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Culture

Êtes-vous capables de résister au plaisir immédiat ?

Entre un plaisir immédiat mais éphémère, et un bonus au long terme, vous choisissez quoi ? Vous êtes du genre à patienter ou à vous jeter sur ce qui vous entoure ? L’autocontrôle, ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air…

Il y a quelques jours, alors que je demandais à l’un de mes amis préférés s’il avait regardé le dernier épisode de notre série favorite, il m’a dit un truc qui a complètement chamboulé mon monde, un truc un peu fou : « je le garde pour plus tard, pour un bon moment ».

Quoi, comment, pardon ? Il existe des gens capables de garder des séries pour plus tard ? De garder des Kinder dans le placard pour les manger demain ? Personnellement, j’ai regardé la série ET j’ai mangé le Kinder. En bref, je crois que je ne sais pas attendre, et ça m’a rappelé une expérience classique en psychologie : le test du chamallow

.

Dans les années 70, le psychologue Walter Mischel met au point une expérience un tantinet sadique pour étudier « l’autocontrôle », la capacité à se contrôler, des enfants : il présente à des mômes de 4 ans un truc tout à fait irrésistible (un chamallow) et leur explique qu’ils peuvent soit le manger tout de suite, soit attendre quelques minutes et en obtenir deux. Vous pouvez avoir un aperçu des réactions des enfants dans la vidéo suivante, qui réplique l’expérience de Mischel !

L’observation de plus de 600 enfants

Seulement 30% des enfants sont parvenus  à résister au chamallow et à attendre le retour du chercheur une dizaine de minutes plus tard. Une écrasante majorité des mouflets a essayé de résister, mais a fini par craquer et engloutir le chamallow : la plupart d’entre eux ont tenu seulement trois minutes sans manger la friandise.

Pourquoi certain-e-s parviennent à résister à la tentation, et pourquoi d’autres y cèdent allègrement ? Pourquoi certain-e-s ne peuvent attendre et pourquoi d’autres parviennent à se contrôler ?

Pour Walter Mischel, la différence réside dans la capacité à créer une distraction : en observant les enfants qui ont réussi à résister au bonbon, le chercheur a constaté qu’au lieu de mater le chamallow les yeux dans les yeux, ces enfants avaient essayé de détourner leur attention du bonbon – ils ont chanté, joué, ils se sont couverts les yeux… Ils ont évité de penser au chamallow, ils ont eu une relative « maîtrise de soi » et ça les a aidé à réussir leur challenge.

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Une étude sur le devenir de ces enfants

Des années plus tard, Walter Mischel recontacte les enfants ayant participé au test du chamallow et les questionne sur leurs capacités à planifier, à anticiper le futur, à résoudre des problèmes, sur leurs compétences sociales, sur leurs réussites scolaires…

Les enfants qui n’avaient pas pu attendre et qui avaient rapidement mangé le bonbon auraient plus tendances à avoir des problèmes de comportements, à avoir de moins bons résultats scolaires. À l’inverse, les enfants qui étaient parvenus à se contrôler auraient obtenu de meilleures notes, et leurs parents auraient indiqué une meilleure capacité à gérer le stress, à gérer des situations frustrantes, à se concentrer…

Walter Mischel et son équipe lient ces succès à la capacité à se maîtriser : pour eux,  plus on a un « contrôle sur soi », plus on est capable d’accepter une gratification différée, de reporter une satisfaction immédiate, plus nous aurions de chances de succès. Pour les chercheur-se-s, l’incapacité à se contrôler serait due à une difficulté à gérer nos impulsions : les psychologues expliquent que nous aurions une sorte de système « chaud et froid ».

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Le chaud, le froid, et moi, et moi, et moi….

Le système « froid », ce serait notre système de pensée : les enfants savent pour quelles raisons ils ne devraient pas manger le chamallow (pour en avoir deux plus tard). Je SAIS pourquoi je devrais travailler au lieu de m’enfiler des épisodes de Game of Thrones. Et pourtant, malgré ce savoir pragmatique et implacable, les enfants mangent les friandises et je retourne à King’s Landing.

Ce serait la faute de notre système « chaud », impulsif et émotionnel : parfois, il prend le pas sur la raison et nous pousse à céder à nos impulsions, sans considérer les conséquences au long terme. Il y aurait comme un « biais du présent » : lorsque je fais mes courses à la Ruche qui dit oui, j’achète des TOUJOURS des salades, parce que je sais parfaitement que les légumes, c’est sacrément bon pour moi. Mais une fois sur deux, les laitues pourrissent tranquillement dans le bac à légumes parce que le soir venu, je ne résiste pas à mon impulsion et je fais des pâtes. Sublimées par du parmesan low cost.

En somme, pour certain-e-s d’entre nous, accepter de retarder une gratification, c’est difficile. Ne pas acheter une petite chemise fleurie Sandro en se disant que bientôt, ce sera les soldes, c’est compliqué. Accepter de ne pas flamber aujourd’hui pour économiser, c’est mission impossible. Ne pas engloutir un bonbon en se disant que si on attend, on en aura deux, c’est trop duuuuuur !

Le truc, c’est que remettre à plus tard un plaisir immédiat pour tenter d’atteindre un but à moyen ou long terme, cela pourrait bien nous servir : visiblement, l’autocontrôle serait une qualité importante pour prédire nos succès. La bonne nouvelle, selon Mischel, c’est que ça peut se travailler : on peut apprendre aux enfants, comme aux adultes, à résister aux tentations immédiates… et à accepter les gratifications ultérieures.

Pour aller plus loin…


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Les Commentaires

13
Avatar de Justine_
16 mai 2014 à 17h05
Justine_
Je viens de finir de manger ma salade plus très fraîche, de la Ruche qui dit oui, qui date d'il y a deux semaines.
J'ai l'impression que l'on m'a espionné pour écrire cet article. Oui j'en prends à chaque fois que je fais une commande et j'ai la flemme de la laver pendant une semaine.

BAHAHAHAHA, je viens de jeter la moitié de mes épinards de la Ruche... Une pensée pour toi !

Le truc c'est que pour parvenir à résister, attendre, patienter, il faut une certaine confiance en l'avenir, il faut être persuadé que même si on ne prend pas le plaisir maintenant, tout de suite, tant qu'il est là, il sera toujours là plus tard.

Dans le cas de l'expérience avec le marshmallow par exemple, il faut déjà que les enfants aient assez confiance dans la personne qui leur a donné le marshmallow. Qui leur dit qu'elle va vraiment leur en donner un deuxième, et pas reprendre le premier s'ils ne le mangent pas?

Mon raisonnement peut paraître tordu mais voilà, je pense que ça demande une certaine tranquillité d'esprit de différer le plaisir. Dernier exemple : si je bosse mon mémoire aujourd'hui au lieu d'aller boire un verre en terrasse alors qu'il fait beau, qui me dit qu'il ne pleuvra pas tout l'été et que je me serai bien faite avoir? (j'habite à Lille :taquin

Ça, c'est très vrai !
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