement de l’offre légale. C’était d’ailleurs le but : de faire en sorte que les éditeurs se bougent pour obtenir des licences !

Le fansub a eu une place non négligeable dans le développement de l’offre légale.

Comme on l’a dit plus haut, cela reste de la violation de propriété intellectuelle. La volonté de partager la culture et le divertissement n’en reste pas moins noble, et je la comprends. Après tout, j’ai bien prêté des livres à des amis, mais toujours dans l’espoir qu’ils en achètent la suite… Cette pratique a donc ses avantages, mais si elle empiète sur l’offre légale, elle risque de mettre en péril la diffusion de ces œuvres en France.

De plus, une autre forme de piratage bien moins propre existe : le rip, ou le piratage d’un épisode agrémenté des sous-titres d’un éditeur et sa diffusion sur une autre plateforme. Un double vol, donc.

Depuis, des partenariats se sont construits, de nouvelles plateformes ont vu le jour et l’offre est plus diversifiée. Et la bonne nouvelle, c’est qu’elle est déjà arrivée en France !

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Les trois principales plateformes légales qui proposent des animes en streaming sont Anime Digital Network (ADN pour les intimes), Wakanim, Crunchyroll. Les prix sont très raisonnables, et ce que j’apprécie vraiment, c’est qu’une partie de l’offre est basée sur la gratuité. Après les nombreuses années passées dans la culture du fansub et du torrent, ça a été, selon moi, une très bonne stratégie de la part des éditeurs. Les trois modèles économiques sont très différents, mais on est en-dessous des standards VOD.

  • Wakanim propose de payer la somme de votre choix pour un mois sans aucune publicité et le visionnage gratuit d’épisodes 45 jours après leur mise en ligne. Pour les épisodes plus anciens, leur prix est d’un euro.
  • Crunchyroll propose l’intégralité de son catalogue gratuitement (contre visionnage de publicité), excepté les dramas et les épisodes sortis il y a moins d’une semaine. Pour ces derniers, un abonnement à 4,99€ est nécessaire pour un visionnage immédiat dès la mise en ligne.
  • ADN propose, pour quelques séries, 14 jours de visionnage gratuit (avec publicité) à la mise en ligne. Pour le reste, il faut prendre un abonnement (7,99€ ou 11,99€). La qualité de la vidéo dépend de l’abonnement choisi.

Ces trois sites pratiquent le simulcast, c’est-à-dire la diffusion (à une heure près) simultanée avec le Japon. Ils ont tous trois des licences différentes, mais en cumulant l’offre, vous avez accès à quasiment l’intégralité des séries de la saison (celle d’été en ce moment, donc de juillet à septembre en cours).

wakanim

Encore une fois, il est important de soutenir ces plateformes ! C’est grâce aux nombreux utilisateurs que l’offre a pu atteindre une telle ampleur tout en restant dans des prix raisonnables, et en proposant une certaine qualité de traduction et d’adaptation. Notez bien que le piratage fait bien plus de mal à l’animation japonaise qu’aux séries américaines. Si vous récupérez un épisode de Game of Thrones, cela aura beaucoup moins de répercussions que s’il s’agit d’un épisode de Kill la Kill !

Si vous voulez continuer à profiter de vos animes, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Le piratage, un mode de consommation en voie de disparition ?

Ne nous mentons pas : on a (presque) tou•te•s téléchargé, et on continue encore aujourd’hui. Comprenez bien que je ne vous fais pas la morale : je sais que même 5€, ça peut être cher et compliqué à sortir en fin de mois pour certain•e•s. Je sais aussi que, quand on a été habitué•e à tout avoir gratuitement, fait avec amour par des fans, on considère faire partie de la communauté et respecter, finalement, leur travail à eux.

L’offre légale s’est développée pour répondre à la demande

Les équipes de fansubs risquent de disparaître car leur rôle est quasiment rempli. Loin d’être précurseurs dans la diffusion de séries japonaises en France, ils ont cependant permis à mon sens la démocratisation de cette culture. L’offre légale s’est développée pour répondre à la demande depuis l’époque du club Dorothée, ce qui représente pour moi la fin de ce combat pour accéder aux licences.

Même si certaines licences restent encore hors du champ de vue des éditeurs, il y a de nombreux autres moyens de les faire connaître, en respectant le travail de l’auteur. Et si faire des sous-titres passionne vraiment les fans, qu’ils veulent contribuer à ce marché, alors il y a plein de possibilités ! La professionnalisation n’est pas impossible — preuve en est Crunchyroll, qui recrute actuellement des traducteurs. ADN a de son côté mis en place un programme collaboratif avec les fans, mais aussi les anciens fansubbers qui souhaitent rester actifs dans la communauté.

crunchyroll

Attention à certains sites, qui vous demandent de faire des dons ou vous font payer les épisodes. Ils n’ont pas les droits sur les licences, et se font clairement de l’argent sur le dos des créateurs, diffuseurs, et spectateurs (puisque vous pouvez voir ce contenu gratuitement). Les plateformes légales peuvent être identifiées avec la page des mentions légales par exemple.

Les offres sont suffisamment diversifiées et couvrent aujourd’hui quasiment l’intégralité de la demande. Vous pouvez même, si vous êtes en coloc, prendre un abonnement à deux et regarder vos séries ensemble !

Offre légale VS piratage, où en est-on ?

Quel que soit le passé du piratage, et les nombreuses bonnes choses qu’il a pu apporter, je pense qu’il ne doit plus être aujourd’hui au centre de notre consommation. L’offre légale couvre une grosse partie des licences et propose différents modes de consommation, incluant le gratuit, qui rendent cela accessible à tous.

Pour autant, le piratage va-t-il disparaître ? Pour moi, il est important d’aller consommer le plus possible sur les plateformes légales, mais j’ai bien conscience qu’elle ne couvrent pas 100% de la demande. À mon sens, elles doivent être complémentaires avec les solutions qui existe encore aujourd’hui et permettent de faire découvrir des licences encore inconnues.

Et toi, que penses-tu du piratage ? Comment consommes-tu tes séries ou tes animés ?


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

67
Avatar de Lysanthius
14 septembre 2015 à 07h09
Lysanthius
. (C'est à cause de toi ADN que j'ai pas pu voir la fin de Hunter x Hunter avec de magnifiques sous-titres et des karaokés de ouf, je t'en tiendrai rancœur jusqu'à la fin de ma vie ! :crying

Il faut aussi savoir que les openings et endings sont souvent... eux aussi sous des licences différentes de celles de l'animé en lui-même. C'est-à-dire que l'éditeur n'a souvent même pas le droit de le traduire ou de le transcrire. Et comme les japonais n'ont pas de karaoké, ils ne voient probablement pas l'intérêt pour nous d'en avoir :')

"Vu déjà la façon dont ils agissent" => Tu peux préciser ta pensée ? Je sais que les éditeurs sont rarement aimés, mais ça m'intrigue de savoir pourquoi tu dis ça x)
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