Sortie d’une relation difficile depuis 2 mois, je rencontre Jules en novembre, grâce à Tinder.
J’observe ses photos, lui trouve vite un certain charme et puis que dire de sa bio — la célèbre citation du scribe dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre…
Avant de swiper vers la droite, je vais faire un tour sur son compte Instagram. Monsieur est un comique, ses stories en attestent.
C’est suffisant pour me décider : je swipe et on matche.
La rencontre et les débuts presque parfaits avec mon plan cul
C’était le deuxième mec que je voyais depuis ma séparation, mais avec lui, c’était différent. Preuve en est, on s’est fréquentés pendant 3 semaines.
La première fois qu’on s’est vus, on est allé boire des bières dans un bar. La deuxième, il s’est pointé chez moi pour m’aider à manger la quantité astronomique de crêpes que j’avais préparée alors que je vis seule.
Ça s’est transformé en Netflix & chill, sans surprise. Il me plaisait vraiment. Puis on s’est revu, une fois, deux fois, trois fois, dix fois, chez lui, chez moi…
C’était un peu nul au pieu, mais on s’entendait bien et il me faisait rire. Je ne le considérais pas comme mon petit ami, mais je voyais un potentiel d’amélioration dans la relation (et le sexe).
Mais bon, fin d’année, début de stage pour moi, retour en famille pour lui. Bref, on a continué de se suivre sur Instagram, et ça s’est arrêté là.
L’invitation de mon plan cul avec le pire timing EVER
Pendant mon exil volontaire pour réaliser mon stage de fin d’études, je dois avouer que j’ai pas mal pensé à lui.
Je regardais ses stories, j’en parlais à mes copines (toutes définitivement dans la « team Jules » d’ailleurs). Ça me manquait un peu.
Parfois, je lui envoyais un message, sous alcool, après de bonnes soirées entre potes. Je lui disais essentiellement que je pensais à lui, que je n’avais pas rencontré de gars comme lui, etc.
Et puis un jour, je me suis lancée : « tu devrais venir ». Il a pris son billet de train dans l’heure.
C’était deux semaines avant l’annonce du confinement par le gouvernement. Au départ, je ne me souciais pas trop du coronavirus, je ne me rendais pas compte.
J’habite dans une zone isolée et relativement préservée du climat de psychose qui règne dans les grandes villes. C’est comme si rien ne pouvait m’atteindre. D’ailleurs, j’ai continué à vivre 100% normalement.
Puis les annonces ont commencé à tomber : plus d’école, fermeture des bars… Puis le lundi, le fameux lundi qui allait changer notre mode de vie pour les prochaines semaines, je passais en télétravail.
Le mardi matin, Jules était censé arriver. Sauf que dès le mardi midi, c’était le confinement…
Je l’avais prévenu deux jours avant qu’on était sous la coupe d’un confinement « total ». Il a refusé de m’écouter, estimant qu’il ne se passerait rien avant le 2ème tour des municipales. Comme si le Président s’exprimait à la télé tous les quatre matins…
Bizarrement, Jules me faisait déjà moins rire qu’avant. Tu la sens déjà la tension qui monte, n’est-ce pas ?
En confinement avec mon plan cul, et plus grand-chose à lui dire
J’ai récupéré Jules à la gare le matin. Malgré la situation étrange, on s’est jeté dans les bras l’un de l’autre.
J’étais contente de le voir. On est rentrés chez moi. Il fallait que je reprenne le travail. Ce n’a pas été évident : on s’est retrouvés au lit, à baiser, à 9h du matin.
C’était toujours aussi nul…
Initialement, il ne devait rester que 2 jours. Ça me paraissait correct, et ça paraissait d’autant plus correct que tout n’était pas fermé lorsque j’avais fait mon invitation.
Sauf que la situation avait changé. Il ne restait plus rien à faire.
Évidemment, après deux jours, son train de retour était annulé.
Et en plus de cela, les amis chez lesquels il devait dormir dans la ville où il devait prendre son second train pour rentrer chez ses parents ne voulaient plus l’accueillir. Trop risqué selon eux.
Je les comprends : Jules vient d’une région particulièrement touchée par la pandémie.
Cela dit, je ne pouvais pas le mettre dehors, alors il est resté. Et jour après jour, les trajets étaient annulés, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun train au départ de la gare de ma ville…
J’étais terriblement tendue et mal à l’aise. Je n’avais prévenu personne qu’il était là, sauf mes copines, et cela me forçait à mentir aux gens que j’aime.
Par-dessus tout, sa présence faisait naître en moi un rejet de sa personne. Je travaillais, lui ne faisait rien à part traîner sur Instagram dans mon lit.
Il dormait jusque tard, restait dans son jogging bleu toute la journée, prenait sa douche le soir, ne tentait même plus de se coiffer…
Ma libido a eu un raté. Ses stories comiques qui me faisaient tant rire quelques mois auparavant m’agaçaient maintenant au plus haut point.
Ne parvenant plus qu’à esquisser un bref sourire lorsqu’il s’y mettait, je cherchais du réconfort ailleurs. J’ai parlé avec mes amies qui étaient au courant, d’abord. Sans surprise, je me suis fait taper sur les doigts :
« T’aurais dû annuler, genre vraiment, en mode tu viens pas ! »
L’amie qui m’a dit ça avait raison, bien sûr, mais le mal était fait.
Bref, sur ce sermon bien mérité, j’ai repris mon bouquin. J’adore la lecture, j’adore débattre, j’adore parler culture, poésie, politique… Jules aime bien le cinéma, Burger Quizz et Quotidien. Pas ma tasse de thé.
Un soir, on a joué au Scrabble pendant qu’on regardait Top Chef (parce que oui, je me suis découverte une passion pour le Scrabble pendant le confinement).
Je jouais en ligne contre des personnes que je ne connaissais pas. À un moment, il s’est dit qu’il allait m’aider. Après tout pourquoi pas, à deux contre un, on ne pouvait que gagner.
Il proposait des mots, mais l’orthographe ne correspondait pas, ou les mots ne voulaient rien dire. Ça parait bête, mais ça a creusé l’écart entre nous. Ça m’a un peu rebutée.
Avant, on discutait facilement, mais là… Autant vous dire que plus le temps passait, plus nos sujets de discussion commençaient à devenir limités : on n’était juste pas du même monde.
Difficile de décrire ce qu’il faisait lorsque je travaillais, puisque cela se limitait à… à peu près rien. Bon, j’exagère un peu, on alternait préparation du repas et vaisselle pour que ce ne soit pas toujours le même qui s’en occupe.
Le reste du temps, il était sur Instagram, à faire des stories ou à répondre à 12 000 messages. Peut-on vraiment avoir autant d’amis ?
Ça m’a rendue perplexe, tant ça ne correspond pas à ma réalité.
Héberger son plan cul pendant le confinement : la chute
Franchement, personne ne souhaite être confiné avec un inconnu. Parce que finalement, c’était ça non ? Nous étions des inconnus qui couchaient ensemble il y a quelques mois.
Plus le temps passait, plus nos points communs s’effaçaient. À part notre aversion commune pour les chats et notre passion pour la série Brooklyn Nine-Nine, il ne restait plus rien.
J’ai fini par lui dire que la situation me mettait dans l’embarras et que ça ne pouvait pas continuer. Il s’est excusé 1000 fois, mais voilà : quand il n’y a plus de train, il n’y a plus de train.
Sauf celui pour rentrer chez lui… Qui partait d’une gare située à plus de 2h de route.
Voilà comment nous nous somme mis en danger et nous avons mis autrui en danger, par notre naïveté de croire que ce confinement ne serait pas si strict, ou se passerait bien.
Près de 5h de voiture sans motif de déplacement valable et un plein d’essence envolé pour moi, plus un trajet en train pour lui, avec ce que ça comporte de risques au niveau transmission du virus.
Certes, j’ai dû refaire des courses puisqu’on a écoulé mon stock ; certes, je n’ai pas joui en 6 jours et notre dernière partie de jambes en l’air a duré 4 minutes…
Mais c’est ce risque pris dans une situation aussi inédite que je regrette. Le mal est fait ; je ne peux que dire qu’on ne m’y prendra plus.
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Les Commentaires
Effectivement, globalement je suis d'accord avec toi sur la question de la charge mentale et du care qui incombe principalement aux femmes.
Ceci dit, un des combats du féminisme auquel je suis particulièrement attachée, c'est le développement de l'intelligence émotionnelle chez les hommes, qu'ils arrivent à exprimer leurs émotions et leurs sentiments. Qu'ils sortent du schéma caricatural "je suis un homme viril je veux une femme pour baiser principalement" (je caricature à l'extrême, bien sûr que tous les hommes ne sont ni hétéros ni bourrins). Et bien justement, en lisant ce témoignage, je me dis que pour se protéger le mec a sacrément intérêt à penser qu'il n'était là que pour la baise. Et ça ne donne pas envie de s'attacher si c'est pour se faire trainer dans la boue sur la place publique après.