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Vie quotidienne

14 photos pour « guérir » des pervers narcissiques

La perversion narcissique, ça peut détruire l’estime qu’on se porte et causer de lourds dommages. Une jeune femme qui l’a souvent côtoyée a décidé de mettre l’art au service de sa guérison.

Un jour, dans ma boîte mail, un joli message m’a sauté aux yeux.

« Je vous envoie ce petit message parce que je vous suis depuis que j’ai 14 ans. Vous m’avez aidée à grandir, et j’aimerais aujourd’hui contribuer.

J’ai travaillé avec une photographe nantaise sur les pervers narcissiques. Je sais que c’est un sujet qui vous touche, que vous avez traité dans plusieurs articles, qui m’ont d’ailleurs bien aidée.

J’ai eu un jour envie de représenter en photo les émotions par lesquelles passent les victimes, et de donner espoir en montrant qu’on peut s’en sortir.

Cette série est dédiée à toutes ces femmes qui le vivent en ce moment, qui l’ont vécu et qui le vivront. Suite aux retours positifs que j’ai reçus, j’aimerais qu’elle puisse être vue par le maximum de personnes.

J’aimerais moi aussi les aider à grandir. »

Signé Justine. Avec un lien pour aller voir les photos.

J’ai tout de suite eu envie de la contacter pour qu’elle me parle de ce projet, et vous le présenter sur madmoiZelle avec ses mots.

La perversion narcissique : définition

On parle souvent de pervers narcissique au masculin, dans le cadre d’un couple, mais ce qu’on appelle la perversion narcissique n’a pas de genre, et n’est pas réservée aux relations amoureuses.

Justine me dit d’ailleurs, avec humour :

« La perversion narcissique, je l’ai vécue personnellement, sur plusieurs plans : amitié, amour… Tu vois le magnet sur ton frigo ? Bah moi, j’attirais les gens toxiques de la même façon ! »

C’est quoi, un pervers narcissique ?

En 2013 déjà, sur madmoiZelle, Laystary signait Comment reconnaître (et échapper à) un pervers narcissique ?. Elle écrivait :

« Le pervers narcissique est un individu souffrant d’une psychopathologie complexe le conduisant à prendre du plaisir à dévaloriser l’autre pour se revaloriser lui-même.

Ce mécanisme s’explique par deux tendances :

  • Le trouble narcissique (le pervers narcissique ressent un besoin irrépressible d’être admiré et se trouve sujet à une quête excessive de reconnaissance)
  • La perversion (il développe une capacité à vouloir satisfaire ses désirs systématiquement aux dépens des autres).

C’est le psychanalyste français Paul-Claude Racamier qui la théorise le premier. Selon lui, la perversion narcissique est :

« Une organisation durable caractérisée par la capacité à se mettre à l’abri des conflits internes, et en particulier du deuil, en se faisant valoir au détriment d’un objet manipulé comme un ustensile ou un faire-valoir. »

Pour le dire plus simplement…

Le pervers narcissique est un prédateur social qui agit en flattant sournoisement sa proie (souvent une personne de son entourage proche) pour mieux la déstabiliser et la contrôler en la disqualifiant de façon récurrente.

L’objectif d’un tel comportement est de gagner le contrôle sur l’affection et la dépendance de l’autre. […] L’emprise du pervers narcissique peut avoir des conséquences dramatiques pour sa victime. »

Les pervers narcissiques, tout le monde en parle

Vous avez l’impression de voir des pervers narcissiques partout ? Ce n’est pas un hasard. Toujours dans son article, Laystary prenait du recul :

« Ces dernières années, la perversion narcissique a joui d’un nouvel écho — jusqu’à être désignée comme « le nouveau mal du siècle » par Le Nouvel Observateur et devenir le sujet d’un nombre croissants d’articles. […]

Nous souhaitons informer notre lectorat de ce phénomène parce que nous pensons qu’il est toujours nécessaire de savoir poser les mots sur les maux…

Mais nous vous invitons également à faire preuve de discernement dans votre quotidien en ne criant pas trop vite au loup.

En effet, une des dérives de la soudaine médiatisation de cette maladie se situe dans la tentation du public à voir des pervers narcissiques partout. »

Maintenant que l’essentiel est posé, passons au projet de Justine, puissant et inspirant.

Une série photographique sur les pervers narcissiques

Justine a travaillé avec la photographe Emeline Blanquet pour mettre en 14 images une relation avec un·e pervers·e narcissique, du début à la libération.

J’ai voulu savoir ce qui l’avait motivée à se lancer dans cette démarche artistique, et comment elle avait procédé.

Pourquoi un projet photo sur les pervers narcissiques ?

Justine me raconte qu’après ses diverses relations entachées par la perversion narcissique :

« J’ai fait un énorme travail personnel pour me relever de tout ça, qui est beaucoup passé par l’humour.

Après avoir fait mon deuil, et laissé la colère partir, j’en ai retenu des leçons, qui aujourd’hui me servent énormément dans la vie, et j’ai eu envie d’aider les personnes qui le vivent actuellement, l’ont vécu ou le vivront.

Il faut se rappeler de la valeur que l’on a.

Quand j’étais à leur place, j’aurais aimé qu’on puisse me comprendre sur le moment, comprendre pourquoi je m’isolais, pourquoi je n’arrivais pas à sortir de ça.

La série photo m’a paru être le moyen le plus adéquat. Il y a 14 photos, toutes titrées, qui reviennent sur les différentes étapes par lesquelles on passe quand on tombe sous l’emprise d’un pervers narcissique.

Celle-ci est axée relations amoureuses, mais les étapes sont sensiblement les mêmes sur les autres plans. […] »

Quand elle s’est lancée, Justine était déjà « guérie ». Mais c’était important pour elle de montrer ce qu’elle a vécu, de donner du sens à sa souffrance :

« C’est peut être un peu cliché mais je suis adepte du « transformer le négatif en positif » — je me dis que ça ne m’est pas arrivé pour rien, et qu’il faut en parler, il faut aider.

Le fait de transformer ça en expérience artistique fait partie de ma personnalité. »

Emeline Blanquet, photographe de la série sur les pervers narcissiques

Comment Justine a-t-elle choisi Emeline ? Peut-être qu’elles se connaissaient, que ce projet a été monté à deux ? La jeune femme m’explique :

« Je suivais Emeline depuis un moment sur les réseaux sociaux, et j’avais accroché avec son style.

Il y a un côté très psychologique dans ses photos donc lorsque j’ai eu envie de réaliser ce projet, je me suis dit qu’elle pourrait apporter sa touche avec les clichés argentique qu’elle fait.

Je trouvais que ça collait parfaitement à l’ambiance un peu vintage, mélancolique et en même temps poignante du sujet de la série ! »

Parler d’un thème aussi personnel, est-ce que c’est compliqué ? Pour Justine, la sensibilité d’Emeline a été une solide alliée.

« J’ai donc rencontré Emeline, et l’idée lui a plu.

En plus de ça, elle est très à l’écoute : pour traiter un thème comme celui-ci il faut être empathique ! »

Comprendre la perversion narcissique pour mieux la représenter

Justine avait son expérience personnelle comme socle. Mais elle a choisi de ne pas s’arrêter là… et m’a même écrit quelques mots qui m’ont énormément émue.

« J’avais besoin de comprendre pourquoi ça m’était arrivé à moi, pourquoi ça arrive tout court.

Je me suis énormément documentée, à travers des lectures (Le Monstre, Détruite…) des films (Respire, Mon Roi…), et j’ai contacté des gens.

Mymy, pour la petite anecdote, la lecture de ton article « 3 ans après » m’a accompagnée pendant toute une année. Je le relisais régulièrement, comme un mantra, il me rassurait beaucoup. »

« J’ai également contacté Ingrid Falaise, l’auteure de Le Monstre, qui raconte ce qu’elle a vécu face à un pervers narcissique de haut niveau.

Elle communique beaucoup là-dessus, c’est une femme très inspirante… et d’une gentillesse !

Suite à mon expérience, j’ai essayé de soutenir pas mal de personnes qui étaient confrontées à ça. J’ai vu la différence : j’avais l’impression de les aider à désamorcer la bombe avant qu’elle n’explose. »

Poster des photos au sujet de la perversion narcissique sur Instagram

Sur le compte Instagram de Justine, ces photos résolument intimes sont parsemées entre deux vidéos de guitare et trois photos de vacances.

Pourquoi choisir ce réseau pour partager ces clichés ?

« C’est fort, et je sais que c’est pas la série la plus glamour que l’on peut voir passer dans son feed Instagram, c’est pas hyper joyeux au premier abord, mais c’est essentiel.

Il y a trop de profils comme ça dans la vie, il faut s’en protéger et si ça peut apporter un petit côté prévention aussi, tant mieux. »

« Au début, j’étais quand même super stressée, parce que j’avais pas envie qu’on m’associe à ça, et c’est pour ça que je ne m’étale pas sur mon histoire personnelle.

Je suis une personne qui profite à fond dans la vie… simplement, parfois, elle ne fait pas de cadeaux ! Mais il faut foncer, il faut s’en servir et créer, il faut faire tomber les barrières, et évoquer les tabous.

Mon objectif à travers cette série est beaucoup plus important que tout le reste.

Je veux que ces hommes et femmes qui le vivent puissent faire grandir la petite lueur d’espoir bien cachée quelque part en eux.

Que toutes les personnes qui sont susceptibles de tomber sur des profils comme ça s’en protègent. »

La réaction des gens face à des photos sur la perversion narcissique

Comment les proches de Justine, comment les gens en général ont-ils réagi en découvrant ce projet ? La question me taraudait.

« Honnêtement, les gens étaient un peu surpris, décontenancés.

J’ai pas annoncé le sujet du projet, j’ai juste décidé de publier les photos une à une à 3 jours d’intervalle, avec un titre, pour que ça puisse avoir plus d’impact justement.

Au début, les personnes ne comprenaient pas trop, et petit à petit elles ont commencé à assembler les morceaux de puzzle, à capter le fil conducteur de l’histoire.

Il n’y a qu’à la fin que j’ai réellement expliqué que la série concernait les relations toxiques. »

« Une fois la série entièrement publiée, j’ai reçu des messages très touchants, de personnes qui me remerciaient même de l’avoir fait, qui me disaient qu’elles m’admiraient, que j’étais super inspirante.

Qu’elles avaient envie elles aussi de réussir, comme sur la dernière photo.

À ce moment-là, j’ai vraiment été soulagée, je me suis dit que je n’avais pas fait tout ça pour rien. »

Une histoire de perversion narcissique qui finit bien

Cette dernière photo, parlons-en. Car la série de Justine et Emeline finit bien.

Elle finit sur une inspiration, une libération, un sourire. Celui d’une prisonnière qui a retrouvé la lumière du jour.

C’était important pour Justine que son point final soit positif :

« L’issue que j’ai voulu mettre en avant, et qui est représentée par la dernière photo, c’est justement la renaissance. Se choisir, choisir la vie, couper court à tout ça et respirer à nouveau après plusieurs années d’apnée.

Et c’est ce que je veux que les gens qui vivent ça retiennent. Je veux que cette photo-conclusion puisse devenir leur objectif. »

J’ai envie de faire une standing ovation à ces deux femmes pour ce projet photo percutant, qui montre la réalité d’une violence invisible tout en rappelant qu’il est possible de s’en sortir.

Vous pouvez voir la série complète sur l’Instagram de Justine et sur le site d’Emeline.

Je laisse à Justine le mot de la fin :

« Je ne le dirai jamais assez : il ne faut jamais laisser quelqu’un nous faire douter de la personne que l’on est et de ce que l’on vaut. »

Amen.

À lire aussi : FRED et Marie, le spot qui sensibilise à la violence psychologique

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Les Commentaires

7
Avatar de Rosedesable
26 juillet 2018 à 10h07
Rosedesable
Merci beaucoup @PtitePlume tu es adorable<3
0
Voir les 7 commentaires

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