Plus de 2 millions, 2 746 000 exactement. C’est le nombre de personnes qui ont visionné le documentaire complotiste Hold-up sur le Covid-19 en quelques jours.
Avec la crise sanitaire, le conspirationnisme se porte de mieux en mieux en France.
Car ils sont nombreux, les aficionados du complot, et a priori, on en connaît tous un.
Mais comment gérer quand vous entendez, en famille entre deux verres de vin chaud, que : « Bill Gates est à l’origine du virus pour nous implanter une puce électronique sous la peau afin de contrôler les humains du monde entier » ?
La personne délire-t-elle un peu, beaucoup, à la folie ?
Avant d’agir, il faut évaluer l’adhésion de l’individu aux théories du complot.
Un complotiste, c’est avant tout une personne qui se méfie des médias et des gouvernants.
C’est quelqu’un qui croit que tout le monde lui ment, sauf celui qui lui dit que tout le monde lui ment.
D’après Aude Favre, membre de l’association FakeOFF, il faut le « féliciter d’avoir ce réflexe de méfiance mais l’inviter à l’orienter vers le reste ».
« Si la personne est partie dans des délires hardcore, il faut se faire aider par des associations qui traitent des dérives sectaires »
conseille l’experte.
Une position partagée par Sophie Mazet, autrice du livre Manuel d’autodéfense intellectuelle.
Dans ce cas, il faut privilégier la raison et non pas l’affectif.
« Si elle ne vit plus dans la même réalité, les arguments rationnels ne marcheront pas »
alerte l’enseignante.
Agir le plus tôt possible contre le complotisme
A contrario, si les tendances complotistes sont prises en amont, votre tonton est éventuellement « récupérable ».
Il n’existe pas de recette magique mais selon Sophie Mazet, il faut avant tout « ne pas couper la communication et établir un dialogue ».
Un dialogue qui prendra du temps. Beaucoup de temps, qu’on se le dise.
Toujours sur la forme, il est conseillé de bannir tout propos ou ton méprisant.
Voici une liste non exhaustive des choses à éviter lorsque l’on fait face à des adeptes des théories du complot, selon Aude Favre :
« Ne pas y aller frontalement, ne pas les qualifier de “complotistes” et surtout… ne pas leur dire qu’ils racontent n’importe quoi. »
Car voilà : faire taire les complotistes, c’est renforcer leurs croyances.
Pierre-Hippolyte Senlis, membre de l’association FakeOFF, nous met en garde :
« La censure est un piège dans lequel il ne faut pas tomber car on leur donne de la crédibilité, c’est l’effet Streisand. »
A savoir, attirer l’attention sur une information en essayant de l’interdire.
Il poursuit :
« Face à quelqu’un qui pense détenir la vérité, il ne faut pas arriver en contre-vérité mais questionner les faits. »
Clarté, méthodes et « je ne sais pas »
Et afin de questionner les faits, il faut se préparer, aborder la chose factuellement et parler de la diversité des sources.
« Notamment dans Hold-Up, c’est tout bête, il faut pointer du doigt qu’il n’y a pas de droit de réponse. On a droit qu’à une version »
recommande Aude Favre.
Avec ce cas d’école, Pierre-Hippolyte Senlis nous incite à aller plus loin en disant « que tout n’est pas faux dans ce documentaire, mais qu’il y a pas mal de choses qu’on ne sait pas ».
Le « je ne sais pas » est une formule qui peut déstabiliser votre interlocuteur.
Ce droit au « je ne sais pas » est efficace mais il est d’autant plus nécessaire face à une personne qui croit détenir la vérité.
Il est donc important d’écouter les thèses et les démonter en cultivant le doute soi-même.
Se méfier de tout et de tout le monde
Et pour terminer, une consigne tout aussi efficace pour les repas de famille, lorsqu’on n’en peut vraiment plus : tout simplement, ne pas évoquer le sujet…
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