En ce qui concerne la culture, que ce soit les films, les séries, l’art graphique ou encore la musique, il y a des petits moments de grâce pendant lesquels on te recommande quelque chose qui te convient absolument. Dans ces petits instants de la vie, j’ai envie de me jeter dans les bras de la personne qui m’a conseillé un truc qui me remplit le coeur de joie, de guimauves et de Dragibus. Mais c’est souvent un hasard, parce que mine de rien, quand on conseille quelque chose qu’on aime, on est tellement enthousiastes qu’on ne réfléchit pas forcément en se demandant si la personne en face aimera ou pas. Ce Les pires conseils est donc garanti sans animosité aucune : je n’en veux pas aux personnes qui m’ont guidée vers des trucs que j’allais détester. Je suis même touchée par leur enthousiasme et leur volonté de partager avec moi un truc qu’elles aiment.
Mais quand même. Après le style, la séduction et les études, voilà les pires conseils culturels qu’on m’a donnés.
« Regarde How I met your mother, ça détend »
Je dis How I met your mother mais ça pourrait être n’importe quelle sitcom américaine qui a pour personnages principaux des gens répondant aux critères de beauté actuelle, qui ont « réussi leur vie »* et qui se compliquent la vie pour faire des rebondissements scénaristiques. Des séries où la plupart du temps, il ne se passe rien, où on rit un peu jusqu’à ce que plus personne n’ait d’idée pour rendre l’intrigue drôle. Pires, des séries où toutes les situations et réactions sont exagérées sans pour autant verser dans l’absurde. C’est là, à mes yeux, le gros problème que j’ai avec les sitcoms de ce genre : j’aime l’absurde. J’aime moins les séries dans lesquelles tout le monde est suffisamment drama queen pour en faire trop, mais pas assez, ou pas dans la bonne direction, pour devenir drôle.
Sachant que je regarde toujours un épisode de sitcom avant de dormir, m’avoir dit « Regarde How I met, ça détend », c’est un peu comme m’avoir conseillé de prendre du Guronzan avant d’aller me coucher. J’ai envie de secouer tous les personnages dans tous les sens en leur hurlant « SOYEZ HONNÊTES ET FAITES PAS CHIER » pour qu’ils cessent de se bousiller le sphincter avec des broutilles. Alors non, une personne comme moi ne peut pas trouver de détente et de salut dans des séries comme How I met, New Girl, Happy Endings ou même – oui – Sex and the City.
Inconsciemment, je crois que ça me saoule aussi de les voir picoler tout le temps.
(*Point j’ai mis des guillemets parce que : quand je dis qu’ils ont réussi leur vie, c’est dans l’idée que les gens s’en font souvent, à savoir un appartement assez grand et un boulot qui rapporte. Rappelons que chacun-e a sa propre vision de sa propre réussite et céssakékoule.)
« Mais non ça fait pas peur les Lars von Trier, tu peux y aller tranquille »
Un jour, y avait un film de Lars von Trier qui passait à la télé. J’étais (plus) jeune et insouciante, mais comme je suis une flipette qui déteste absolument les films d’horreur, je préférais demander si le réalisateur dont je ne connaissais absolument pas le travail pratiquait le gore. À l’époque Antichrist n’était pas sorti donc, pour ce dernier point, la réponse était non. On m’a donc dit en substance « ah mais nan c’est pas des films d’horreur tu peux y aller tranquille ».
Alors j’ai regardé mon premier Lars von Trier ; mon premier film aussi puissant quand il s’agit de retourner les tripes dans tous les sens, qui a fait ressentir des trucs absolument inhumains à l’ado que j’étais. Alors bon, se contenter de dire « ça fait pas peur » d’un truc qui crée un tel malaise en toi, c’est comme dire « ah non, s’arracher un ongle de pieds à la tenaille ça ne chatouille pas derrière l’oreille, t’en fais pas ». J’ai aimé tous les films de Lars von Trier que j’ai vus, très fort, mais tout de même. Avec le recul, j’imagine la personne qui m’a dit l’air de rien « mais non ça fait pas peur » se frotter les mains en m’imaginant, toute en sueur, affalée sur mon canapé sans trouver la force de me lever pour aller me coucher sans trouver le sommeil. C’était cruel. J’étais pas préparée pour ça. C’était pas ma guerre.
Ne te fie pas à son air béat : Dancer in the dark ça fout les boules SÉVÈRE.
« Profite d’avoir moins de 26 ans pour faire toutes les expos qui sont à ta portée. »
Avoir moins de 26 ans, c’est cool avant tout pour un truc : les musées nationaux sont gratuits et t’as souvent des réductions sur le prix du billet d’entrée aux expositions. Sérieusement, le jour où je n’aurai plus accès à ce sésame, je crois que je vais pleurer tous les jours des larmes à l’acide. Donc voilà, on m’a dit, à très juste titre « profites-en bien parce qu’après c’est plus cher et c’est moins cool. Fais le plus d’expo et de musées possible, quoi ». Évidemment comme je fais pas les choses à moitié (la première demi-heure quand je commence un truc, du moins), j’ai pris ça au mot. C’est ainsi que je me suis un jour retrouvée à visiter un musée qui avait une grande section Égypte ancienne alors que j’ai une peur panique des momies. J’ai fini par m’asseoir par terre aux bords des larmes avant de me décider à partir, les jambes tremblantes. C’est ainsi que je me suis perdue dans les parties les plus éloignées de tout ce que j’aime au Louvre (dans mon cas, c’est là où je passe 20 minutes les bras ballants au milieu d’une foule de gens qui comprennent des trucs que je comprends pas devant un tableau techniquement parfait comme La Joconde, sans savoir quoi faire parce que ça ne m’évoque rien). C’est ainsi que je suis allée à une exposition sur le maniérisme anversois qui est tellement éloigné de ma sensibilité artistique – si je puis utiliser ce terme en parlant de moi – que j’ai littéralement pleuré d’ennui.
Et toi, quels sont les petits conseils culture qu’on t’a donnés et que tu regrettes d’avoir suivi ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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