Dormir, c’est bien. C’est un des plaisirs pas chers que nous offre la vie sur un plateau d’argent IKEA. Du coup, le moment du réveil est souvent un peu compliqué (sauf, bien évidemment, quand on se réveille naturellement, que c’est le week-end, qu’on a aucune obligation, que dehors il fait beau et qu’un oiseau siffle ta chanson préférée à ta fenêtre).
Mais il y a pire qu’un réveil ronchon provoqué par la sonnerie du réveil : les réveils ronchons provoqués par autrui. Et dans certains cas de figure, c’est un calvaire innommable.
Certes, il existe plein de bonnes raisons de réveiller quelqu’un – parce qu’on est dans un rapport d’intimité et qu’on a envie de se le rappeler, parce qu’on a préparé le petit-déjeuner, parce qu’on part à Disney ou en vacances, enfin vraiment, ouais, y en a plein. Mais concentrons-nous sur les moments moins joyeux s’il te plaît.
Réveiller quelqu’un parce qu’on a envie de parler
J’ai eu envie d’écrire cet article la semaine dernière. Je te fais un bref topo : j’étais dans le train, c’était un vendredi, j’étais fatiguée par ma semaine et j’avais justement pris un trajet plus long mais sans changement pour pouvoir roupiller peinarde. J’étais arrivée tôt à la gare mais j’avais quand même couru un peu pour être sûre d’avoir une place assise.
Place assise que j’ai trouvée. J’étais bien, les écouteurs dans mes oreilles, le mode avion activé pour être sûre qu’aucun « bidibum » me signalant un nouveau texto ou message Facebook ne me réveillerait, et je me suis endormie, avant même le départ. J’étais partie pour 1h30 d’un sommeil intense et profond.
C’était sans compter sur mon voisin de véhicule, qui avait dû trouver ma tête sympa, et a cherché un prétexte nul pour me réveiller et entamer DIRECT la discussion vingt minutes plus tard. Réveiller une inconnue pour son plaisir personnel, déjà, ça se fait moyen. Réveiller une inconnue pour son plaisir personnel ET entamer la discussion tout de suite sans même attendre qu’elle ait un peu émergé, est-ce que ça se fait ?
NON ÇA S’FAIT PAS.
Ça mériterait un procès retranscrit sur toutes les grandes chaînes du monde et une condamnation à avoir un doigt glissé dans l’oreille toutes les nuits au plus fort du sommeil.
Réveiller quelqu’un parce qu’il ronfle
Oui bah oui j’suis désolée mais je trouve ça vachement cruel de réveiller quelqu’un pour le faire culpabiliser avec un phénomène indépendant de sa bonne volonté. Je comprends qu’on le fasse. Moi-même, je le fais. Mais c’est pas parce que je le fais ou que je comprends qu’on le fasse que je trouve ça bien. (NDFabQuiRelitCetArticle : quid de siffler ?)
Réveiller quelqu’un parce qu’on n’arrive pas à dormir
Bon, dites, j’suis humaine : quand je dors avec quelqu’un et que j’arrive pas à trouver le sommeil (ce qui m’arrive au maximum deux fois par vie, mais tout de même), je réveille l’autre.
Le pire c’est que je fais ça d’une manière fourbe : je vais pas honnêtement bousculer ceux qui partagent ma couche en disant « Eh. J’arrive pas à dormir. C’est chiant. Divertis-moi. » Je fais ça discrètement, en bougeant dans tous les sens, comme les enfants qui jouent mal et font semblant de faire des cauchemars dans les films
, tout pareil, en donnant des petits coups dans les jambes de l’autre. (NDFabQuiRelitCetArticle : tu mérites qu’une personne te suive TOUTE TA VIE en te donnant des petits coups dans les jambes en permanence)
Une fois que mon plan a fonctionné, je fais semblant de me réveiller, m’étire façon « J’ai fait l’Actors Studio mais en vrai quand je dis j’ai fait l’Actors Studio, je veux dire que c’est moi qui ai fait le plan de l’immeuble de l’Actors Studio. C’est pas tout à fait pareil » et finis par dire « Oh mince, t’es réveillé ? Oh. Zut. Bon bah du coup on peut discuter ! »
Je mérite un peu la peine de mort, parfois. J’en ai bien conscience. (NDFabQuiRelitCetArticle : pire.)
Réveiller quelqu’un parce qu’on a fait un cauchemar
Quand on se réveille d’un cauchemar, c’est jamais bien agréable. On met du temps à réaliser qu’il ne s’agissait pas de la vraie vie, puis on met du temps à oublier d’être triste, effrayée ou paniquée à l’idée de revenir dans le même contexte une fois qu’on aura sombré à nouveau dans le sommeil. Et puis en plus, souvent, on sue, histoire de noircir encore un peu plus le tableau avec la crainte que cette humidité soit en réalité de l’urine.
Oui mais voilà : réveiller la personne avec qui tu dors pour lui raconter ton cauchemar et t’alléger un peu du poids de l’angoisse, c’est pas hyper altruiste, parce que ça refile ton angoisse à quelqu’un d’autre. J’avais un ex, il faisait tout le temps ça. Il me secouait alors que je dormais à poings fermés et me déballait son rêve – qui était souvent lié à ma propre mort pour une fraîcheur maximale. Exemple :
« J’ai rêvé que tu te faisais kidnapper, enfermer dans une cave pendant des semaines et que je le savais, mais comme ton portable passait pas dans le sous-terrain, je pouvais pas t’appeler pour savoir où t’étais. Et je devais vivre avec la certitude que quelque part dans le monde, tu ne voyais plus la lumière du jour, ou ta famille, ou tes amis, ou moi, juste des bourreaux. Atroce. »
Alors tu te retrouves, le coeur battant la chamade, à visualiser ses cauchemars à lui, à visualiser ta propre mort. Et moi comme j’étais bien con je le calmais et le prenais dans mes bras pour qu’il se rendorme serein, et finissais la nuit à regarder le plafond, à l’affût du moindre bruit, avec la peur que ce soit prémonitoire parce qu’on sait jamais. SUPER. (NDFabQuiRelitCetArticle : finalement, t’as connu pire que toi. Ça peut t’excuser un peu. Ou pas.)
J’étais ravie.
Et toi, c’est quoi les raisons les plus pourries pour lesquelles on t’a réveillé-e ? Et est-ce que tu veux bien qu’on crée ensemble l’association pour condamner à perpétuité à avoir un spot allumé qui donne pile sur leurs yeux aux empêcheurs de pioncer en rond ?
Parce que moi, j’suis pour. (NDFabQuiRelitCetArticle : mais tu crées ton propre supplice, je comprends pas ? :)) (comment ça, je me tais ?) (bon ok)
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