Article publié le 5 mai 2019
Je suis arrivée aux États-Unis il y a six mois, des rêves plein la tête, prête à conquérir New York et à croquer la pomme à pleine dents (merci de relever la blague que j’ai tenté de faire).
Célibataire endurcie depuis deux ans, je m’essaye naïvement à quelques dates à l’américaine, qui se soldent tous par des échecs cuisants.
Et c’est au moment précis où je décide de me concentrer sur mes études que c’est arrivé. Un sourire ravageur, des regards appuyés… Cette fille du cours de littérature me drague clairement.
Mon premier rendez-vous avec la fille que j’aime
Prenant mon courage à deux mains, je décide de lui envoyer un message sur Facebook (la grande classe). Je ne sais plus exactement ce que je lui ai dit, probablement une accroche pathétique que j’ai souhaité effacer de ma mémoire.
Toujours est-il qu’elle a répondu à mes avances, et que nous avons échangé de longs messages plusieurs jours durant, avant de conclure d’un rendez-vous autour d’un verre.
Le soir S, je me prépare fébrilement, ne sachant pas s’il s’agit réellement d’un date ou si je me fais encore un film digne d’un Oscar.
Elle arrive un peu en retard, ses longs cheveux blonds d’ordinaire attachés en chignon sont laissés lâches, et… Elle ne porte presque aucun vêtement.
Luttant pour ne pas dévier vers sa poitrine flattée d’un décolleté vertigineux, je perds mon regard dans le sien. Les sujets de conversation s’enchaînent, je note avec surprise que nous partageons de nombreux points communs.
Je la trouve merveilleuse, sauvage, intelligente, excessive, fascinante. Elle est tout simplement magnifique.
La fille que j’aime est polyamoureuse
Après quelques verres de vin, je me décide enfin à poser timidement la question qui me brûle les lèvres :
— Est-ce qu’il s’agit d’un rendez-vous galant ? — J’espérais que cela en serait un.
J’étais aux anges. Je nous voyais déjà mariées, deux chats, dans un loft avec vue sur le canal Saint Martin. Le scénario s’écrivait sans effort dans ma tête, jusqu’à ce qu’elle me révèle un détail inattendu :
— Je suis polyamoureuse, et mes partenaires et moi participons régulièrement à des orgies. Voilà, ça vient un peu comme un cheveu sur la soupe, mais je voulais être honnête avec toi dès le début.
Son cheveu m’a littéralement coupé la respiration.
Pourquoi moi ? N’aurais-je jamais droit à autre chose qu’un cœur brisé ? Étant affreusement jalouse
, je me dis qu’une relation entre nous ne pourrait jamais fonctionner…
Nous poursuivons la discussion, elle me dit que sa vie sexuelle est incroyablement trépidante mais que les partenaires se succèdent sans qu’elle ne parvienne vraiment à construire quelque chose de durable.
Elle me fait part de son désir de créer une relation stable et une connexion forte, ce qu’elle est venue chercher en me rencontrant ce soir-là au bar.
— Je sens que c’était toi cette personne que je cherchais.
Nous sortons du bar en riant après quelques verres de plus, puis elle m’embrasse en s’en allant. Nous nous sommes revues régulièrement pendant plus d’un mois, avant de décider d’officialiser notre relation.
Mes réticences sur le polyamour et notre couple libre
J’ai été claire sur mes réticences envers le polyamour et ma crainte de la voir aimer quelqu’un d’autre…
Dans le fond, je me trouve un peu égoïste de vouloir la forcer à n’aimer que moi alors qu’elle pourrait être encore plus heureuse en donnant et en recevant davantage d’amour. Qui ne le serait pas ?
Mais même si je ne veux que son bonheur, je ne suis pas prête à sacrifier ma vision du couple : aimer et être aimée à deux, pas plus.
Lorsque je lui en ai parlé, elle a évoqué un retour possible à la monogamie, ce que j’ai pris comme une vraie preuve de ses sentiments et de son engagement envers moi.
Pourtant, je ne voulais pas qu’elle se sente enfermée dans une relation qui ne lui ressemblait en rien, et nous en sommes venues à un compromis.
Les soirées BDSM sont vraiment importantes pour elle, avoir plusieurs partenaires aussi. Nous avons donc convenu que notre relation serait ouverte, mais seulement physiquement.
Les sentiments, ce serait entre nous et personne d’autre.
Ma copine a des relations sexuelles avec d’autres, mais pas moi
Aujourd’hui, je suis vraiment heureuse avec elle. Ses activités ne sont pas un secret, et elle m’en parle comme on parlerait à quelqu’un d’une sortie au Parc Astérix.
Je sais qu’elle participe régulièrement à des sex parties et à bon nombre de soirées BDSM.
Son mode de vie titille mes pensées de temps en temps (souvent), mais je ne ressens pas de jalousie. C’est probablement en partie parce qu’elle m’a avoué être amoureuse de moi et que notre relation la comblait.
Pour être honnête, je me sens même un peu soulagée qu’elle ait d’autres partenaires !
Dans mes précédentes relations, le sexe a toujours posé une pression sur mes épaules : j’avais peur de ne pas être assez expérimentée, de ne pas en avoir envie assez souvent, etc.
En un sens, cette relation me « libère » totalement de ce poids car je sais que dans tous les cas, elle est sexuellement épanouie.
De mon côté, je n’ai pas encore sauté le pas d’aller « voir ailleurs », ça n’a jamais vraiment été mon style.
Pourtant, j’apprécie assez cette liberté et je comprends enfin qu’avoir un coup d’un soir ou draguer une autre fille en boîte ne changera rien à ce que je ressens pour ma copine.
Notre connexion est naturelle, passionnée, et je sais par expérience qu’on ne ressent pas de tels sentiments tous les jours.
Mes doutes concernant notre couple
Mais même si notre relation me rend heureuse, quelques doutes me traversent parfois l’esprit.
Je ne sais pas grand-chose du polyamour, et loin de moi l’idée d’émettre une quelconque hypothèse. En fait, je ne comprends pas encore bien si ma copine est vraiment polyamoureuse ou simplement hédoniste, et des questions s’imposent régulièrement à moi.
Est-ce qu’elle risque de tomber amoureuse d’une autre personne et de me quitter du jour au lendemain ? Souhaitera-t-elle retourner à « l’amour en groupe », plutôt qu’à deux ?
Je n’ai pas la réponse à ces questions. Je vais les lui poser bien sûr, mais pas encore. Peut-être ne suis-je pas prête à entendre la réponse.
Je marche en terre inconnue. Une terre inexplorée qui me fait un peu peur, mais qui est tellement intéressante et excitante de possibilités.
Et si mon petit cœur doit finir brisé encore une fois, au moins j’aurai une histoire à raconter.
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