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Santé

J’ai la phobie d’embrasser, la philematophobie

Cette madmoiZelle a une phobie aussi peu commune qu’handicapante : la phobie d’embrasser, appelée philematophobie. De son premier baiser effroyable aux sources du problème, elle vous raconte tout !

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C’est un bien grand mot que philematophobie ; à moins que tu n’aies fait LV2 grec ancien, cela ne te dit sans doute rien. Sache donc, ô noble lectrice•teur, que la phobie qui me gâche la vie est une peur panique et irraisonnée… d’être embrassée. Pas sur la joue, non ; c’est le contact labio-labial qui me donne envie de rentrer chez moi en pleurant, de me cacher sous ma couette et potentiellement de mourir.

À lire aussi : Les cours à distance ont bel et bien soigné ma phobie scolaire : me voilà en BTS !

Impossible d’embrasser

Je me suis rendu compte que j’avais un réel problème lorsque j’avais 12 ans, quand j’ai embrassé quelqu’un pour la première fois et que ça s’est vraiment mal passé. C’était en bas de chez moi, et après je n’ai pas pu m’empêcher de rentrer en courant pour vomir.

J’en ai ensuite parlé à mon premier copain, parce que je ne pouvais pas y couper. Il a été très compréhensif, et je ne le remercierai jamais assez pour ça. On est restés neuf mois ensemble, puis j’ai mis un terme à cette relation : je me sentais vraiment mal par rapport à lui, de ne pas pouvoir lui offrir une relation « normale ». Du coup ce garçon reste la seule relation longue et fonctionnelle que j’ai eu. Pendant cette période, je me suis forcée plusieurs fois à l’embrasser, mais c’est un peu comme forcer un•e arachnophobe à faire un câlin à une mygale… ce n’était pas une expérience très concluante.

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Je n’en ai jamais parlé à ma famille, parce que je ne sais pas du tout comment je pourrais amener le sujet. Nous n’avons pas de très bonnes relations au niveau de la communication, ce qui ne m’aide pas beaucoup.

La philematophobie

Ce n’est que très récemment que j’ai appris que ma phobie avait un nom, et j’ai dû aller fouiller sur l’Internet ALLEMAND pour m’aider. En effet, lors de mes tentatives de recherche en français, je me suis heurtée à des « jer 13an é g peur de raté mon 1er bézé avek Kevin ». Mais finalement, Google m’a prouvé que j’avais eu raison de lui faire confiance, et c’est sur le site FearOf que j’ai trouvé un nom à mon problème.

D’après ce site :

« La plupart des gens aiment s’embrasser. S’embrasser est en fait, dans certaines cultures, une forme acceptée pour saluer quelqu’un, voir même une façon de montrer son amour. Cependant, certaines personnes développent une peur irrationnelle concernant le fait de s’embrasser. Bien que cette phobie n’interfère pas toujours dans la vie de tous les jours, elle peut être un handicap dans les relations ou les interactions sociales. »

Kevin_ScreamingUn peu.

À lire aussi : J’ai la phobie des boutons de vêtements — Témoignage

D’où vient ma phobie d’embrasser ?

Je n’ai pas été élevée dans une famille, une société où s’embrasser pourrait être comparé à un péché : mes parents, mes grands-parents s’embrassent. Les inconnu•e•s dans la rue s’embrassent. Mes ami•e•s ont été de grand•e•s fans du roulages de pelles langoureux en public.

D’après mon psy, ça pourrait être lié à un évènement traumatisant. D’après ma mère (KOUKOU MAMAN), ledit événement traumatisant date de l’an de grâce 1998, quand la fille de ma nourrice de l’époque a jugé malin de me faire voir Parasites Murders.

parasite-murdersBonne ambiance.

Premiere résume le film, interdit aux moins de 18 ans :

« Une paisible petite île du fleuve Saint-Laurent, au Québec. Un meurtre et un suicide sèment le trouble dans un luxueux complexe immobilier : un scientifique tue une fille, l’éventre et détruit ses organes internes au moyen d’un acide, puis met fin à ses jours. À un autre étage, Nick Tudor est pris d’étranges nausées, tandis que sous sa peau, à hauteur de l’estomac, quelque chose s’agite.

Le jeune docteur Saint-Luc, médecin attitré de la résidence, découvre que la jeune femme assassinée était en fait le cobaye de son amant, le professeur Hobbes, qui se livrait sur elle à d’étranges expériences. Bientôt, de curieux symptômes frappent la population du complexe… »

Rappelons-le, à l’époque j’avais 4 ans. Et si toi aussi tu es allé•e en primaire, tu sais que 4 ans, c’est vachement en-dessous de 18 ans. Genre approximativement 14 ans. Et à 4 ans, on est impressionnable… apparemment suffisamment pour devenir phobique.

À lire aussi : Quatre films d’horreur pour les dégonflées du genre

Soigner la philematophobie

Tu dois t’en douter depuis le début de cet article, ça handicape passablement ma vie amoureuse. Parce qu’à moins de hurler à ta cible « M’approche pas, j’ai de l’herpès ! » (je suis une personne raffinée et distinguée), la personne peut essayer de t’embrasser. C’est là que toi tu peux te dire que tu n’as peut-être plus peur, et en avant Guingamp, tu te laisses faire. Sauf que non, ça ne se guérit pas comme ça. Sous le joug de ta phobie, tu peux, au hasard, mordre ton partenaire au sang et pleurer de terreur. Et ça, au hasard Balthazar, ça peut gravement nuire à ta future relation.

Laisse-moi aussi te dire que pour guérir, la manière forte ne marche pas non plus. J’ai décidé de regarder une nouvelle fois cette horreur qui a tout causé avec mes yeux de 20 ans, pour me rendre compte que ce n’est qu’un film. Eh bien ce fut la pire erreur de ma vie. Au bout de dix minutes, je me suis mise à pleurer sans pouvoir m’arrêter. J’ai mis l’image en petit et coupé le son, mais j’ai continué quand même. Un petit côté masochiste, sans doute. Au bout de vingt minutes j’ai fait une crise de panique, et je me suis autorisée à arrêter le massacre.

Pendant les deux mois suivant, le simple contact humain me répugnait, et les inconnus s’embrassant dans la rue me donnaient envie de me rouler en boucle en hyperventilant.

big-bang-theory-sheldon Moi pendant la Saint-Valentin.

Mais je ne perds pas espoir, et je vais bientôt voir une psychologue adepte de l’EMDR censée résoudre mon traumatisme. L’EDMR est une thérapie particulière : le signe signifie « eye movement desensitization and reprocessing », D’après le site de l’EMDR :

« Quand des expériences inquiétantes se produisent, elles sont stockées dans le cerveau avec toutes les images, bruits, pensées et sentiments qui l’accompagnent au moment de l’événement. Quand une personne a été traumatisée, le cerveau semble ne pas pouvoir traiter l’expérience comme il devrait le faire normalement. Par conséquent, les pensées et les sentiments négatifs de l’événement traumatique sont « emprisonnés » dans le système nerveux.

Puisque le cerveau ne peut pas traiter ces émotions, l’expérience et/ou les sentiments qui l’accompagnent sont souvent supprimés de la conscience. Cependant, la détresse continue de se manifester dans le système nerveux où elle cause des perturbations dans le fonctionnement émotif de la personne.

La technique de thérapie EMDR fait deux choses très importantes. D’abord, elle « débloque » les mémoires et les émotions négatives stockées dans le système nerveux, puis, elle aide le cerveau à re-traiter l’expérience (au sens informatique de traitement de l’information) pour qu’elle soit « digérée ».

Le praticien travaille doucement avec le patient, le guidant progressivement pour rendre à nouveau visite à l’incident traumatique. Quand le souvenir est évoqué, les patients refont alors l’expérience des sensations et des émotions d’une nouvelle façon. La thérapie EMDR permet d’acquérir la compréhension de soi et la perspective qui permettront au patient de choisir ses actions, plutôt que de se sentir impuissant face à leurs réactions.

Ce processus peut être complexe s’il y a beaucoup d’expériences reliées aux émotions négatives. Les séances de thérapie EMDR continuent jusqu’à ce que les souvenirs et les émotions traumatiques aient disparu. »

Allez, si ça se trouve, je n’aurai bientôt plus qu’à trouver un chouette partenaire de bisous pour vérifier que ma phobie est réglée. Et rattraper mon retard en terme de salive échangée !

À lire aussi : Ces phobies étranges qui surprennent mon entourage

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Les Commentaires

7
Avatar de Bananapower
7 juillet 2016 à 09h07
Bananapower
Je me sers souvent de ce témoignage pour expliquer à mon copain ou à d'autres qu'il est important de ne pas laisser les enfants regarder n'importe quoi.
Et même si les sensibilités varient d'un enfant à un autre, on ne peut pas prédire les possibles impacts de tel ou tel média.
La preuve, mon copain rigolait devant South park tout gamin ... alors que bon, spa le média idéal pour un môme de 8 ans et a été traumatisé par voldemort dans HP 1 ... (ça me fait assez rire pour le coup).

Donc s'il vous plait ne minimisez pas les impacts des médias inappropriés pour les enfants !! Ils ont toute leur vie pour regarder tout ce qu'ils veulent, et ils ont largement ce qu'il faut pour leur âge :'(
5
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