— Mise à jour du 26 septembre 2014
La campagne anti-tabac a été mise en ligne. Elle est composée de deux spots, intitulés Message à ceux qui restent : les derniers mots d’amour d’une victime du tabagisme à ses proches.
http://youtu.be/jL6ZO7x9pwY
http://youtu.be/E4m64mz9oNU
Une infographie vidéo est également sortie, compilant les chiffres-clefs du tabagisme et alertant le grand public sur le nombre effarant de victimes.
http://youtu.be/sxOvTx4xyXM
Le plan anti-tabac 2014 du gouvernement
— Le 25 septembre 2014
Marisol Touraine a présenté aujourd’hui, jeudi 25 septembre 2014, un nouveau plan anti-tabac qui réunit plusieurs mesures de grande ampleur, pour un objectif multiple :
- Faire baisser le nombre de fumeurs de 10% en 5 ans
- Avoir moins de 20% de fumeurs dans 10 ans
- Voir, dans moins de 20 ans, la première génération de non-fumeurs : les enfants nés de nos jours.
Elle déclare, dans une tribune publiée sur son site officiel, Le tabac, notre responsabilité à tous :
« Notre objectif est ambitieux : nous voulons que les enfants qui naissent aujourd’hui soient la première « génération sans tabac ». Je sais que nous pouvons compter sur le soutien des Français pour empêcher le tabac de tuer demain les enfants d’aujourd’hui. […]
C’est par un ensemble d’actions coordonnées que nous réussirons à réduire le nombre de fumeurs. […]
C’est par un sursaut collectif que nous avons réussi à obtenir des résultats en matière de sécurité routière. C’est par un même sursaut que nous réussirons, tous ensemble, à obtenir des résultats contre le tabac. »
Qu’est-ce qui va changer, quelles sont ces mesures ? En voici les grandes lignes.
Des paquets de cigarettes neutres
Adieu, étagères bariolées du bureau de tabac et concours de design entre les marques : les paquets de cigarettes seront neutres. Ils auront tous la même forme, la même taille, seront de la même couleur, et le nom de la marque sera une simple inscription discrète.
Europe 1 se penche sur les résultats obtenus par ces paquets neutres en Australie, ainsi que sur ceux d’une enquête menée en Grande-Bretagne, où ils sont également envisagés. S’il est difficile de savoir quel pourcentage de la baisse du tabagisme leur est imputable, l’enquête effectuée outre-Manche a montré que :
«[…] les fumeurs prennent moins de plaisir à fumer après s’être mis à ce type de paquet. La première semaine, ils sont 5% à se déclarer insatisfaits de fumer. Au bout de quatre semaines, la proportion passe à près de 40%. »
C’est encourageant, mais il faut différencier « satisfaction » et… réponse à un besoin physique créé par l’addiction.
Débarrassés des logos, dessins et autres noms de marques, les paquets ne seront pas laissés vides pour autant, car l’avertissement sanitaire, qui en couvre pour l’instant le tiers de la superficie, va devenir plus grand : 65% de la surface du paquet y sera dédiée.
Cette mesure, très médiatisée, risque cependant de créer quelques problèmes : comme le rappelle le Huffington Post, en Australie, une bataille judiciaire a fait rage entre de grands noms de l’industrie du tabac et le gouvernement. L’argument de Philip Morris et de ses potes ? Les paquets neutres seraient plus facile à contrefaire, et constitueraient une « expropriation » du droit de ces industries à la propriété intellectuelle…
Les enfants mieux protégés contre le tabagisme passif
Deux mesures visent à protéger les enfants contre le tabagisme passif, mais aussi à les protéger contre une image trop « banale » de la cigarette qui pourrait les encourager à commencer à fumer plus tard.
- Interdiction de fumer dans une voiture en compagnie d’un (ou plusieurs) enfant(s) de moins de douze ans
- Transformation des espaces publics de jeux pour enfants en zone non-fumeurs
Une autre mesure risque de faire plus de bruit, car elle concerne la cigarette électronique :
- Interdiction du vapotage dans certains lieux publics : les établissements accueillant des mineurs (écoles, collèges, lycées, centres aérés…), tous les moyens de transport collectifs, et tous les espaces clos collectifs de travail.
En clair, pour s’en « griller » une au bureau, ou lors d’un trajet en train, il faudra sortir vapoter en compagnie des « vrais » fumeurs. Si la cigarette électronique peut être une bonne façon de réduire ou d’arrêter la cigarette-tout-court, elle peut aussi faire office de « porte d’entrée » vers le tabagisme : le gouvernement veut donc éviter de la faire entrer dans le quotidien des enfants et (pré-)ados.
À lire aussi : J’ai testé pour vous… la cigarette électronique
Choc pour les scientifiques : ces enfants ont les poumons d’un fumeur de 46 ans
Le gouvernement prévoit d’autoriser les policiers municipaux à faire respecter ces règlementations. Mais comme ils ne peuvent pas être partout, il est probable que la pression sociale fasse le gros du boulot : si des regards mauvais et des remarques venant de citoyen-ne-s lambdas visent ceux et celles qui vapotent dans le tram ou fument dans la file d’attente de Space Mountain, ça risque d’être efficace !
Plus d’aide (et plus d’argent) pour les fumeurs souhaitant arrêter
D’autres mesures concernent ceux et celles qui fument déjà, mais veulent arrêter. En premier lieu, une campagne d’information « choc » (c’est le mot du Ministère !) commence demain, le 26 septembre 2014, et sera diffusée pendant un mois.
Le gouvernement s’est également penché sur l’aide médicale à proprement parler :
- Les professionnels de santé, notamment les médecins traitants, qui peuvent suivre leurs patient-e-s sur la durée, seront sensibilisés et mobilisés pour mieux repérer puis prendre en charge le tabagisme
- Le sevrage sera mieux remboursé : les substituts à base de nicotine, déjà remboursés à hauteur de 150€/an pour les jeunes de 20 à 25 ans, le seront désormais pour les jeunes de 20 à 30 ans, les bénéficiaires de la CMU ainsi que les personnes malades du cancer.
Personnellement, je ne peux m’empêcher de penser que 150€/an, ce n’est pas énorme : les substituts ne sont pas donnés, et les personnes de mon entourage ayant arrêté de fumer sont passées par une période « substituts + cigarettes » pour éviter un sevrage trop brutal, faisant peu à peu pencher la balance en faveur des substituts. Quand on additionne le coût du tabac à celui des patchs, chewing-gums ou autres, les 150€ sont bien vite dépassés !
L’industrie du tabac dans le collimateur
Deux mesures visent directement l’industrie du tabac et ses activités de lobbying.
- Rendre les activités de lobbying (tentatives d’influencer les politiques, financement de programmes de recherches biaisés, etc.) de cette industrie plus transparente, dans l’idée de « faire pour l’industrie du tabac ce qui a été fait pour l’industrie du médicament », avec un site dédié en préparation.
- Créer un fonds dédié à la lutte contre le tabagisme, à la fois via l’information, la prévention et l’aide au sevrage. Le gouvernement espère mettre à contribution l’industrie du tabac…
En résumé : moins de tabagisme passif pour les enfants, qui verront moins de cigarettes (même électroniques) dans leur quotidien, pour une génération future non-fumeuse ; un meilleur accompagnement des personnes souhaitant arrêter de fumer ; une petite clef de bras à l’industrie du tabac.
Le tout est répertorié dans le Programme National de Réduction du Tabagisme, intégré dans la loi de santé publique qui ne sera pas examinée par les parlementaires avant 2015 : ce n’est donc pas pour tout de suite.
Qu’en pensez-vous ? Estimez-vous qu’on pourra voir, dans une vingtaine d’années, la première génération d’enfants pour lesquels la cigarette ne sera pas une banalité ?
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