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4 idées reçues sur le plaisir masculin, et des conseils pour les envoyer valser

Le plaisir masculin serait mécanique, basique, les hommes jouiraient moins fort que les femmes, le secret d’une sexualité épanouie se trouverait dans la prostate… Venez vous libérer des idées reçues à ce sujet !

En partenariat avec Passage du Désir (notre Manifeste)

Le plaisir féminin a bien entamé sa révolution. Vingt-deux ans après l’épisode 9 de Sex and the City saison 1, centré autour du fameux rabbit, et suite à des décennies de sensibilisation par des féministes sex-positive, le boulot n’est pas terminé, certes, mais il a largement avancé !

Quand on regarde de l’autre côté de la barrière, pour une fois, l’herbe n’est pas vraiment plus verte. Si les inégalités persistent en matière d’orgasme, le plaisir masculin, lui, est bien méconnu. Faisons donc un tour d’horizon des idées reçues concernant ce vaste sujet… pour finir avec des conseils et idées si vous souhaitez découvrir tout ce que votre corps peut vous offrir !

NB : par souci de concision, nous parlerons parfois ici de « plaisir masculin » mais le sujet concerne aussi, évidemment, toutes les personnes pourvues d’un pénis, d’une prostate, de testicules etc., indépendamment de leur genre !

1. Le plaisir masculin est simple, mécanique

C’est probablement le cliché le plus répandu : le plaisir venant du pénis est basique. Ça devient tout dur, on fait des va-et-vient, l’éjaculation survient, et dodo.

M’sieur Jérémy, créateur de contenu autour des sexualités masculines, le déplore lorsqu’il répond aux questions de madmoiZelle :

L’idée reçue la plus courante c’est que la sexualité masculine est barbare. Les gens ont tendance à imaginer un plaisir mécanique, instantané, alors qu’il y a plusieurs plaisirs différents en fonction du moment, mais aussi en fonction de ce qu’attend la personne procurant le plaisir et la personne recevant ce plaisir.

C’est comme si on réduisait le plaisir des femmes à un simple frottement du clitoris menant à une brève montée de dopamine, alors que toute personne ayant déjà exploré sa sexualité et son corps sait que c’est loin de se résumer à ça !

Cela peut varier selon notre état d’excitation, notre humeur, notre fatigue, notre niveau d’énergie, le stress, ce qu’on ressent envers la personne, s’il s’agit de plaisir à deux ; notre propre rapport à notre vie sexuelle et à nos zones érogènes…Il existe mille plaisirs différents et ça, ça vaut pour tout le monde.

2. L’orgasme masculin, c’est l’éjaculation

Certes, l’orgasme est très souvent lié à l’éjaculation — au point qu’il est aisé de comprendre comment on a fini par confondre les deux. Il peut pourtant y avoir éjaculation sans orgasme, orgasme sans éjaculation, et soit dit en passant, il peut y avoir érection sans désir, aussi.

Passeport Santé l’explique très bien, dans un focus sur l’anorgasmie :

Bien que souvent associée aux femmes, l’anorgasmie touche aussi les hommes. […] Ce trouble se manifeste alors de différentes manières : soit l’homme éprouve une difficulté à avoir une érection, soit une difficulté à éjaculer, soit il éjacule mais sans atteindre l’orgasme.

En effet, on considère souvent qu’une éjaculation équivaut à un orgasme. C’est faux : l’éjaculation est une réponse physiologique du corps humain, mais qui n’est pas nécessairement provoquée par un orgasme, qui lui, est reliée au psyché. Un homme peut tout à fait éjaculer sans avoir éprouvé de plaisir : on parle alors d’éjaculation anhédonique.

Mister Orgasme, qui diffuse des messages et informations autour de la sexualité positive sur son compte Instagram bienveillant, rappelle pour madmoiZelle qu’il existe d’autres jouissances que la stimulation « classique » du pénis :

Une autre idée reçue répandue consiste à considérer comme « annexes » des plaisirs qui sont en réalité des sources de jouissance à part entière, comme la stimulation du Point P par exemple.

Le point P ? La prostate, bien sûr… ne vous inquiétez pas, nous y reviendrons.

3. Les sextoys pour pénis, c’est bizarre

Bien évidemment (et bien malheureusement), on est encore loin d’avoir totalement accepté le plaisir féminin dans son ensemble, notamment la capacité des femmes à se faire jouir sans avoir l’aide de personne. Mais ces dernières décennies ont vu une incroyable normalisation des sextoys à destination des femmes ; du petit caneton mignon qu’on offre « pour rire » aux jouets du futur qui aspirent le clitoris, le choix est vaste !

Cependant, du côté des sextoys pensés pour les pénis, la démocratisation peine à venir, surtout dans le cadre d’une relation hétérosexuelle. Avoir un vibro dans sa table de chevet, c’est rigolo, avoir une vaginette sous le matelas, c’est chelou…

M’sieur Jérémy, qui publie très régulièrement des tests de sextoys masculins, explique :

Je suis le seul homme cisgenre du YouTube français à parler de sextoys, à les déballer comme des iPhone. Je vois bien que ça reste tabou : les ¾ des gens qui regardent mes vidéos ne sont pas abonnés à ma chaîne et ne me contactent qu’en privé, pas en laissant un commentaire public.

Au niveau personnel, j’ai déjà perdu des emplois en disant que je parle de sextoys masculins : on a cru que j’étais travailleur du sexe. Ce qui, déjà, ne serait pas honteux, mais surtout il se trouve que ce n’est pas le cas.

Le fait d’évoquer la masturbation des hommes, c’est toujours vu comme quelque chose de vulgaire. Un sextoy pour mec, ça reste un cadeau marrant qu’on offre à un pote bourré.

Quand on regarde la section « Masturbateurs » de Passage du Désir, on trouve pourtant toutes sortes d’objets loin d’être étranges, qui promettent à de chanceux pénis des sensations décuplées… alors il est grand temps de lever ce tabou !

4. La prostate, c’est « gay » (mais aussi « la prostate, c’est la panacée »)

C’est la grande blague du patriarcat hétéronormé : l’une des zones érogènes les plus sensibles des corps assignés au genre masculin se trouve… dans leur cul, ce même endroit où nul ne saurait s’aventurer sous peine d’être considéré comme homosexuel !

Mister Orgasme offre un petit point p… comme pédagogie, bien sûr.

Encore aujourd’hui, lorsqu’on associe prostate et plaisir masculin, ça peut avoir tendance à en faire grimacer certains.

La prostate, c’est une petite glande de l’appareil génital masculin qui se situe sous la vessie. En plus de sécréter certains composants du sperme, elle procure un plaisir incroyable lorsqu’elle est stimulée […]

Pour l’atteindre, il est nécessaire de passer par la voie anale. C’est généralement à ce moment-là que beaucoup d’hommes créent un blocage à cause de fausses idées reçues — je pense notamment à la plus courante qui voudrait que l’orientation sexuelle des hommes appréciant cette pratique soit remise en cause.

Je le répète une énième fois : il n’y a strictement aucun lien entre les deux.

Eh oui, que vous soyez hétéro, ou gay, ou autre orientation sexuelle, c’est prouvé scientifiquement : la prostate est un organe de plaisir, et la toucher devrait provoquer des sensations agréables.

Ironie du sort, selon les cercles sociaux dans lesquels on évolue, on peut parfois entendre carrément le discours inverse sur ce fameux point P. Un homme ne connaîtrait vraiment son corps et son plaisir que s’il stimule régulièrement sa prostate, et qu’il aime ça ! C’est pourquoi M’sieur Jérémy tient à remettre les points sur les i :

On nous demande d’être à l’aise avec notre prostate, mais ce n’est pas obligatoire, attention aux injonctions !

On peut ne pas avoir envie de l’explorer, ne pas la trouver, ne pas y prendre du plaisir une fois qu’on l’a trouvée, ou alors ressentir des sensations bof… l’orgasme prostatique, tout comme l’orgasme tout court d’ailleurs, ce n’est pas la même chose pour tout le monde.

Découvrir son corps, je dis oui ; la course à l’orgasme par tous les moyens possibles, je dis non.

Réinventer les sextoys masculins pour lever les tabous

À quoi pense-t-on quand on imagine un sextoy destiné à accueillir un pénis ? Probablement à un objet couleur chair, bizarre, dérangeant, qui ressemble à un orifice détaché de son corps — vagin, anus, bouche. Un machin un peu monstrueux qui sent le plastique, la vaseline et le malaise.

C’est bien mal connaître toutes les avancées réalisées dans le domaine ! La technologie du plaisir est loin de ne s’être penchée que sur le vagin, et il existe maintenant de très beaux produits destinés à stimuler les verges, comme le rappelle M’sieur Jérémy :

On a la chance d’avoir des marques comme Arcwave, qui produisent des choses différentes et aident à démocratiser les sextoys masculins. Le secteur est en pleine expansion, les gens commencent à se familiariser avec l’idée, même si le chemin reste encore long.

Arcwave, justement, vient de sortir l’Arcwave Ion, un masturbateur du futur qui applique au pénis une technologie bien connue côté clitoris : de l’air pulsé qui envoie des ondes de plaisir au niveau du frein. Si ça vous rappelle quelque chose, c’est normal… les créateurs du célèbre Womanizer, qui utilise le même système, sont aussi derrière Arcwave !

Voici une présentation de l’engin :

https://www.youtube.com/watch?v=XWteMqyFthY

Comme vous pouvez le voir, l’objet est racé, discret, on pourrait limite le mettre sur son étagère, entre l’enceinte Bluetooth et les pots de succulentes. Le plaisir est au centre de la promesse, l’innovation technologique est mise en avant et le côté pratique n’a pas été oublié puisque cette vidéo présente aussi le système de nettoyage du sextoy.

Passage du Désir parle carrément d’« une véritable révolution pour les hommes » ; parce que le plaisir promet d’être unique en son genre, différent de ce qu’on peut ressentir avec une masturbation classique, mais aussi parce que cette nouveauté aide à la démocratisation des sextoys masculins qui deviennent lentement des objets « normaux ».

Arcwave Ion, 189€ chez Passage du Désir
Arcwave Ion, 189€ chez Passage du Désir

Sorti en septembre 2020, l’Arcwave Ion n’est que l’exemple le plus récent des multiples innovations réalisées sur le marché des sextoys dédiés aux pénis (ou aux testicules, ou à la prostate). Les possibilités sont quasi-infinies, les orgasmes aussi !

Une meilleure éducation sexuelle pour détricoter les idées reçues

Hommes ou femmes, les dynamiques sont différentes mais le constat est le même : l’éducation sexuelle reçue dans l’enfance et à l’adolescence est loin d’être au niveau. Des cours efficaces pourraient démanteler tôt ces idées reçues afin de permettre à chacun et chacune de vivre en harmonie avec son corps, mais hélas, il reste encore beaucoup d’améliorations à mettre en œuvre…

M’sieur Jérémy revient sur ses souvenirs d’éducation sexuelle à l’école :

Il y a un vrai manque d’éducation à la sexualité, puisqu’on ne parle que d’érection, d’éjaculation et de reproduction. Du côté social, je parle du « syndrome du vestiaire » : entre hommes, on va à la limite évoquer des techniques de masturbation basique, centrées autour du sexe tendu et de l’éjaculation. C’est tout.

Il est essentiel de lever les tabous, tous les tabous autour de la sexualité, qu’ils concernent celle des femmes ou celle des hommes. Afin que la pénétration ne soit plus vue comme la seule relation sexuelle possible, que l’éjaculation ne soit plus vue comme la fin du rapport, que des actes tout à fait sexuels ne soient plus perçus comme des « préliminaires », que la stimulation du clitoris comme celle de la prostate ne soient plus source de honte…

C’est pour cela que madmoiZelle a tenu à interroger M’sieur Jérémy et Mister Orgasme, deux hommes qui œuvrent à pallier ce manque d’éducation sexuelle !

Le porno, catalyseur d’une sexualité masculine normée

Impossible de parler sexualité masculine sans évoquer le porno. En l’absence d’éducation sexuelle digne de ce nom, il représente pour bien de jeunes hommes (et femmes) la seule représentation de rapports intimes. M’sieur Jérémy se souvient :

Je ne suis ni pour ni contre le porno, c’est là que moi-même j’ai découvert, visuellement, la sexualité. Mais j’ai eu la « chance » d’être confronté à du porno des années 1990, très scénarisé, plutôt joli, sans actes violents ni humiliants, même si les corps étaient très normés. Je ne suis pas sûr qu’être élevé au porno dit « gonzo » aurait eu le même impact sur moi.

Je ne nie pas l’aspect découverte du porno : on peut y voir pour la première fois une vulve, un anus, un pénis. Moi-même, j’ai beau avoir grandi dans le Sud et être habitué des plages nudistes, je savais certes à quoi ressemblait une femme nue, mais c’est dans un film X que j’ai vu une femme « mouiller ». À l’époque, d’ailleurs, je n’avais pas compris ce qui lui arrivait…

Le porno, c’est du cinéma. Tout comme les meurtres ne sont pas réalistes dans un film de guerre, les actes sexuels n’y sont pas réels.

Mister Orgasme, sans se définir comme « anti-porno », a un avis plus négatif sur le sujet.

J’ai une opinion plutôt défavorable du X. Dans le porno, l’homme ne sort que très rarement de son cadre rigide et prédéfini. Il n’y a aucun aspect éducatif.

Aujourd’hui, le porno est dans la surenchère, la surstimulation ; il met en avant des pratiques toujours plus hard, et par conséquent toujours moins réaliste. Cette quête du « toujours plus » peut mener à […] une perception de la sexualité réelle complètement biaisée.

Selon une étude menée en 2018 auprès des jeunes de France, 15% des 14-17 ans regardent du porno au moins une fois par semaine. C’est bien plus que les trois séances annuelles d’éducation sexuelle prévues par la loi française

Si on peut considérer le porno comme un « simple » support à la masturbation, force est de constater qu’il devient dangereux lorsqu’il ne trouve en face de lui aucune information digne de ce nom. D’où l’importance de continuer à parler de sexualité, librement, de façon informée, bienveillante et pédagogique.

Explorer la sexualité masculine, seul ou à deux

M’sieur Jérémy veut aider les hommes à prendre plus de plaisir, et à prendre différemment. Il détaille pour madmoiZelle :

J’explique aux gens qu’en se masturbant différemment, ils peuvent se faire plaisir à eux-mêmes, mais aussi devenir de meilleurs amants. Je leur parle des sensations ignorées, des zones oubliées comme les tétons, la prostate…

Bien sûr, l’idée n’est pas de se forcer. Il faut le faire parce qu’on en a envie, et surtout sans jugement. Même dans le cadre du couple, se masturber en présence de l’autre personne peut créer un malaise, alors je conseille toujours d’explorer en solo pour commencer.

Ça peut rester un petit jardin secret, mais si on le souhaite, rien n’empêche d’amener dans ses ébats ce qu’on a appris tout seul !

Cette idée de s’explorer seul pour commencer fait écho aux conseils de Mister Orgasme :

Lorsque je discute avec mes abonnés masculins, je leur livre souvent ce conseil : commencez par découvrir votre corps, seul.

Au même titre que la masturbation que l’on découvre en étant plus jeune, l’exploration d’un autre plaisir (quel qu’il soit) en solitaire permet de se défaire de la peur du jugement, du regard de l’autre. Cela a pour vertu de créer autour de soi un espace que l’on perçoit comme sûr.

Enfin, pour ceux qui souhaitent découvrir ces nouveaux plaisirs accompagnés : LA COMMUNICATION !

Nous avons bien trop souvent tendance à faire des suppositions, parfois infondées, sur les possibles réactions de notre partenaire. J’entends souvent des phrases du type : « Ce n’est pas son truc », « Je ne suis pas certain que ça lui plaise », ou encore « Ça fait dix ans que nous sommes ensemble, si elle avait voulu me faire découvrir de nouvelles choses, je ne serais pas là aujourd’hui à discuter de tout ça avec toi ».

Sans communication, pas de partage. Sans partage, pas de découvertes.

J’ai reçu des témoignages de couples qui après quinze ans de vie commune ont redécouvert leur sexualité grâce à une communication ouverte, sincère et bienveillante ! Tout est possible, et à tout âge.

On n’a rien à perdre à s’explorer soi-même, si ce n’est un peu de temps. Un risque bien faible pour des résultats qui peuvent s’avérer décoiffants ! Alors partons, hommes comme femmes, à la rencontre de nos plaisirs, et qui sait : si vous avez été très sage, peut-être qu’un Arcwave Ion vous attendra au pied du sapin cette année…

À lire aussi : De jeunes hommes qui n’aiment pas le porno expliquent pourquoi

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