Et si les Black Keys et les Hives copulaient un soir de défonce, ça donnerait quoi ? Peut-être bien ces quatre Français qui ont sorti lundi leur premier LP intitulé Petite Mort, un nom d’album qui veut bien dire ce qu’il veut dire, et on ne va pas fuir le mot qui plane sur toute la galette : le premier opus de Second Sex, produit par la Warner, se veut être un orgasme musical de 45 minutes. Et si c’était eux les plus couillus de la scène parisienne ? Mmmh…
Bordel, ce qu’il est dur de ne pas adopter un ton condescendant pour parler de Second Sex. Il faut pas m’en vouloir, je les ai découvert comme vous, propulsés sur le devant d’énormes scènes (première partie de Muse ou des Babyshambles, plateaux télés comme celui du “Grand Journal” de Canal+) et dans mes pages musicales préférées, oui, dans Rock&Folk. Donc on oublie tout ça, et on se met cette phrase dans la tête : “C’est un premier album.”
Une fois l’esprit clair, on peut se mettre Petite Mort dans les oreilles et se prendre une bonne grosse claque qui réveille les vieux démons du rock. Ils aiment les Stones, les Strokes, les riffs incisifs qui vous prennent aux couilles, si j’ose dire. Mais c’est qu’avec ce disque, on a envie d’oser des phrases dingues du genre : “Mamaaan, j’aime le rock françaaais !”, un truc que je n’osais même penser depuis des années. Encore une fois, je dois me remettre cette phrase dans la tête avant de m’emballer : “C’est un premier album.”
Mais bon sang d’bois, c’est pourtant bien une raison de s’emballer ! Non, plus calmement, ce qu’il faut dire avant toute chose, c’est que le batteur, les guitaristes et le bassiste savent jouer de leurs instruments, leur qualificatif de “surdoués” n’est pas démérité. Leur style est cependant fortement sujet aux comparaisons, et là l’emballement se calme, car des noms reviennent en tête, tous les groupes qui ont fait le bonheur du tout début des années 2000, et l’on se rend compte que les compos de Petite Mort ne sont pas extrêmement originales. Certes. Au-delà de ça, ce qui compte vraiment c’est le paragraphe suivant.
Un premier album doit convaincre, il doit répondre aux questions que l’on se posait à la découverte du groupe, et pendant leur “maturation”. Second Sex envoie un rock garage façonné lors de leurs dizaines (centaines ?!) de concerts qui leur ont apportés une confiance en eux qui se sent tout au long du disque. Qui se sent, au sens figuré comme littéral. Ils produisent une musique qui leur ressemble, ils ne trichent pas sur leurs influences, les assument avec une crânerie qui fait plaisir. Les guitares sont sales, le chanteur, qui n’a pas (encore) une voix bousillée par le whisky et la nicotine, prénommé Tim (d’ailleurs je ne connais que son prénom, j’ai ainsi l’impression de parler d’un candidat de la Star Ac’, ou de mon voisin, ce qui est un peu gênant) hurle avec une sincérité qui vous donne des frissons, le genre de chant qui vous donne envie de hurler l’idiotie “punk is not dead !”, ou d’autres conneries, mais il vous donne envie de hurler ce qui est, je crois, l’un des objectifs, s’il y en a, du rock garage.
Sueur, sang, cuir, cages à miel qui frétillent, Second Sex envoie le bois avec une aisance et une maturité qui ne peut que séduire. Ils s’approprient les codes du rock avec une rage plus que communicative. Les paroles des chansons connaissent des hauts et des bas en termes de “qualité”, ce sont encore des paroles de mecs pas encore assez loin de la majorité, c’est pas du Lou Reed. Les hauts se trouvent dans la plupart des titres en français (là, je dis bravo), mais même dans les bas, on ne peut s’empêcher de faire du playback en secouant la tête, en attendant de s’user les genoux en allant les voir sur scène (cf : MySpace). Leur plume s’affinera au fil des disques et des années, des expériences, des problèmes, tant qu’ils continuent d’envoyer le bois de cette manière, personnellement, je suis satisfaite.
Et satisfaire les auditrices, ça, j’en suis sûre, c’est un des objectifs du rock. Putain de premier album. Les Anglais n’ont qu’à bien se tenir, le french rock monte en puissance.
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