Hier, Philip Seymour Hoffman est décédé et le monde a perdu un immense acteur. Ça picote. Ça picote d’autant plus qu’il est mort à seulement 46 ans, des suites d’une addiction qu’il combattait depuis des années.
Philip Seymour Hoffman, c’était avant tout un monstre de talent, un mec capable de se glisser dans n’importe quel rôle. Un mec de ceux qui donnent l’impression que jouer, c’est facile, un peu comme les danseurs étoiles qui nous font croire, avec leurs mouvements si fluides, que leur métier n’est absolument pas douloureux.
J’ai mis longtemps avant de réaliser que je l’aimais plus qu’un grand nombre de comédiens, pour la simple et bonne raison que j’ai mis longtemps à le reconnaître d’un film à l’autre. En gardant la même tête, le même physique, il réussissait à changer du tout au tout. Tu me diras, « c’est son métier », et c’est vrai, mais ça m’est pas arrivé avec grand-monde. Du coup, j’ai eu envie de faire le Top 5 de ses meilleurs rôles selon moi.
5. Sandy Lyle (Polly et moi)
Faut que je te dise : en vrai, j’ai pas trop aimé Polly et moi, l’histoire de Reuben (Ben Stiller) qui tombe sous le charme de Polly (Jennifer Aniston) qui était à l’école avec lui, en refusant de voir combien elle a changé.
Oui, mais dans Polly et moi, il y a Sandy Lyle, le pote un peu lourdingue et terriblement drôle de Reuben. Et principalement cette scène, où il est le pire basketteur du monde (et où il se passe un truc qu’il vaut mieux pas que tu regardes en mangeant) :
4. Brandt (The Big Lebowski)
Dans The Big Lebowski, Philip Seymour Hoffman est à crever de rire en bras droit de Lebowski version pété de thunes, homonyme du « Duc ». Totalement fayot, totalement flippé, il fait preuve d’un zèle à toute épreuve, aux risques de casser les gonades du héros du film à force de lui foutre la pression pour qu’il retrouve Bunny, la femme nymphomane du fortuné monsieur. Un parfait Ned Flanders dont la façon de remonter ses lunettes restera à jamais graveée dans ma mémoire.
Franchement, regardez-moi ce petit air satisfait de trou de fesses :
3. Truman Capote (Capote)
En 2006, Philip Seymour Hoffman interprète le rôle de l’écrivain Truman Capote dans le biopic Capote.
Le film se concentre sur la fascination de l’auteur pour un fait divers sordide qui le conduit au Kansas, sur les lieux du crime.
Évidemment, il est incroyable de justesse dans ce film. Preuve s’il en est : il a remporté l’Oscar pour ce rôle. Ce qui ne veut pas dire que ceux qui ne remportent pas d’Oscar pour leur rôle n’en méritent pas un, évidemment. Ne pleure pas, Leo.
Et histoire de bien nous foutre les boules, regardons ensemble le discours qu’il avait fait au moment de recevoir sa statuette — qu’il remportait ce soir-là face à un autre grand acteur ayant connu une fin tragique, Heath Ledger :
2. Le Comte (Good Morning England)
Dans Good Morning England, on retrouve deux de mes héros : Billy Nighy et Philip Seymour Hoffman (et également un troisième, qui est le rock des années 1960, mais j’ai davantage de mal à le personnifier et à m’imaginer lui faire des câlins). À la différence près que je ne les aime pas pour les mêmes raisons…
J’aime Bill Nighy parce que sa personnalité un peu tarée et son charisme incroyable transparaissent dans tous ses rôles. Comme je l’ai expliqué plus tôt, j’aime Philip pour l’exact opposé. Ici, il joue Le Comte, l’idée même de l’Américain à la cool. Fan de rock avec tout ce qu’il faut d’intérêt pour les femmes, il les séduit d’ailleurs par son franc-parler et son humour nonchalant.
Le genre de personne qu’on imagine sans mal écouter les Rolling Stones devant une tente, pendant une semaine de camping sauvage en fumant des clopes et en rotant ses bières. Le genre de personne qui fait marrer rien qu’en disant « Fuck » quand il vaudrait mieux éviter, bien que ce ne soit pas la vanne la plus subtile de la planète, il faut bien l’avouer.
1. Phil (Magnolia)
Définitivement, le film dans lequel j’ai préféré Philip Seymour Hoffman, c’est Magnolia. Il y campe Phil Parma, l’infirmier dévoué d’un magnat de la presse mourant. Ce dernier, comme il sent qu’il est sur le point de passer de vie à trépas, lui demande de retrouver son fils. Ah bah ça, pour sûr que ça dépasse un peu son domaine initial de compétence, à Philou. Mais il accepte. Il le fait quand même. Parce qu’il commence le film comme la personne la plus adorable de la Terre entière.
Sans rien spoiler, il faut savoir que Magnolia est un film triste de par son atmosphère et ses personnages un peu paumés — je dis pas s’il est triste ou pas jusqu’au bout, et je dis pas pourquoi non plus, parce que c’est une des plus fortes expériences émotionnelles cinématographiques de ma vie et je voudrais pas te gâcher le plaisir.
Phil Parma, lui, c’est une sorte de pilier dans cette mélancolie désespérée. C’est à lui que je me suis raccrochée, à son regard doux comme des fesses gommées/hydratées et à sa bienveillance dépourvue de niaiserie.
Phil, c’est un pote que j’avais envie de me faire, un repère dispensable mais néanmoins important que j’aurais bien aimé avoir.
Un grand monsieur est décédé, donc. Les films dans lesquels il a joué resteront pour nous consoler autant qu’on le souhaite mais, malheureusement, lui ne sera plus là pour en magnifier de nouveaux. Alors pour lui dire au revoir comme il se doit, vas-y, fais péter : et toi, c’est quoi les rôles dans lesquels tu as préféré le voir ?
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires