Le physique peut-il être un facteur discriminant à l’embauche ? C’est en tout cas la conclusion de l’étude du Défenseur des droits et de l’organisation internationale du travail (OIT) qui a interrogé 998 demandeurs d’emplois âgés de 18 à 65 ans. Près d’un•e sondé•e sur dix déclare avoir été discriminé à l’embauche du fait de son apparence physique et 20% des personnes en surpoids estiment que cela leur a clairement causé un refus.
Des chiffres effrayants, surtout qu’ils sont plus élevés du côté des femmes — symptôme d’une société sexiste…
La question du corps… et celle du look
Depuis 2001, le critère de l’apparence physique, que ce soit le corps ou le look vestimentaire, fait partie des motifs de discrimination à l’embauche, au même titre que l’âge ou l’orientation sexuelle. En d’autres termes : il est interdit par la loi de refuser d’embaucher quelqu’un pour ces raisons.
Égale aux yeux de la loi, la différence entre physique et look est cependant montrée du doigt par le panel lui-même. Quand on interroge sur les caractéristiques acceptables pouvant expliquer un refus d’embaucher un candidat, on se rend compte que si entre 71 et 73% des demandeurs d’emploi estiment qu’il peut être acceptable d’être refusé pour sa tenue vestimentaire, ils ne sont que 39% à penser qu’il l’est pour une raison de tour de taille.
En 2015, la discrimination dans l’emploi pour l’apparence physique ne représentait que 4,2% des cas de réclamation
. Un chiffre faible, pouvant s’expliquer par le fait que cette injustice est souvent difficile à reconnaître, que ce soit par la victime qui ne se rend pas forcément compte de la situation ou par la loi, dont les contours sont flous.
Des chiffres révélateurs d’une société superficielle (et sexiste)
Les répondant•e•s estiment à 79% (83% des femmes, 76% des hommes) que leur apparence physique a une influence sur le recruteur. Des craintes confirmées par l’étude, qui met en évidence la place occupée dans les recrutements par la conformité des candidats aux normes qu’elles soient vestimentaires ou physique, en particulier pour les femmes.
Les discriminations à l’embauche liées à l’apparence physique sont rapportées presque 2 fois plus (1,7) par les femmes que les hommes, et ce, indépendamment de toutes caractéristiques d’âge, de poids, de style vestimentaire et de niveau d’études.
Si 8% du panel estime avoir vécu des discriminations dû à son physique, 33% des chômeurs concernés par l’obésité disent « avoir déjà été confrontés à des questionnements en lien avec leur corpulence ». Des chiffres qui se révèlent quand on demande aux hommes et aux femmes si leur surcharge pondérale leur a clairement valu un refus. Seules 13% des personnes de sexe masculin s’estiment touchées par cette problématique quand ce taux s’élève à 30% des femmes.
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En moyenne, les femmes obèses déclarent huit fois plus que les autres être discriminées pour leur physique. Un fait sexiste, et un écart qui s’accentue dans le cas d’un indice de masse corporelle en surpoids marqué sans pour autant atteindre le stade de l’obésité. En effet, les discriminations à ce sujet ne sont citées que pour 2% des chômeurs hommes concernés quand ce taux grimpe à 10% pour les femmes.
Que faire contre les discriminations ?
Si vous êtes témoin ou victime de discrimination, dans un premier temps, prenez contact avec les ressources humaines de votre entreprise. Si cela ne suffit pas, vous pouvez saisir Défenseur des droits, qui a succédé à la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) en 2011.
Pôle Emploi propose aussi un petit guide pour repérer les annonces discriminantes.
L’État a lui promis des campagnes de test avant fin mars afin d’identifier et punir les entreprises qui discriminent les candidat•e•s. Une initiative qui permettra d’obtenir de nouveaux chiffres et qui, je l’espère, fera évoluer les choses !
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Les Commentaires
C'était sur mon CV papier avec une note pour mon expérience, une pour mon niveau d'études,... Je l'ai retrouvé quand il est parti à la retraite sans vider son bureau. C'est un mec qui quand je mangeais, venait me chercher en salle de repos pour me demander des trucs qui pouvaient attendre et la seule fois où je lui ai répondu que je terminais mon repas et arrivais, il m'a sorti un "putain de bonne femme !" Alors je n'ai pas été étonnée.