— Initialement publié le 12 juin 2011
Une petite poitrine au collège : les débuts
Mon entrée en 6ème (1998) fut une suite de petits traumatismes que tout le monde a probablement connu : les Buffalo compensées, des filles dansaient sur du Billy Crawford
à la récré et j’apprenais que le sport est une vraie matière.
Mais surtout, qui dit sport dit vestiaires (je rajoute à la liste des traumatismes le jogging à pressions). Et quand je me déshabille au milieu de mes petites camarades, je remarque bien que quelque chose cloche : au delà de la simple brassière, certaines portent déjà des soutien-gorges.
Des quoi ? Merde, à croire que ça leur a poussé pendant les grandes vacances : ces choses n’existaient pas l’année dernière. Après une vérification de mon côté, le constat est sans appel : quelque chose me disait que c’était pas demain la veille que mon voisin de derrière allait me dégrafer mon soutien-gorge en cours de maths. Un long chemin m’attendait encore…
Petite poitrine : quand les autres s’en rendent compte
Si j’ai su faire comme si de rien n’était à grand renfort de pulls informes et de superpositions douteuses de fringues en hiver, l’arrivée du printemps et par extension de l’été ne m’a pas épargnée. Sous les tee-shirts et les débardeurs de ma meilleure copine de l’époque se dessinaient des seins plutôt gros pour son âge ; à côté d’elle je faisais pâle figure.
Nous étions les Laurel et Hardy de la poitrine, « c’est toi les gros et moi les petits ». Ou devrais-je dire les inexistants. Car oui, jusqu’à la fin de la 4ème, j’ai été totalement dépourvue de poitrine. Soit un total de trois ans de vide absolu.
Alors points positifs : je faisais faire de belles économies niveau soutien-gorge à ma mère, je n’étais point gênée en faisant du sport (enfin, « »FAIRE » » du sport…) et j’échappais naturellement à la vieille blague « DIS CAMION – POUET POUET ».
Cependant, j’ai aussi subi un grand nombre d’agressions verbales de la part des garçons (toujours eux) en pleine montée d’hormones. Je dis bien « subi » parce que oui à l’époque je n’assumais rien de chez rien, en pleine période ingrate où rien ne nous était épargné et où on me rappelait quotidiennement ma petite poitrine (que dis-je ? inexistante).
J’ai donc été qualifiée de planches en tous genres (à bois, à pain, à repasser), certains pensaient que mes « seins étaient partis en vacances chez ma grand-mère » et finissons en beauté : que « mes seins étaient descendus dans mon cul ».
De son côté, ma mère essayait de dédramatiser ce qui de toute façon ne pouvait pas l’être à grands renforts de « À ton âge j’étais pareil ». Je prenais un air convaincu, avant de retourner regarder mon profil dans le miroir et d’invoquer Sainte-Loches pour qu’un miracle se produise pendant la nuit.
Si t’es fière de ta petite poitrine tape dans tes mains !
Le miracle ne s’est pas produit en une nuit, mais à la veille de mon entrée en 3ème. Seulement, les seins de mes copines avaient bien continué à se développer et j’accumulais toujours autant de retard.Lanterne rouge du Tour de petite poitrine j’étais.
Au bout du compte, c’est bien mon arrivée au lycée un an plus tard et la descente de la pression sociale que j’ai ressenti qui m’a fait relativiser mon complexe. Si j’ai lâché les vannes sur beaucoup de choses (le style vestimentaire, mes notes en maths, j’ai dit « merde » à ma mère), j’ai aussi largué la pression que je m’étais mise sur ma petite poitrine.
Au bout du compte, j’affiche un plantureux 75A, une taille que j’ai donc chopé en 3ème et qui depuis n’a pas bougé d’un pouce. Alors pour contre-carrer cette micro-taille et les remarques qu’on pourrait encore me faire, j’ai pris les devants en commençant à en rire, à me moquer de cette petite taille et à tourner en dérision tout ce qui avait rapport à ça.
La plupart du temps, les gens ne savent pas quoi répondre, paraissent plutôt étonnés que je prenne ça comme ça alors que dans leur esprit avoir une petite poitrine est un complexe, et quand on a un complexe on en cause pas. J’en ai fait une force et j’ose dire : que j’assume.
Les points positifs et négatifs ont changé : pour les premiers, je ne souffre pas de maux de dos, de douleurs quand je cours, je ne suis pas gênée pour dormir et me balader des journées de glande entières sans soutif est possible ; pour les seconds, trouver des soutiens-gorge en 75A sans Hello Kitty ou Pokémons dessus relève d’un parcours du combattant (pour l’instant seul H&M fait mon bonheur, ceci est un appel officiel aux autres marques) et mettre des maxi décolletés quand on a un Canyon entre les deux seins n’est franchement pas toujours joli (désolée Cristina).
Moment clé, je précise quand même que je faisais vachement moins la maligne quand j’ai fini par me retrouver pour la première fois dans le noir et dans un lit avec mon copain de l’époque. Cette grande étape de la vie (ton corps change, non ce n’est pas sale) m’a elle aussi aidé à m’assumer de ce côté là car j’ai eu la « chance » de tomber sur quelqu’un qui n’en avait pas grand chose à faire d’avoir à faire à un 90D ou à un 75A (je l’imaginais déjà en train de rire à gorge déployer avec des larmes jaillissant de ses yeux, à la Looney Tunes ; je pense en avoir cauchemardé une ou deux fois).
La conclusion sera donc la suivante : finalement le tour de poitrine est loin d’être aussi important qu’on voudrait nous le faire croire. Si le passage de l’adolescence est forcément un peu corsé (mais « C’est l’histoiiiire de la viiiie »), il faut que le reste soit vachement plus détendu de l’élastique. NON le mec que tu viens de croiser dans la rue n’a pas fait une fixette sur ta non-poitrine (en fait il te regardait dans les yeux mais ça t’y as même pas fait gaffe) ; NON la nana à la piscine ne sourit pas parce qu’elle se moque de toi (juste que ton maillot est vachement mignon).
Et surtout : NON ton mec ne va pas te quitter parce que tu dépasses pas le bonnet A. Si il ose te faire une réflexion, un conseil : fuire. Vite. Parce que les mecs qui n’en ont rien à carrer de ton tour de poitrine, crois-moi, ils existent bel et bien !
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