Après avoir fait trempette dans du chocolat chaud à la meringue devant mille et une romances de Noël pendant la période des fêtes, l’heure est aujourd’hui à une version plus douloureuse de l’amour.
Exit les films sucrés, les œillades enflammées sous des bonnets de Père Noël clignotants, bonjour à un cinéma plus ambitieux, plus sombre aussi, qui explore les traumatismes d’une héroïne en plein deuil.
En effet, le très attendu Pieces of a Woman est sorti le 7 janvier sur Netflix. Mais au vu des accusations de violences conjugales qui pèsent sur l’un de ses acteurs principaux, Shia LaBeouf (lire ci-dessous), on préfère ne pas vous parler QUE de ce long-métrage…
Pieces of a Woman, un très beau film malheureusement terni
Il convient d’aborder la grosse sortie du jour, dont tout le monde parle.
Pieces of a Woman est le premier film américain du Hongrois Kornél Mundruzcó, le réalisateur des sublimes Tender Son, White Dog et La Lune de Jupiter, tous remarqués à Cannes. Sa première réalisation américaine a d’ores et déjà été saluée par plusieurs gros festivals internationaux, comme la Mostra de Venise — où l’actrice principale du film, Vanessa Kirby (Avant toi, The Crown), a reçu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine.
Pieces of a Woman, c’est l’histoire de Martha Carson, une jeune femme qui perd son bébé lors de son accouchement.Suite à ce drame, elle se lance dans un voyage intérieur fort, à la rencontre de ses démons, de ses brèches et de ses doutes.
Ce deuil la pousse à reconsidérer sa relation (conflictuelle) avec son mari et l’oblige à s’opposer à sa mère, qui l’encourage à porter plainte contre l’infirmière qui l’a aidée à accoucher. Ce que Martha se refuse à faire…
Si Pieces of a Woman a tout du drame oscarisable et nous fait les yeux doux depuis des mois, il nous faut préciser qu’il est en partie emmené par Shia LaBeouf, lequel est actuellement en proie avec la justice. Accusé par son ex-petite amie FKA twigs de violences conjugales (physiques, sexuelles et psychologiques), l’acteur est aussi pointé du doigt par la chanteuse Sia, qui a expliqué sur Twitter :
« J’ai moi aussi été blessée émotionnellement par Shia, un menteur pathologique qui m’a entraînée dans une relation adultérine en prétendant être célibataire. Je pense qu’il est très malade, et je ressens de la compassion pour lui COMME pour ses victimes. Mais si vous vous aimez vous-mêmes : restez en sécurité, gardez vos distances. »
https://twitter.com/Sia/status/1337983571768737792
Il s’agit de lourdes accusations auxquelles a immédiatement répondu Netflix en retirant le nom de Shia LaBeouf de la liste des potentiels lauréats dans la course aux Oscars. Vanessa Kirby s’est également exprimée au magazine The Sunday Times :
« Je soutiens les survivantes, et je respecte le courage de tous ceux, toutes celles qui racontent leur vérité. »
Parce qu’il serait dommage de ne pas parler d’un film avec dans son rôle-titre une femme en proie à ses démons intérieurs, on tenait tout de même à vous présenter cette production. Mais on voulait aussi vous en proposer d’autres, au cas où vous choisissiez de faire l’impasse sur Pieces of a Woman — si c’est ce que vos valeurs vous dictent.
Voici donc trois autres films déchirants, sombres et touchants portés par des femmes.
Alabama Monroe, de Felix Van Groeningen
Sorti en 2013, l’avant-dernier film de Felix Van Groeningen (le formidable créateur de La Merditude des choses
) a immédiatement fait parler de lui avant de s’imposer comme l’un des drames les plus prenants de la décennie — catégorie dont est d’ailleurs spécialiste le réalisateur, qui depuis a sorti le bouleversant My Beautiful Boy avec Timothée Chalamet et Steve Carell.
Alabama Monroe explore l’amour absolu et inaltérable d’Elise et Didier. Tout comme leur désespoir…
Le couple vit au rythme du banjo, vénère l’Amérique, et ses symboles. La journée, Elise tatoue, le soir elle chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît Maybelle, une petite fille qui fait leur bonheur.
Un bonheur très vite éviscéré par le cancer de l’enfant…
On vous met au défi de sortir indemne d’Alabama Monroe et plus généralement du cinéma de Felix Van Groeningen.
Ce film est disponible à la location sur YouTube ou sur Amazon Prime Video.
A Ghost Story, de David Lowery
A Ghost Story, c’était LA claque esthétique de fin 2017. Créatif et d’une sensibilité sans équivoque, ce film signé David Lowery est une réflexion sur la mort et le temps qui passe au travers des yeux d’une femme en deuil et d’un fantôme.
Finalement assez loin des codes du cinéma horrifique, en cela qu’il s’épargne tout jumpscare et balançoire grinçante pour n’explorer que la psychologie dévastée de ses personnages brisés, A Ghost Story est un OVNI qui mêle horreur douce et drame intimiste. David Lowery y crée son propre genre, à l’orée de plusieurs mondes cinématographiques.
On vous conseille de vous accrocher, car les 15 premières minutes du film sont d’un ennui quasi-mortel. Mais une fois ce passage dépassé, on accède à une proposition magistrale, à couper le sifflet !
A Ghost Story, c’est l’histoire du fantôme d’un homme rendant visite à sa femme en plein deuil. Recouvert d’un drap blanc, il erre dans son ancienne demeure comme une âme en peine. Et il va vite découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n’a plus d’emprise sur lui…
Ce film est disponible sur Netflix !
The Florida Project, de Sean Baker
Dans un motel coloré de la banlieue de Disneyworld, Moonee a 6 ans et règne déjà sur une troupe de gosses tous plus insolents les uns que les autres. L’enfant vit avec sa toute jeune mère qui peine à joindre les deux bouts et à payer son loyer…
Livrées à elles-mêmes dans une Floride aux couchers de soleil rosés, elles affrontent l’existence avec une candeur touchante et s’aiment fort, en dépit des circonstances.
The Florida Project rassemble en à peine 2h tous les éléments indispensables au drame social réussi : une situation initiale qui met en scène les oubliées de l’Amérique, des acteurs fantastiques, une photographie sensationnelle et une héroïne qui brise les codes.
The Florida Project oscille doucement entre drame social et comédie, insérant des dialogues d’une rare drôlerie et surtout d’un naturel confondant dans un une intrigue déprimante, celle d’une femme qui vit en marge de la société et qui n’a pas le temps de vraiment élever sa fille. Un long-métrage trop sous-coté dont on ne cesse de vanter les mérites dans nos colonnes !
Ce film est disponible à l’achat sur Youtube et Amazon Prime Video.
Voilà donc 3 films à ajouter à votre liste des œuvres à avaler. Et vous, quels sont les œuvres qui vous ont le plus retourné le cœur ?
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