« Quand on change les règles sans en informer les joueurs, je ne trouve pas cela très loyal » avait-il déclaré à la barre, non sans toupet, le 8 mars dernier. Pierre Ménès, l’ex-chroniqueur de foot, star de Canal+, était visé par des accusations d’agression sexuelle, mais plaidait une forme d’injustice due aux « codes changeants » des relations homme-femme. Il vient de connaître son verdict : ce mercredi 19 avril, il a été condamné à deux mois de prison avec sursis et est relaxé dans deux des trois affaires examinées. Il ne sera par ailleurs pas inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Une peine en deçà de ce qui était requis
Le 8 mars dernier, l’ex-journaliste star de Canal +, comparaissait donc devant le tribunal correctionnel de Paris pour trois affaires : des accusations d’« atteinte sexuelle » sur deux vendeuses du magasin Nike des Champs-Élysées, le 18 juin 2018, et d’attouchements sur une hôtesse du Parc des Princes, lors d’un match entre le Paris Saint-Germain et Nantes, le 21 novembre 2021.
À ce titre, le procureur avait réclamé huit mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende, estimant qu’il s’agissait de « comportements répréhensibles sur le plan pénal », mêlant « abus de notoriété et de pouvoir », comme le rapportent nos confrères de Libération.
La palme du lyrisme
Pierre Ménès avait alors déroulé une défense lunaire, frôlant le complotisme : « J’avais un style extrêmement personnel, j’étais celui qui disais tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, et forcément ça ne plaît pas à tout le monde. On a pu leur suggérer [de m’accuser], leur dire que ce serait bien de me mettre un petit coup derrière la tête. » Tout ceci ne serait qu’un « coup monté », en somme.
Le tribunal l’a finalement déclaré coupable pour « une partie » des faits concernant une des vendeuses, mais l’a relaxé du reste. Si le principal intéressé entend faire appel de la décision, comme si cette situation n’était finalement que le fruit d’un très gros malentendu, rappelons qu’il n’en est pas à son coup d’essai : en 2018, sa réputation était déjà bien écornée par les révélations du documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, qui dénonçait, preuves à l’appui, le sexisme constant dans le milieu du journalisme sportif.
Parmi les rôles principaux, un Pierre Ménès enorgueilli par la protection féroce de sa chaîne, dissimulant tant bien que mal les comportements de sa star, qu’il s’agisse de baisers forcés ou d’attouchements en pleine émission. Suite au documentaire, Nanterre a d’ailleurs diligenté une enquête pour agressions sexuelles et harcèlement sexuels, dont les conclusions ne sont pas encore connues.
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Les Commentaires
Cependant je comprenne qu'il fasse appel.
Sur les 3 plaintes . Il y en a 2 ou le tribunal a estimé qu’il y avait un doute conséquent et qu’il ne pouvait entrer en voie de culpabilité.
Quand à la 3eme, il est condamné (…) pour des mains, où il aurait touché les mains de la vendeuse, sur le fondement d’une vidéo qui a été délibérément détruite par le procureur de la République...