La vie d’un•e adolescent•e n’a rien de totalement paisible. Même les personnes nées dans des familles aimantes, calmes et pleines de pédagogie craquent régulièrement leur slip. La faute aux hormones, en premier lieu, qui donne l’impression qu’on est incompris•e, que personne ne nous aime, puis nous donne d’un coup l’envie de rire très fort…
L’autre jour, j’étais au cinéma et y avait un groupe d’adolescents à côté de moi. Ils parlaient super fort, riaient super fort, se faisaient des câlins, éclataient de rire puis s’engueulaient comme s’il venait de se passer un truc horrible (genre un secret de famille de ouf révélé au grand jour comme dans les sagas de l’été à la télé), puis riaient à nouveau et se refaisaient des câlins et s’engueulaient eutécé eutécé.
Merde, wow, j’avais oublié à quel point c’était INTENSE.
Et l’intensité c’est sympa cinq minutes mais, quand même, tous ces passages à 2000%, dans la même journée, voire la même heure, ça piquait drôlement l’estomac.
Alors pour me soulager et me faire oublier les souffrances du passé à base d’extrême, j’ai eu envie de me rappeler des moments de joie de l’adolescence. Des petits instants de grâce qui soulageaient drôlement les esprits tourmentés par les vagues d’émotions qu’ils ressentaient, parfois.
À lire aussi : Les plus belles petites joies de l’adolescence
Demanda le personnage qui jugeait sévèrement toutes les personnes faisant gaffe à leur apparence.
Les tests d’alarme incendie du collège Chaque année, généralement pendant le premier trimestre, on avait droit au test de l’alarme incendie, pour vérifier son bon fonctionnement et s’assurer que les personnes travaillant dans l’établissement connaissaient les règles à respecter en cas de feu.
Au début, moi j’y croyais à fond ! Franchement, en sixième, la première fois qu’on a eu le coup j’étais en panique, j’ouvrais grand les yeux afin de détecter le moindre nuage de fumée, prête à alerter la prof qui allait justement pile dans la même direction. Je m’imaginais déjà, criant « NON ! SURTOUT PAS PAR LÀ, SUIVEZ-MOI », sauvant ma classe toute entière et peut-être même des classes de 4ème et de 3ème. J’imaginais déjà les profs, totalement reconnaissants, me mettre de super notes et les élèves se mettre à m’adorer et à rire à mes blagues.
Je m’imaginais déjà sortir avec le BG de l’établissement qui portait un jogging Sergio Tacchini trop beau, et voir le collège renommé à mon nom.
Bon et puis après, j’ai bien compris que tout ça, c’était pour du faux et seulement par mesure de sécurité, et je n’y ai plus vu qu’une occasion rêvée de couper le cours en deux avec une deuxième récréation.
Bon, par contre, je prenais l’air blasé et soulagé de voir le cours écourté mais, tout de même, j’embarquais avec moi mes stylos préférés. « On sait jamais », comme on dit.
L’officialisation des nouveaux copains
Ça fait toujours plaisir de se rendre compte qu’une personne qu’on a rencontrée devient un-e ami-e, parce que les copains, c’est quand même vachement bien. Quel que soit l’âge qu’on a.
Mais il y avait bien un truc différent à l’adolescence (et, à en croire les cousins et cousines des copains que j’ai en amis sur Facebook, ça se fait toujours) : l’officialisation des nouvelles amitiés.
À lire aussi : Pour la réhabilitation de ce pauvre MSN Messenger
Si tu as été adolescent-e dans les années 2000, tu te souviens probablement de ce petit sentiment de joie au fond du palpitant quand tu voyais qu’un post de Skyblog ou un sous-statut sur MSN t’était destiné et mettait en avant tes qualités. Ça permettait de faire savoir à quelqu’un qu’on le considérait comme une nouvelle relation amicale, de façon tout à fait assumée.
Je sais pas ce que ça faisait, comme effet, d’être à l’origine de ces officialisations-là : j’étais bien trop timide pour me lancer la première.
Mais je me souviens très bien de la joie que je ressentais quand je comprenais que j’avais une nouvelle pote. De la fierté de voir que, contrairement aux personnages de faux losers dans les séries, on assumait de me trouver appréciable.
Ça a un côté drôlement cliché et impudique, mais je trouve toujours ça adorable, quand je vois des ados en faire, parce que je sais ce que ça représente dans les coeurs.
« J’ai déclaré ma flamme amicalo-amicale, kamikaze du koeur » (prochain tube d’Indochine)
Se trouver potable sur une photo
Dis, je crois pas qu’il y ait une époque de la vie où on se kiffe tous et toutes tellement qu’on se supporte sur toutes les photos. Entre celles prises sans qu’on s’en rende compte (j’ai toujours l’air d’avoir quatorze ou quinze mentons sur celles-ci), les 15765 selfies pris pour un qui nous satisfait, et celles en groupe avec…
- une où Jean-Hugues se trouve beau, mais pas Josépine alors que toi ça va
- une où toi tu te kiffes TELLEMENT mais Jean-Hugues te cache à moitié et se trouve dégueu (tu peux donc même pas garder juste ta tête et le rogner), et où Josépine a un oeil fermé
- celle où Josépine se trouve jolie mais Jean-Hugues a un doigt dans le nez et tu montres ton fion.
ON EST JAMAIS TOUS CONTENTS !
Je me souviens avec précision de mon attirance et de ma répulsion pour tout ce qui ressemblait à peu près à un objectif à l’époque de l’adolescence. Je voulais tout le temps être prise en photo, mais chaque fois que l’appareil se braquait sur moi, je savais plus quoi faire. Je ne savais ni comment me tenir pour avoir l’air naturel, ni s’il fallait sourire ou non, ou comment faire pour sourire en n’ayant pas l’air de faire semblant de sourire, ou que faire de mes bras.
Du coup je finissais pas regarder le résultat en chouinant à moitié, persuadée d’être le truc le plus vilain de la planète. Genre Lippoutou ou un morceau d’aubergine oublié derrière le frigo pendant quatre mois.
Comment je m’imaginais essayer de pécho à l’adolescence.
Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que 74% des gens de mon âge que je connaissais avait eux aussi l’impression d’être le truc le plus vilain de la planète, genre Lippoutou ou un morceau d’aubergine oublié derrière le frigo pendant quatre mois.
Alors oui, je crois bien qu’on peut dire que les moments où, bim, je voyais sur l’écran de l’appareil numérique familial un cliché qui me plaisait, étaient un gros facteur de joie. Limite j’en pleurais. Je foutais cette photo partout, en avatar de mes 89 blogs (y compris ceux que je souhaitais garder anonyme), dans les portefeuilles de mes parents, en photo de profil Facebook ou MSN… Partout.
Les petits plaisirs simples, quoi.
Et toi, quels sont les tout petits rien qui te rendaient plus heureu-x-se encore que la paix dans le monde quand tu étais ado ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires